Retour sur «COVID-19 : des réponses à vos questions»

Masques N-99

Approuvé par Santé Canada et annoncée le 6 octobre, la presse indiquait le 11 janvier que la production du masque N-99 serait actuellement sur pause en raison de la CNESST. Le 15 janvier, la CNESST a finalement déclaré qu’elle « considère que les appareils de protection respiratoire N99 de Dorma Filtration sont sécuritaires et peuvent être utilisés par les travailleuses et les travailleurs québécois. » Le 12 février, le MSSS a annoncé en avoir commandé 40 000.
Masque Dorma 99
Filtrant au-delà de 99 % des particules dans l’air, le masque Dorma 99 est plus efficace et plus écoresponsable que les masques N95 jetables, puisqu’il peut être réutilisé plus d’une trentaine de fois et que ses composantes sont recyclables. Ainsi, chaque masque Dorma 99 remplace au moins 30 masques N95 jetables. Son coût par utilisation est également inférieur à celui des solutions jetables existantes.

Dorma Filtration a reçu sa licence d’établissement d’instruments médicaux (LEIM) de Santé Canada pour commercialiser un premier masque N99 conçu et fabriqué au Canada. La production de ce masque réutilisable, recyclable et hautement efficace a démarré. À court terme, Dorma Filtration pourra fabriquer jusqu’à 500 000 unités par mois, et ce chiffre augmentera à un million d’unités en décembre 2020.

Lire l’intégralité du communiqué Un premier masque N99 réutilisable, écologique, fabriqué et distribué au Canada.

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En attente de la CNESST
Au moment où l’équipement de protection médicale est rationné dans des hôpitaux débordés en raison de la COVID-19, la CNESST bloque l’utilisation d’un masque québécois… dont l’achat avait pourtant été recommandé aux hôpitaux par Québec.

Les masques N99 de Dorma Filtration sont plus efficaces que les fameux N95 achetés aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Ils sont plus confortables. Ils coûtent moins cher, car ils sont stérilisables et réutilisables. Et ils sont entièrement conçus et fabriqués au Québec. Le masque a passé tous les tests et reçu l’approbation de Santé Canada.

Les commandes ont démarré en lion…

Mais voilà qu’un fonctionnaire de la CNESST, qui veille à la santé et sécurité du travail, a trouvé un problème. Un règlement stipule que tout appareil de protection respiratoire (APR) doit être approuvé par l’Institut national de la santé des États-Unis, le NIH. Le NIH délivre en effet des certifications (NIOSH). Pas de NIOSH, pas d’autorisation au Québec.

Sauf que pendant la pandémie, les laboratoires du NIH étaient fermés aux produits étrangers, et ils viennent à peine de rouvrir. Il faudra « au moins trois mois » avant d’obtenir cette certification américaine.

C’est justement pour cette raison, et pour faire face à la pénurie, qu’Ottawa avait émis un décret le 18 mars, au tout début de la pandémie. Ainsi, on pourrait certifier le matériel ici et, si possible, le produire au Canada, plutôt que de dépendre d’arrivages étrangers au double ou au triple du prix… quand on les obtient.

Santé Canada estime que sa certification remplit et même surpasse les exigences américaines, et que le masque de Dorma peut être utilisé en toute sécurité. Un masque N95 filtre 95 % des particules volatiles, celui de Dorma, 99 %.

Mais apparemment, la CNESST estime que le règlement… c’est le règlement.

Ce qu’on ne comprend pas, surtout, c’est que la CNESST se comporte comme s’il n’y avait pas d’urgence ou que les certifications canadiennes n’étaient pas valides.

Pendant ce temps, chez MI Intégration à Sherbrooke, 40 personnes employées pour produire d’urgence ce masque 24 heures sur 24 attendent depuis plus de deux mois.

Le ministre Jean Boulet, de qui relève la CNESST, n’était pas au courant. Il s’est dit « très préoccupé de la situation qui vient d’être portée à son attention ». « Nous devons accélérer l’analyse pour répondre à la demande, a-t-il ajouté par écrit. Vu l’urgence du contexte pandémique actuel, nous nous assurerons que la décision de la CNESST quant à l’utilisation de ces APR soit rendue dans les meilleurs délais possibles. »

Aux responsables de Dorma, la CNESST a simplement invoqué l’absence de certification américaine. Au ministre, on a dit qu’il y a « d’autres analyses à faire ».

Tout ça au moment où le débat sur la transmission par aérosols prend de l’ampleur et où les syndicats sonnent l’alarme sur… le manque d’équipement de protection respiratoire.

Lire l’intégralité de l’article Un masque québécois testé, approuvé, louangé… mais bloqué.

Lire aussi Masques N99 bloqués par la CNESST: deux PME estriennes pâtissent.
Autorisation de la CNESST
Appelé à réagir, le Dr René Caissie, concepteur du masque, s’est dit soulagé vendredi par cette homologation. Il déplore toutefois que la lenteur des processus administratifs ait paralysé les efforts de son équipe. « On a perdu beaucoup de temps, surtout alors qu’on est en pleine pandémie et qu’il manque des masques. On aurait pu distribuer dès le mois de décembre, si ce n’est pas dès novembre », explique-t-il.

Il remercie au passage le ministre du Travail, Jean Boulet, pour sa proactivité dans ce dossier. « Il a tout de suite réglé le problème et on en est très reconnaissants », précise le Dr Caissie, soulignant toutefois que l’appareil gouvernemental, de son côté, aurait pu faire mieux.
« La bureaucratie a été aussi difficile à surpasser que le design du masque et le montage de la chaîne de production. Ça a été l’obstacle le plus important. J’espère qu’on va être capable de faire un peu mieux dans le futur, pour ne pas laisser ce temps filer, surtout quand on a des innovations québécoises sur le marché. » – Le Dr René Caissie, concepteur du masque
« Pendant qu’on n’était pas approuvé, les hôpitaux québécois continuaient à acheter des masques provenant de d’autres pays, quand on pouvait les produire ici, au Québec. On a presque dû faire des mises à pied durant les Fêtes. Ça a été une grosse perte de temps », ajoute le médecin. Chez MI Intégration à Sherbrooke, 40 personnes employées pour produire ce masque en urgence, 24 heures sur 24, étaient en attente d’une réponse depuis plus de deux mois.
Un environnement parfois « surréglementé », avoue Québec
Après avoir constaté que le règlement de la CNESST prévoyait quand même des autorisations provisoires, M. Boulet dit avoir agi rapidement. « Quand j’ai vu ce corridor-là, je me suis assuré qu’on l’emprunte le plus rapidement possible. C’est sûr que ça me fait penser à l’avenir. Il faut s’assurer qu’on soit capable de certifier les masques faits ici, au Québec, dans les meilleurs délais », dit l’élu.

Il demande entre autres à la CNESST d’accélérer ses travaux en collaboration avec le Bureau de normalisation du Québec (BNQ) à cet égard. « Il y a toujours des solutions à des embûches réglementaires, et il faut les identifier le plus rapidement possible », conclut le ministre, qui affirme que le cas de Dorma Filtration, un joueur québécois, est venu toucher une « corde sensible ».

Pour en savoir plus sur les attestations de masques en milieu de travail, fascicule développé à l’automne par la CNESST et le BNQ, consulter la page Masques destinés au milieux de travail.

Lire l’intégralité de l’article La CNESST approuve le masque N99.