Retour sur «COVID-19 : des réponses à vos questions»

Confinements en CHSLD, RI et RPA : Décès par suicide ou suite à une chute

Le Journal de Montréal a lu et compilé les 1297 rapports de coroners à la suite de décès survenus en CHSLD, RI et RPA, depuis le début de la pandémie. Premier constat: 1027 aînés sont décédés des suites d’une chute au sol, soit 79 % des décès sur lesquels a enquêté le Bureau du coroner dans ces endroits.

Mis en place pour leur sauver la vie d’une infection mortelle, le confinement des aînés durant la pandémie a généré beaucoup de détresse psychologique, et une quarantaine d’entre eux ont mis fin à leurs jours.
Suicides
Quarante Québécois se sont enlevé la vie dans leur résidence pour aînés ou en CHSLD depuis le début de la pandémie.

Durant la première vague, les aînés étaient confinés dans leur appartement ou dans leur chambre. Pendant plusieurs semaines, ils ne pouvaient plus manger à la cafétéria, se promener dans la résidence ou recevoir la visite de proches. On les empêchait même de prendre leur voiture.

Pour beaucoup, cet isolement a généré de la frustration, de l’angoisse et de la détresse. Une dizaine de résidents ont mis fin à leurs jours en se jetant du haut de leur balcon.

Par ailleurs, des dizaines d’aînés ont développé un « syndrome de glissement ».

« Ce terme désigne la condition d’une personne dont la vie vient de changer à cause d’un épisode aigu et chez qui s’installe le refus de boire, de manger, et un désintérêt généralisé pour tout ce qui l’entoure et l’expression d’un désir de mourir », a écrit le coroner André Cantin.

Le taux de mortalité dû à ce syndrome est de 80 % à 90 %, selon un rapport.

« Glisser, c’est un peu se suicider à la hauteur de ses capacités », souligne Francis Etheridge, chercheur en gérontologie.

Lire l’intégralité de l’article CHSLD et RPA: le confinement a été fatal pour des dizaines d’aînés.
Chutes
Plus de 1000 Québécois sont morts après avoir chuté dans un CHSLD, une RI ou une RPA depuis le début de la pandémie. Des accidents tragiques, dont plusieurs étaient évitables, et qui soulèvent des questions sur la sécurité de ces endroits.

Accidents bêtes, violence des usagers, perte d’équilibre liée à la maladie: toutes sortes de situations expliquent ces chutes. Dans plusieurs cas, le coroner a noté que l’aîné était « téméraire », et marchait malgré la consigne de ne pas le faire.

La coroner Stéphanie Gamache souligne que près du tiers des aînés font une chute chaque année.

«Les fractures sont l’une des conséquences les plus sérieuses de la chute, particulièrement la fracture de la hanche. La prévention est donc primordiale dans ce domaine puisqu’on estime que 20 % des décès qui résultent d’une blessure sont liés à une chute», écrit-elle.

Plusieurs résidents qui avaient chuté avaient tellement peur d’attraper la COVID-19 qu’ils refusaient d’aller à l’hôpital pour passer des examens ou subir une chirurgie, indiquent des rapports. Dans ces cas, la mort était inévitable.

Plusieurs outils existent pour minimiser les chutes. Selon le Conseil de la protection des malades, le réseau doit en faire plus pour les prévenir .

Lire l’intégralité de l’article Plus de 1000 aînés morts d’une chute en deux ans, des accidents souvent évitables
Causes des décès sur lesquels ont enquêté les coroners

  • Chute: 1027 (79 %)
  • Maladie cardiaque: 75
  • Étouffement alimentaire: 57
  • Autres: 54
  • Suicide: 40
  • Maladie pulmonaire: 17
  • COVID-19: 7
  • Asphyxie: 6
  • Hypothermie: 6
  • Chaleur excessive: 5
  • Cancer: 3

Total: 1297

NDLR : Le Journal a compilé les 1297 rapports de coroners réalisés à la suite de décès dans des CHSLD, résidences intermédiaires et résidences pour personnes âgées, de mars 2020 à février 2022.