Retour sur «COVID-19 : des réponses à vos questions»

Recommandations d’experts pour l’été

C’est le temps des vacances, et on espère tous en profiter pleinement. Voici un petit guide pour éviter de ruiner ces précieux moments de liberté, alors que de nouveaux variants de la COVID-19 très contagieux font leur entrée en force en ce début d’été.

L’été 2022 sera-t-il différent des précédents, qui ont été marqués par une accalmie de la pandémie ?

Contrairement aux étés passés (2020 et 2021), qui se sont caractérisés par une baisse substantielle des cas de COVID-19, nous faisons face cette année « à des variants différents qui sont plus contagieux. Également, on a relâché les mesures sanitaires de façon précoce », souligne le Dr Don Vinh, microbiologiste-infectiologue au Centre universitaire de santé McGill. « On a notamment abandonné le port du masque dans les écoles avant la fin des classes. On n’a pas vraiment encouragé le recours à la troisième dose [que seulement 55 % de la population a reçue], contrairement aux deux premières doses [dont 87,95 % de la population s’est prévalue]. On a renoncé à l’effort collectif pour la vaccination par rapport à l’été dernier, et malheureusement, on commence à en voir les conséquences », fait-il remarquer.

Quelles précautions doit-on prendre pour éviter de contracter la COVID-19 durant les vacances ?

Le D Vinh encourage les gens qui prévoient de voyager à l’extérieur du Québec, particulièrement aux États-Unis, en Europe ou en Afrique, où les variants BA.4 et BA.5 circulent abondamment, d’aller chercher une dose de rappel une à deux semaines avant de partir pour que l’effet préventif soit à son maximum lors du déplacement, car la protection contre les infections est de courte durée. Cette dose de rappel consistera en une troisième dose pour ceux qui n’ont reçu que les deux premières, ou en une quatrième pour ceux ayant reçu une troisième dose il y a plusieurs mois.

« Recevoir une dose de vaccin le plus récemment possible va donner une immunité assez élevée pour se défendre contre le virus, quel que soit le variant, c’est-à-dire pour éviter de le contracter », ajoute pour sa part Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

Elle conseille aux personnes ayant reçu leur troisième dose il y a plusieurs mois d’aller chercher une quatrième dose deux semaines avant un départ en voyage, car cette dose de rappel « donnera un boost immunitaire qui permettra soit de ne pas attraper la COVID-19, soit de développer des symptômes plus légers, [et assurément de ne pas être hospitalisé, car] personne ne veut vivre une hospitalisation à l’étranger ! »

Benoit Barbeau, virologue au Département des sciences biologiques de l’UQAM, est plus réticent à conseiller le recours à une quatrième dose étant donné la moindre efficacité du vaccin actuel contre les récents variants. « Il faudrait la prendre deux semaines à l’avance, et la protection ne serait pas longue », précise-t-il. « Se faire vacciner avec une dose de rappel n’apportera pas un avantage si énorme. Il faut plutôt poser le moins possible de gestes à risque dans des lieux moins bien aérés. Il faut penser à faire plus d’activités à l’extérieur et porter un masque dans les endroits plus achalandés. »

Doit-on maintenir les gestes barrières ?

Les aéroports achalandés, les avions et les bateaux bondés sont autant d’environnements propices à la transmission du virus, puisque la ventilation n’est pas idéale dans ces lieux clos. Porter le masque — même s’il n’est plus obligatoire dans les transports en commun (dont les avions et les bateaux) et la plupart des aérogares (sauf au Canada) — est une mesure simple qui vous évitera probablement le désagrément de souffrir de la COVID-19 durant votre voyage. Même si la vaccination vous épargnera probablement une hospitalisation, des maux de tête et de gorge, une forte fièvre et une grande fatigue risquent bien de ruiner une partie de vos vacances, indique le Dr Vinh.

« Même si le fait d’avoir été infecté ou vacciné adéquatement [c’est-à-dire avoir reçu trois doses de vaccin] ou les deux à la fois écarte généralement une infection grave nécessitant une hospitalisation et pouvant entraîner le décès, il ne procure pas un niveau d’anticorps suffisant pour prévenir indéfiniment les infections par les variants qui circulent présentement », indique le Dr Vinh.

« Et surtout, l’infection vous obligera à vous isoler pendant plusieurs jours et vous empêchera ainsi de poursuivre votre projet de vacances », souligne Mme Borgès Da Silva.

« Il y a énormément d’attente dans les aéroports, et particulièrement dans celui de Montréal. Les files menant à l’enregistrement des bagages et à la sécurité sont impressionnantes. Ces longs serpentins dans un espace restreint et sans ventilation adéquate rassemblent les conditions idéales pour qu’on transmette le virus et l’attrape quand on ne porte pas de masque. Ces foules monstrueuses et ces longues attentes augmentent la probabilité que les voyageurs se retrouvent en contact avec une personne infectée par un variant décrit comme étant très contagieux », poursuit la chercheuse, qui recommande aux gens qui ne veulent pas souffrir de la COVID à destination de porter un masque N95, à défaut d’un masque chirurgical, dans les aéroports et dans l’avion.