Retour sur «COVID-19 : des réponses à vos questions»

Origine du SRAS-CoV-2 : Résultats de l’enquête de l’OMS

Une équipe internationale d’experts dirigée par l’OMS a passé quatre semaines dans la ville de Wuhan. Elle a souligné dans un rapport conjoint en mars dernier que le SRAS-CoV-2 avait probablement été transmis des chauves-souris aux humains par l’intermédiaire d’un autre animal, mais que des recherches supplémentaires étaient nécessaires.

Lors de la publication de leur rapport le 30 mars, le Dr Tedros avait demandé des études et des données supplémentaires sur l’origine du virus. Selon lui, toutes les hypothèses restaient ouvertes. Un nouveau groupe d’expert a été formé en octobre.

Pour en savoir plus sur l’histoire de la recherche des origines, lire le récit numérique : COVID-19 – la difficile recherche de l’origine du virus.
Conférence de presse (9 février)
L’hypothèse “extrêmement improbable” d’un accident dans un laboratoire a été rejetée. En revanche, le groupe n’écarte pas la piste, soutenue par Pékin, d’un virus arrivé en Chine par un produit surgelé.

Après 13 mois, 107 millions de malades et 2,3 millions de morts, le monde attend toujours une réponse”, peut-on lire dans le Corriere della Sera. Le quotidien italien résume ce qui se dit dans la presse mondiale à l’issue de l’enquête des experts de l’Organisation mondiale de la santé sur les origines du coronavirus. “A Wuhan, rien de nouveau (…) le mystère du Covid-19 reste entier”, assène par exemple Le Temps.

Les conclusions de cette “mission tant attendue”, comme la décrit El Pais, ont été présentées mardi à Wuhan par les 14 experts de l’OMS et par leurs homologues chinois au cours d’une conférence de presse de trois heures, “entourée de confusion et confirmée peu de temps auparavant”, précise le quotidien espagnol.

Pendant ses douze jours passés dans la ville chinoise considérée comme le premier foyer de l’épidémie, l’équipe a travaillé sur quatre hypothèses : une transmission directe à l’homme par un animal, une transmission de la source à l’homme par une espèce intermédiaire, une diffusion à travers la chaîne du froid et une fuite dans un laboratoire.

Et bien que l’équipe chinoise et celle de l’OMS aient présenté leurs conclusions en commun, remarque le Guardian, elles ont insisté sur des points différents. Le professeur Liang Wannian, représentant chinois, s’est concentré sur l’hypothèse d’un virus arrivé au marché de poissons de Huanan, où le virus a été détecté pour la première fois, via des produits congelés. “Une version défendue par la Chine ces derniers mois”, note le Guardian. Cette hypothèse suggérerait un virus importé de l’étranger. La partie chinoise de l’enquête est close, a même affirmé l’équipe mandatée par Pékin.

Peter Ben Embarek, le chef du groupe de l’OMS, n’a pas écarté cette hypothèse mais paraît plutôt pencher une transmission à l’homme par un animal et une “source naturelle”. L’animal en question reste inconnu. En revanche, il juge un accident de laboratoire – théorie défendue par Donald Trump – “extrêmement improbable”, expliquant avoir échangé longuement avec les membres de l’institut de virologie de Wuhan. Par ailleurs, aucun élément ne prouve que le Covid était présent dans la ville chinoise avant décembre 2019 selon l’enquête.
L’OMS ne convainc pas
Ces résultats ont “peu de chance de satisfaire les officiels américains et ceux à travers le monde appelant à plus de transparence de la part de la Chine”, estime le Washington Post. Ils ne risquent pas non plus d’éteindre les doutes sur les capacités de l’OMS à mener une telle investigation, poursuit le quotidien.

Le Post souligne également le scepticisme de certains experts comme David A. Rekman, microbiologiste à l’université de Stanford. “Si la seule information que vous avez le droit d’analyser est fournie par ceux-là même qui ont tout à perdre à révéler certaines preuves, ça n’a rien de convaincant”, critique-t-il.

“L’enquête de l’OMS n’avait pas commencé sous les meilleurs auspices”, rappelle Le Temps. Il a fallu des mois de négociations pour que Pékin accepte une enquête d’experts indépendants et l’équipe a passé deux semaines en quarantaine une fois arrivée en Chine.

“Même ainsi, on ne peut pas dire que les autorités chinoises ont coopéré comme elles le devraient dès le départ. Une direction obsédée par le secret, y compris les questions insignifiantes, a réagi de manière agressive aux demandes d’autres pays, comme l’Australie, de faire examiner l’origine de la pandémie par des experts indépendants utilisant des méthodes scientifiques”, signale de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

L’OMS a été critiquée pour son attitude conciliante avec le régime de Pékin. Donald Trump a même avancé cette explication pour justifier le retrait des Etats-Unis de l’organisation. “Son comportement envers la Chine avait déjà détruit beaucoup de confiance. Elle aurait pu regagner cette confiance à Wuhan. Elle ne l’a pas fait”, fustige la Süddeutsche Zeitung.

Pour le New York Times, les conclusions de l’enquête “offrent à Pékin une victoire en termes de relations publiques”. Les experts de l’OMS ont loué les officiels chinois et “ouvert la porte” à la théorie d’une origine extérieure, “une idée peu soutenue par des scientifiques en dehors de la Chine”.

Interrogé par le quotidien américain, Daniel R. Lucey, un spécialiste des maladies infectieuses à l’université de Georgetown, prévient toutefois que l’OMS devra un jour ou l’autre apporter des éléments de preuves validant la théorie chinoise : “si l’équipe ne trouve rien de substantiel, les gens risqueront de se dire que ce n’était que du vent”.
Rapports (26 mars)
Le rapport de l’équipe de scientifiques internationaux réunis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour examiner les origines du coronavirus est un « début bienvenu, mais loin d’être concluant », a déclaré le chef de l’agence sanitaire de l’ONU lors de sa publication mardi (lire Rapport sur les origines du coronavirus : « toutes les hypothèses demeurent sur la table », selon le chef de l’OMS).

Le rapport conclut que l’origine la plus probable est celle de la transmission de la chauve-souris à l’homme via un animal intermédiaire non identifié; tandis que la fuite d’un laboratoire chinois est jugée peu extrêmement improbable. Une nouvelle équipe d’experts pourrait toutefois être envoyée à Pékin pour enquêter d’avantage sur cette dernière hypothèse.

Rapports en anglais :

Report of the WHO-China Joint Mission on Coronavirus Disease (COVID-19) (28 February 2020)
Origin of SARS-CoV-2 (26 March 2020)
WHO recommendations to reduce risk of transmission of emerging pathogens from animals to humans in live animal markets or animal product markets (26 March 2020)

Dans la presse :

29 mars – COVID-19 : la transmission par un animal intermédiaire, une hypothèse probable
29 mars – L’origine de la COVID-19: les scénarios présentés par le rapport de l’OMS
30 mars – The WHO report into the origin of the coronavirus is out. Here’s what happens next, says the Australian doctor who went to China
30 mars – COVID-19 : l’OMS veut une enquête sur une éventuelle fuite d’un laboratoire en Chine
31 mars – Origine de la COVID-19 | Embarras à Pékin après les propos du patron de l’OMS

Nouveau groupe d’experts (13octobre)
L’OMS a proposé la liste des 26 membres devant faire partie de son Groupe consultatif scientifique sur les origines des nouveaux agents pathogènes (SAGO). Parmi ces scientifiques, certains avaient participé à la Mission internationale conjointe à Wuhan (Chine).

Sélectionnés parmi plus de 700 candidatures, les 26 membres proposés du GCSO proviennent d’un large éventail d’expertises, notamment dans le domaine de l’épidémiologie, la santé animale, l’écologie, la médecine clinique, la virologie, la génomique ou l’épidémiologie moléculaire. Certains sont des experts confirmés de la biologie moléculaire, la biologie, la sécurité alimentaire, la biosécurité, la sûreté biologique et la santé publique.

Les experts vont se pencher sur les origines du SRAS-CoV-2, en fournissant à l’OMS une évaluation indépendante de tous les résultats scientifiques et techniques disponibles des études mondiales sur les origines du coronavirus. Il s’agit en outre de conseiller l’OMS sur l’élaboration d’un cadre mondial pour orienter les études sur les origines des agents pathogènes émergents et réémergents.

Source : Covid-19 : un panel de 26 membres sur les origines des nouveaux agents pathogènes (OMS)