Retour sur «COVID-19 : des réponses à vos questions»

Pandémie & Accès à un médecin spécialiste

La liste d’attente pour obtenir un rendez-vous avec un médecin spécialiste a augmenté de près de 50 % depuis le début de la pandémie. Les omnipraticiens n’en peuvent plus d’expliquer à leurs patients qu’ils doivent attendre en moyenne 12 mois.

Depuis le début de la pandémie, les listes d’attente en santé n’ont pas gonflé que pour l’accès à un médecin de famille ou pour une chirurgie.

Selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) obtenues par Radio-Canada, la liste d’attente au Centre de répartition des demandes de service (CRDS) pour accéder à un médecin spécialiste dépassait les 720 000 requêtes au mois de mai dernier, un sommet depuis le début de la pandémie.

Il s’agit d’une hausse de près de 50 % par rapport à septembre 2020, en augmentation constante.

Que ce soit pour un dermatologue, un allergologue-immunologue, un gynécologue ou un gastro-entérologue, les patients sont plus nombreux à attendre et doivent patienter plus longtemps qu’il y a 20 mois.

Pour l’ensemble des spécialités, l’attente pour obtenir un rendez-vous frôlait en moyenne les 9 mois en septembre 2020. Elle dépasse désormais 12 mois. En ophtalmologie, on approche des deux ans.

Pour le Dr Sylvain Dion, premier vice-président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), cette situation est intenable.

« On peut toujours s’accommoder d’un 3 à 6 mois, mais quand on arrive à 12 mois, c’est vraiment beaucoup trop loin et le patient va revenir nous voir à quelques reprises pendant l’année pour nous reparler du problème de santé pour lequel on a déjà atteint notre limite », affirme-t-il.

« Quand un médecin juge qu’il a atteint la limite de ses compétences dans l’évaluation et le traitement d’un problème de santé, on n’ira certainement pas lui reprocher de faire appel à un spécialiste pour pouvoir l’aider dans l’évaluation et les recommandations pour le suivi de son patient », ajoute le Dr Dion.

Le Québec compte près de 11 000 médecins spécialistes et un peu moins d’omnipraticiens.
« Quand le gouvernement demande aux médecins de famille de voir leurs patients à l’intérieur de 72 heures et que moi, quand je coche une demande pour un problème de santé lié à une spécialité, on m’écrit qu’il y a 12 mois d’attente, je me dis que c’est quasiment deux poids deux mesures! » –  Dr Sylvain Dion, premier vice-président de la FMOQ
Réaction des spécialistes
Pour le Dr Serge Legault, vice-président à la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), il faut continuer à travailler à des solutions.

« En gastro-entérologie ou en hématologie, par exemple, un simple conseil électronique ou un conseil téléphonique [au médecin de famille] pourrait remplacer la consultation et éviter une longue attente au patient », déclare-t-il.

Néanmoins, le Dr Legault estime que « de dire que toutes les consultations sont appropriées, ce serait mentir […], mais les omnis ne sont pas de mauvaise foi ».

Le vice-président de la FMSQ croit également que des doublons se retrouvent dans la liste d’attente du CRDS, « notamment en chirurgie […], où ça peut aller jusqu’à 12 % ».
Un monstre
Médecin de famille à Lac-Etchemin, le Dr Dion précise qu’aux yeux de plusieurs collègues, le CRDS « est considéré comme un monstre ».

À titre d’exemple, il signale que si un médecin de famille n’a pas coché la bonne spécialité au formulaire, on lui demande d’en remplir un autre.

Interrogé récemment par la revue médicale spécialisée Profession Santé, un haut fonctionnaire du MSSS
reconnaissait qu’il y avait des progrès à faire au CRDS, notamment sur le plan technologique.

Des sources indiquent que Québec et les deux fédérations médicales élaborent un plan majeur pour améliorer le fonctionnement du système de référence à un médecin spécialiste.