Retour sur «COVID-19 : des réponses à vos questions»

« Vivre avec la COVID-19 » dans le RSSS : Guide pour l’optimisation et la gestion des hospitalisations

La gestion de crise dans les hôpitaux franchit une autre étape au Québec. Un nouveau plan vise à redéfinir la manière de soigner dans les hôpitaux pour « quatre à six semaines » afin d’éviter les « graves conséquences » du débordement anticipé. L’objectif du guide est donc d’instaurer de « nouvelles normes temporaires » dans l’ensemble des établissements de la province, afin de « réduire les méfaits de cette vague » et le « risque anticipé de morbidité et de mortalité accru ».

Il faut « changer de perspective de contrôle de la pandémie », expliquent les auteurs du guide, en passant « de l’objectif d’un risque zéro à celui d’une réduction des méfaits ». En clair, ça veut dire composer avec le fait que le virus parvient à entrer dans l’hôpital, malgré tous nos efforts.

La moitié des patients qui occupent un lit d’hospitalisation dédié à la COVID-19 se sont présentés à l’hôpital pour autre chose et la plupart ne sont pas très dérangés par le variant Omicron, « un petit peu moins virulent ».

Par exemple, il faudra « revoir certaines pratiques médicales » comme la fréquence ou la pertinence de certains tests diagnostiques.
Dans les groupes de médecine familiale (GMF), il faudra annuler les rendez-vous, sauf ceux de clientèles chroniques avec des signes de décompression. Les patients qui seront priorisés sont ceux souffrant d’une insuffisance cardiaque, d’un infarctus du myocarde, d’un AVC et les malades pulmonaires chroniques.
Alors que le délestage de niveau 4* n’a pas permis de freiner la suroccupation des lits d’hospitalisation de courte durée (hors soins intensifs), le guide demande de pousser au maximum le report de toutes les opérations non urgentes et semi-urgentes encore possible.

*cf Le délestage s’accélère.

Proches aidants :

Le plan prévoit de « demander aux proches aidants de venir prendre soin 24 heures sur 24 de leur proche à l’hôpital », en donnant des « soins de base », afin de permettre aux professionnels d’accomplir les tâches plus spécialisées ou de s’occuper de ceux qui n’ont pas de proche aidant disponible.
Le retour du patient à son domicile ou à celui de sa famille sera aussi encouragé, lorsque c’est possible. Le guide prévoit de « demander aux proches aidants de reprendre leur proche et d’attendre de quatre à six semaines avant une admission » en CHSLD ou en ressource intermédiaire.

Le Regroupement des aidantes et aidants naturels de Montréal (RAANM) a réagi par communiqué, interpellé par le risque de voir des familles, des personnes proches aidantes déjà épuisées qui devront faire des choix impossibles.

*Le 19 janvier, le MSSS a actualisé l’affiche destinée aux visiteurs et proches aidants : Prévention du déconditionnement des aînés à l’hôpital.*

Le Guide pour la priorisation et la gestion des hospitalisations en courte durée en contexte de pandémie de COVID-19, daté du 12 janvier, prévoit quatre axes d’actions :

Ne plus mettre tous les efforts pour empêcher l’intrusion du virus à l’hôpital et accepter les risques.
Freiner les entrées de patients et accélérer les sorties de l’hôpital.
Les familles appelées à contribuer aux soins à l’hôpital ou en dehors.
Redéfinir la qualité minimale des soins.

Source : Québec a un plan pour changer radicalement d’approche dans les hôpitaux.

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Quelques réactions :

Bon accueil pour le changement d’approche dans les hôpitaux envisagé par Québec
Inquiétudes autour de la baisse potentielle de l’intensité des soins
Soins de courte durée : les ordres professionnels du Québec « demeureront vigilants »
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Directive
Considérant l’évolution de la cinquième vague de pandémie et de son impact sur les ressources disponibles et sur le nombre d’hospitalisations au Québec, un « Guide de priorisation et de gestion des hospitalisations en soins de courte durée en contexte de pandémie de COVID-19 » a été produit par le comité éthique COVID-19. L’objectif est de mettre à la disposition du réseau de la santé et des services sociaux, une marche à suivre dans l’éventualité où les besoins en hospitalisations dépasseraient la capacité maximale du réseau de la santé.

Bien que plusieurs mesures soient déjà en place dans les hôpitaux, les établissements de santé sont invités à aller plus loin dans la gestion efficiente de leurs ressources et des besoins en hospitalisations, et ce, dans le but d’améliorer la capacité et l’accès aux soins et services hospitaliers.

La présente directive a donc pour objectif de mettre en place les mesures nécessaires pour éviter d’avoir recourt au guide de priorisation des hospitalisations en soins de courte durée.

Prérequis essentiels pour l’amélioration de la capacité hospitalière (à mettre en place immédiatement) :

Mettre en place des équipes de gestion des admissions et des séjours
Favoriser les solutions alternatives aux hospitalisations

Source : Directive pour l’optimisation et la gestion des hospitalisations en soins de courte durée en contexte de pandémie de COVID-19.
Guide de priorisation
Il est anticipé que le pic de la 5e vague arrive dans les deux prochaines semaines et que les besoins diminuent par la suite. Les prévisions récentes concernant le nombre de patients qui pourraient alors être hospitalisés, que ce soit sur les unités de soins ou aux soins intensifs, montrent que les capacités du réseau québécois de la santé et des services sociaux pourraient être dépassées. Dans la perspective de réduire les méfaits de cette vague, le présent guide propose 4 axes d’intervention à appliquer par l’ensemble des CISSS/CIUSSS et CHU pour la clientèle adulte.

Par équité, il est primordial que l’ensemble des 4 axes soit appliqué immédiatement dans tout le réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) québécois afin de maximiser les ressources et tenter le plus possible d’équilibrer la pression de la demande à travers la province. Les pistes d’intervention qui accompagnent chaque axe peuvent être modulées selon la réalité locale de chaque établissement.

Des personnes ont un plus grand risque de se retrouver sans soins essentiels à leur survie lors de la 5e vague, car le grand manque de ressources humaines a un impact direct sur le nombre de lits disponibles dans le RSSS, et donc un risque anticipé de morbidité et de mortalité accru. Les 4 axes visent à réduire ces risques de morbidité ou de mortalité globale due à cette 5e vague. Si un établissement est moins touché qu’un autre, il doit quand même appliquer ces axes pour permettre de soutenir un établissement voisin subissant beaucoup plus de pression.

L’horizon anticipé d’application des 4 axes est de 4 à 6 semaines (ou même plus tôt) et le début de l’application doit se faire dès la réception du présent guide.
Axes d’interventions organisationnelles et cliniques

Changer de perspective de contrôle de la pandémie (de l’objectif d’un risque zéro à celui d’une réduction des méfaits) : ne plus mettre tous les efforts pour freiner son entrée, mais plutôt composer avec les contraintes qu’elle engendre et en tirer le maximum de possibilités.
S’assurer, en continu, de la pertinence de l’hospitalisation (entrées, séjours, sorties).
Soigner hors de l’hôpital, quand les patients n’ont pas ou plus besoin de surveillance clinique ou des soins qui ne peuvent être donnés hors de l’hôpital, en intervenant en première ligne.
Assurer la sécurité et redéfinir la qualité minimale des soins en contexte de pandémie dans la perspective de soigner le plus de personnes à intensité plus basse plutôt que de soigner moins de personnes à qualité optimale.

Source : Directive pour l’optimisation et la gestion des hospitalisations en soins de courte durée en contexte de pandémie de COVID-19 – Guide pour la priorisation et la gestion des hospitalisations en courte durée en contexte de pandémie de COVID-19