Retour sur «COVID-19 : des réponses à vos questions»

Couvre-feu : Exceptions, Formulaires & Efficacité

En place depuis le 8 janvier de 20h à 5h, le couvre-feu a été prolongé le 2 puis le 17 février. Le 3 mars, son maintien a été annoncé sans date butoir. Décalé à 21h 30 le 17 mars, il débutait de nouveau à 20h depuis le 11 avril. Depuis le 3 mai, il est de retour à 21h30.

*Les personnes qui se sentent menacées ne doivent pas hésiter à quitter leur domicile pour aller chercher de l’aide ou se mettre en sécurité, même durant le couvre-feu*, a indiqué la ministre de la Sécurité publique.

De 21h30 à 5h, il est interdit de se déplacer hors de son lieu de résidence, hormis dans le cas d’exceptions justifiant le déplacement.
Résumé des exceptions permises au couvre-feu :

Se rendre à son lieu de travail ou lieu de formation, ou y conduire un adolescent. Il faudra alors fournir une pièce justificative comme une carte étudiante valide, une copie de l’horaire, une confirmation d’inscription ou encore, une lettre de l’employeur. Télécharger le Formulaire Attestation de l’employeur – Déplacement durant le couvre-feu décrété par le gouvernement du Québec.
Accéder aux soins de santé (aller chercher des médicaments sur ordonnance suite à une consultation, se rendre à un centre de soin ou au cabinet d’un professionnel de la santé).
Visiter un proche en milieu de soins, accompagner une autre personne incapable de conduire pour se rendre à un rendez-vous médical, faire un don de sang à Héma-Québec.
Se conformer à une ordonnance contenue dans un jugement rendu par un tribunal, ou pour permettre l’exercice des droits de garde ou d’accès parentaux contenus dans une entente (Reconduire ses enfants chez l’autre parent (garde partagée).
Répondre à une convocation judiciaire ou administrative.
Se rendre à des gares ou aéroports à l’occasion de déplacements de longue distance.
Se promener (rayon maximal d’1 kilomètre autour du domicile) pour les besoins des animaux de compagnie.
Être sans abri.

Exceptions concernant l’accès à certains commerces :

pharmacies (activités limitées à la vente de médicaments et de produits essentiels),
stations services (activités limitées à la vente de nourriture, essence et produits pour véhicules routiers),
livraison à domicile des restaurants. Un nouveau mot-clic a d’ailleurs été mis en place pour le rappeler : #Onestouvert (lire l’article #Onestouvert, un mot-clic au secours des restaurateurs).

La STM a annoncé qu’elle n’apportera pas de changement majeur à son offre de service, les réseaux de bus et de métro ainsi que le service de transport adapté resteront accessibles. Certains ajustements ponctuels spécifiques pourraient être apportés selon la réalité observée sur le terrain. La situation étant évolutive, les clients sont invités à utiliser les outils d’information habituels pour planifier leurs déplacements.

Directives particulières
Un feuillet de sensibilisation a été élaboré par l’ensemble des directions de programmes touchés par l’approche à adopter auprès de clientèles vulnérables (DP-DI-TSA, SM, itinérance). Cette information aurait été diffusée à l’ensemble des corps policiers à la première vague et à l’approche du reconfinement.
Proches aidants
Une Directive autorisant le déplacement des personnes proches aidantes qui doivent se rendre au chevet ou au domicile des personnes aidées pour leur porter assistance ou pour assurer leur sécurité en raison d’une condition clinique particulière a été publiée le 21 janvier. Dans certaines situations particulières, les personnes proches aidantes peuvent obtenir d’un établissement de santé et de services sociaux ou d’une clinique médicale une attestation justifiant les déplacements lors du couvre-feu pour se déplacer auprès d’un proche lorsque cela est cliniquement requis (modèle d’attestation). Les motifs suivants peuvent être invoqués pour se trouver hors de son lieu de résidence ou du terrain de celle-ci :

porter assistance à une personne dans le besoin;
fournir un service ou un soutien à une personne pour des fins de sécurité;
assurer la garde d’un enfant ou d’une personne vulnérable;
visiter une personne en fin de vie;
pour un motif d’urgence.

Organismes communautaires
Pour les organismes en activité pendant la période de couvre-feu (24/7), il est recommandé de remettre aux employés des procurations écrites pour valider le besoin de déplacement et, lorsque possible, d’adapter les horaires de travail en fonction des heures du couvre-feu.
Efficacité
Pour en savoir plus sur l’histoire, la constitutionnalité et l’efficacité d’un couvre-feu, consultez l’article  du Devoir Trois questions sur le couvre-feu au Québec. Pour alimenter la réflexion santé publique vs droits et libertés, consultez l’article de Droit-Inc.com Le couvre-feu vu par les avocats.
Québec : Champion du couvre-feu
Est-ce que le couvre-feu est responsable de la baisse des cas de COVID-19 au Québec ? Impossible de le chiffrer, disent les scientifiques. Mais il y a certainement contribué et doit être maintenu, disent-ils, pour au moins quelques semaines.

Le Québec est non seulement la seule province à avoir imposé un couvre-feu au Canada, c’est aussi le champion en Amérique du Nord, avec un couvre-feu de loin plus sévère et plus long qu’ailleurs. En vigueur depuis deux mois, la mesure touche l’ensemble des Québécois.

Et pourtant, cette décision électrochoc, que l’Ontario n’a pas osé prendre, est passée comme une lettre à la poste, avec un fort appui dans les sondages et un respect des consignes assez important. Les Québécois, que les Canadiens anglais trouvent indisciplinés, n’ont pas rouspété et continuent à rester chez eux le soir, sauf exception.

Est-ce efficace pour lutter contre la pandémie ?

« On ne le saura jamais », répond Roxane Borgès Da Silva, économiste et professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
« Isoler le couvre-feu par rapport à d’autres mesures, comme la fermeture des commerces, c’est très difficile. On ne peut pas dire que le couvre-feu a permis de faire baisser de 10 % les cas tous les jours, c’est impossible. » – Roxane Borgès Da Silva
Cela dit, si on empêche les gens de se voir le soir, « il y a forcément un effet de minimisation des cas », dit Mme Borgès Da Silva. « Mais ce sont des hypothèses. Peut-être que juste la fermeture des commerces aurait été suffisante, peut-être que les gens auraient eu peur en voyant le nombre de cas, mais on ne le saura jamais. »

Au Québec, rappelle Marie-France Raynault, deux choses sont arrivées en même temps : le couvre-feu et la fin des rassemblements des Fêtes.

Lire l’intégralité de l’article Champion du couvre-feu – Pourquoi le Québec y a adhéré.
Comparaison avec l’Ontario
Plus de deux mois après son adoption au Québec, il est encore difficile de prouver l’efficacité du couvre-feu, tout comme il est difficile de juger de son inefficacité.

Lorsque l’on compare les données de l’Ontario et du Québec depuis l’implantation du couvre-feu au Québec, on voit que les courbes de nouveaux cas suivent des parcours similaires. L’Ontario n’a par contre pas de couvre-feu. Il semble donc que la décroissance relative au nombre initial de cas est similaire dans deux provinces canadiennes voisines, avec ou sans couvre-feu.

Cette diminution de nouveaux cas dans les deux provinces durant le mois suivant les fêtes d’hiver laisse penser que c’est le comportement normal de la population à cette période de l’année, couplé aux mesures de santé publique, qui est responsable de cette situation avec ou sans couvre-feu.

Dans les deux provinces, on observe aussi qu’il y a un plateau du nombre de nouveaux cas environ un mois après l’instauration du couvre-feu au Québec. On peut penser que ce plateau est une saturation de l’effet découlant des restrictions en place.

Les résultats préliminaires du couvre-feu au Québec n’indiquent donc pas que le couvre-feu atteint les objectifs, mais n’écarte pas non plus son efficacité de prévention de transmission, particulièrement lorsque l’on compare le nombre de cas par habitant, qui augmente plus en Ontario qu’au Québec depuis mi-février.

Depuis cette période, le Québec contrôle mieux l’épidémie et conserve un taux de reproduction faible (nombre de personnes qu’un cas positif contaminera), alors que l’Ontario a légèrement perdu le contrôle des transmissions.

Il faut par contre noter qu’il est délicat de comparer deux provinces qui ont une culture sociale, des politiques et des infrastructures sanitaires différentes.

Lire l’intégralité de l’article Le couvre-feu au Québec : une mesure qui n’a pas encore prouvé son efficacité.