Retour sur «COVID-19 : des réponses à vos questions»

Délestage & Listes d’attente en orthophonie

Les listes d’attente en orthophonie explosent au Québec. Plus de 11 400 enfants patientent actuellement pour recevoir des services dans les établissements de santé. À Montréal, plus de 2300 jeunes de moins de 18 ans figurent sur des listes d’attente en orthophonie, selon les chiffres fournis par les cinq CIUSSS montréalais.

Dans les Laurentides, le délai d’accès aux services spécialisés (pour difficultés langagières significatives et persistantes) est de 14 mois. « Avant la pandémie, les délais variaient entre 6 et 9 mois, précise le CISSS.

« Ça m’attriste grandement », dit le représentant régional des Laurentides à l’Association québécoise des orthophonistes et audiologistes du Québec (AQOA). Il souligne que les enfants qui ont de la « difficulté à parler et à comprendre » vont « nécessairement avoir de la difficulté à lire et à écrire ».

Pendant qu’un tout-petit attend des services, l’écart se creuse avec les pairs, ajoute Noémie Allard, une orthophoniste de Drummondville qui siège au comité des communications de l’AQOA. « L’enfant apprend sur la base de ce qu’il a déjà appris, explique-t-elle. Un enfant qui a un vocabulaire de 50 mots, va acquérir des mots en faisant des liens avec les 50 mots qu’il connaît. Un enfant qui a juste 20 mots, s’il n’a personne pour l’aider à apprendre plus de mots, il part de 20. »
La pandémie en cause
Le CISSS de l’Outaouais, lui, souligne que les délais « sont particulièrement longs » depuis la pandémie. Sur son territoire, 499 enfants attendent un premier service lié au langage. En fonction de la MRC, le délai d’attente varie entre 7 et 16 mois pour les usagers francophones, et jusqu’à 21 mois pour les anglophones, indique l’établissement.

« Le ministre de la Santé et des Services Sociaux a demandé de suspendre les services en orthophonie lors de la première vague », précise le CISSS de l’Outaouais pour justifier cette attente. L’établissement ajoute que les mesures sanitaires ont ralenti les orthophonistes : elles doivent désinfecter le matériel de travail (jeux et outils) entre les rendez-vous. « Les groupes en orthophonie ont dû être suspendus durant la COVID vu les règles de distanciation », poursuit-on dans un courriel.
Agir tôt
Au cabinet du ministre délégué à la Santé et aux Services Sociaux, on estime que le « déploiement progressif » du programme « Agir tôt » dans toutes les régions du Québec permettra d’améliorer la situation. « En dépistant plus rapidement les retards de langage, nous allons pouvoir réduire à terme les listes d’attente en orthophonie et offrir un meilleur encadrement des jeunes qui en ont besoin », écrit l’attachée de presse de Lionel Carmant, Sarah Bigras, dans un courriel.

Le président de l’Ordre des orthophonistes et des audiologistes du Québec, Paul-André Gallant, estime que le gouvernement doit en faire plus et investir dans les ressources en réadaptation physique. « Le ministre Lionel Carmant veut agir tôt, dit-il. Nous, ce qu’on lui répète, c’est qu’agir tôt, ce n’est pas juste dépister des enfants. C’est leur donner un service par la suite. Si personne n’est là pour intervenir, on a juste fait qu’alerter des parents et les stresser. »

Les parents sont d’ailleurs nombreux à frapper aux portes des cliniques privées, faute d’obtenir des services au public. Au Centre d’évaluation neuropsychologique et d’orientation pédagogique (CENOP), à Montréal, 101 enfants sont en attente d’un service en orthophonie. « Je n’ai jamais vu ça », dit Éliane Chevrier, directrice clinique et propriétaire associée.

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