Retour sur «COVID-19 : des réponses à vos questions»

Vaccins à ARNm et cas de myocardites

*Le CIQ a publié un nouvel avis concernant l’offre d’une nouvelle dose de vaccin suite à une myocardite ou péricardite induite par la vaccination*

De rares cas de myocardites (inflammations du muscle cardiaque) chez des adolescents et de jeunes adultes ont été liés aux vaccins à ARNm. Les Étiquettes de Pfizer et Moderna ont été mises à jour par Santé Canada le 30 juin (Lire l’article Effets secondaires : Mise à jour des étiquettes des vaccins) :
Des cas de myocardite et de péricardite après l’immunisation par les vaccins contre la COVID-19 ont été signalés chez un faible nombre de personnes au Canada et à l’étranger. Ces rapports sont très rares. Santé Canada et d’autres organismes de réglementation internationaux continuent d’enquêter sur la relation éventuelle entre les vaccins contre la COVID-19 et ces événements rares. La plupart des cas signalés à ce jour ont reçu le vaccin à ARNm (Pfizer-BioNTech et Moderna) et, selon une analyse des cas à l’étranger, sont survenus plus souvent après la deuxième dose et chez des adultes et des adolescents masculins plus jeunes.
Durant la période de questions le 25 juin, la Dre Theresa Tam avait déjà recommandé, pour tous, de planifier la vaccination avant une période de repos, d’être vigilant et de consulter en cas de douleur thoracique, souffle court ou d’irrégularité du rythme cardiaque, dans l’attente de la mise à jour des recommandations fédérales. Écouter la vidéo de 1h26 à 1h33.
« take it easy a few days after the second dose, tell your parents and see the doctor » – Dre Theresa Tam
Dans la mise à jour des questions-réponses sur la vaccination le 21 juillet, le MSSS indique que si une personne a fait une myocardite ou une péricardite à la suite d’une 1re dose de vaccin à ARN messager contre la COVID-19,
« Il n’est pas recommandé à cette personne de recevoir une 2e dose de vaccin contre la COVID-19 jusqu’à ce que l’on ait plus d’information sur le sujet. Une conduite à tenir sera transmise dès que possible. »
Le 19 novembre, lors de la conférence de presse annonçant l’autorisation du vaccin pédiatrique de Pfizer, des représentants de Santé Canada et de l’Agence de la santé publique du Canada ont indiqué qu’un délai plus long entre deux doses semble réduire le risque de myocardites ou péricardites suivant l’administration de la seconde dose. La conseillère médicale en chef du Canada, Supriya Sharma a également fait valoir que le risque de myocardite ou de péricardite est 20 fois plus élevé avec la COVID-19 qu’avec le vaccin. Visionner la conférence (bilingue, avec interprétation en langue signée).

Le 3 décembre, le CCNI a ajusté ses recommandations :

Pour atténuer le risque de myocardite ou de péricardite, qui s’est avéré un peu plus élevé pour Moderna que pour Pfizer chez les adolescents et les jeunes adultes, le CCNI recommande de privilégier le produit de Pfizer-BioNTech de 30 microgrammes pour la série primaire chez les personnes de 12 à 29 ans.
Un intervalle de huit semaines entre la première et la seconde dose est recommandé, car des intervalles plus longs comme celui-ci sont susceptibles de comporter moins de risque de myocardite que des intervalles plus courts et d’entraîner une meilleure protection.
Le CCNI a également indiqué que le produit de Pfizer-BioNTech de 30 microgrammes pourrait être préférable pour la dose de rappel chez les personnes de 18 à 29 ans.

Le 9 décembre, un nouvel avis de l’INSPQ indique : « Une recommandation préférentielle pour le vaccin de Pfizer-BioNTech est déjà en place au Québec pour la série primaire chez les personnes de 12 à 17 ans. Le CIQ recommande d’étendre maintenant cette recommandation préférentielle aux adultes de 18 à 29 ans. Dans ce dernier groupe d’âge, le CIQ recommande aussi de privilégier le vaccin de Pfizer-BioNTech lors de la dose de rappel, même si très peu de données sont disponibles quant au risque différentiel de myocardite selon le vaccin utilisé pour cette dose supplémentaire. »

Le 7 février 2022, alors que des personnes ayant développé une péricardite ou une myocardite à la suite de l’administration d’un vaccin à ARNm contre la COVID-19 se présentent dans les centres de vaccination et souhaitent recevoir leur 2e dose ou encore leur dose de rappel, certaines ne sont pas des jeunes, mais des personnes âgées donc à risque accru de complications dues à la COVID-19, le CIQ a tenté de répondre à la question : « Compte tenu du contexte épidémiologique actuel, est-ce que le CIQ autorise la poursuite de la vaccination des personnes ayant développé une péricardite ou une myocardite à la suite de l’administration d’un vaccin COVID-19 ARNm? Si oui, à quelles conditions et avec quel(s) vaccin(s)? »

Le CIQ recommande une évaluation coûts-bénéfices pour chaque personne, considérant :

La sévérité de l’atteinte cardiaque : plus l’atteinte aura été sévère ou aura laissé des séquelles, plus l’impact d’une récidive pourrait être inquiétant.
L’âge : plus une personne est jeune moins elle a de risque de complications graves de la COVID-19 mais plus le risque de myocardite et de péricardite augmente, bien que le risque absolu demeure faible.
Le nombre de doses de vaccin déjà administrées : une seule dose offre peu de protection contre le variant Omicron, alors qu’avec 2 doses, la protection contre les complications graves est substantielle. Il est aussi possible que la revaccination puisse diminuer le risque d’être atteint d’une COVID longue.

Les personnes qui décideraient d’être revaccinées pourront l’être lorsque leur atteinte cardiaque sera résolue et si au moins 90 jours se sont écoulés depuis la dernière dose de vaccin contre la COVID-19. Quel que soit l’âge, le vaccin de Pfizer-BioNTech (30 μg) devrait être utilisé en raison de son taux de myocardite et/ou de péricardite rapporté plus faible par rapport à celui de Moderna.
Premiers rapports de myocardites
Un lien « probable » entre les vaccins à ARNm et de rares cas de myocardites (inflammations du muscle cardiaque) chez des adolescents et de jeunes adultes a été rapporté, notamment en Israël, en France et aux États-Unis.

Les autorités sanitaires américaines travaillent à actualiser leurs recommandations pour ces vaccins, notamment en conseillant de suspendre l’administration de la seconde dose pour les personnes développant, après la première, une telle inflammation. Les cas rapportés sont survenus le plus souvent après la deuxième dose de vaccin, et les symptômes se sont déclenchés en général quelques jours seulement après l’injection.

Au 11 juin, 323 cas de myocardites ou péricardites (inflammations de la membrane qui entoure le cœur) ont été confirmés chez des personnes de moins de 30 ans vaccinées contre la COVID-19 avec les produits de Pfizer ou Moderna, alors que 50M de doses de ces vaccins avaient été administrées. Si ces cas semblent donc très rares par rapport au nombre de personnes vaccinées, leur nombre est toutefois plus élevé qu’attendu pour cette tranche d’âge.

Parmi ces patients, 309 ont été hospitalisés, et 9 le sont toujours aujourd’hui. En tout, 80 % étaient guéris au moment de leur signalement. Il s’agit en majorité d’hommes (plus affectés par cette maladie en général).

Les experts ont en revanche exprimé leur accord avec la conclusion des CDC : les bénéfices de la vaccination « surpassent toujours clairement les risques ». Par exemple, pour chaque million de garçons de 18 à 24 ans vaccinés, il est estimé que les vaccins permettent d’éviter 530 hospitalisations et 3 morts de la COVID-19, alors qu’ils sont susceptibles de provoquer une cinquantaine de cas de myocardites.

Le rapport entre bénéfice et risque pourrait toutefois changer pour certains groupes d’âge à mesure que davantage de cas de myocardites sont analysés.

Lire l’intégralité de l’article COVID-19 : des problèmes cardiaques chez des jeunes associés à deux vaccins.

Sur le même sujet :

La Presse le 23 mai : De rares problèmes cardiaques détectés chez de jeunes vaccinés
Reuters le 2 juin : Coronavirus: Israël voit un lien possible entre le vaccin Pfizer et un petit nombre de cas de myocardite
Journal de Montréal le 4 juin : Vaccination chez les jeunes: des scientifiques tirent la sonnette d’alarme
LCI le 18 juin : Lien possible entre Pfizer et de rares cas de myocardites chez de jeunes adultes

Recommandations internationales
Le 27 août, la Dre Theresa Tam déclarait que
« Un nombre de cas plus élevé de myocardite et de péricardite fut signalé récemment à la suite d’immunisation avec le vaccin anticovidique de Moderna à comparer au vaccin de Pfizer-BioNTech ».
Durant la période de questions le 24 septembre, elle a précisé que, chez les jeunes adultes, les cas de myocardites observés après la vaccination au Canada sont de 1/100 000 pour Pfizer et 2/100 000 pour Moderna. La plupart des jeunes concernés s’en sont bien rétablis. Regarder la vidéo de 42 à 45 minutes.

Le 29 septembre 2021, le gouvernement ontarien a annoncer recommander le vaccin Pfizer-BioNTech pour les personnes de 18 à 24 ans, en raison de l’augmentation des cas de myocardite et de péricardite particulièrement observée chez les hommes de ce groupe d’âge. Entre juin et août, le risque de myocardite et de péricardite après une deuxième dose du vaccin de Moderna chez les hommes âgés de 18 à 24 ans était de 1/5 000, contre 1/28 000 pour Pfizer-BioNTech. Le gouvernement ontarien a déclaré que cet effet secondaire est toujours considéré comme rare et la majorité des cas sont bénins. La plupart surviennent dans la première semaine après avoir reçu la deuxième dose du vaccin et sont traités avec des médicaments anti-inflammatoires. Lire l’article Cas de myocardite et de péricardite | Le vaccin Pfizer recommandé pour les jeunes adultes en Ontario.

Le 1er octobre, le Conseil des médecins hygiénistes en chef (CMHC) a apporté des précisions concernant l’état de connaissance au sujet du risque de myocardite et de péricardite, extraits :

« Les cas de myocardite ou de péricardite liés aux vaccins se produisent plus souvent chez les adolescents et les adultes de moins de 30 ans, sont plus courants chez les hommes que les femmes, et se manifestent plus fréquemment après la deuxième dose d’un vaccin à ARNm qu’après la première dose. La plupart des cas surviennent dans les sept jours suivant la vaccination. »
« Les données disponibles indiquent que la majorité des personnes affectées, même en cas d’hospitalisation, présentent des symptômes relativement légers de la maladie, qu’elles réagissent bien au traitement conservateur et qu’elles se rétablissement rapidement. Il est également important de noter que le risque de complications cardiaques, ce qui comprend la myocardite, s’est révélé considérablement accru à la suite d’une infection par le SARS-CoV-2, et qu’il est plus élevé suivant une infection que la vaccination. »

Le 6 octobre, la Suède a suspendu « par précaution » le vaccin anti-COVID de Moderna pour les moins de 30 ans en raison d’un risque d’inflammation cardiaque chez les jeunes, dont la probabilité reste toutefois « minime ». Le Danemark et la Norvège ont eux aussi clarifié l’emploi du vaccin Spikevax, le nom du vaccin de Moderna, désormais formellement déconseillé pour les moins de 18 ans. Lire l’article La Suède suspend le vaccin Moderna pour les moins de 30 ans.

Lire aussi Covid-19 : 5 minutes pour comprendre la suspension de Moderna chez les jeunes dans les pays scandinaves.

Interrogée le 8 octobre à ce sujet, Dre Theresa Tam a indiqué des observations similaires de cas plus fréquents de myocardites après la seconde dose de Moderna chez les jeunes adultes, majoritairement les hommes (chez les 12-17 ans, Pfizer a été autorisé en premier et donc davantage administré). Toutefois, le CCNI ne remet pas en question sa recommandation, les cas étant très rares et une efficacité supérieure du vaccin Moderna par rapport à Pfizer ayant également été observée, l’analyse des coûts-bénéfices semble balancée. Il demeure que cette information des coûts et bénéfices devrait être présentée à tous les jeunes adultes afin qu’ils fassent un choix éclairé (écouter à 44’20 de la vidéo Prévisions fédérales actualisées relatives à la COVID-19).

Le 29 octobre, l’agence américaine du médicament (FDA) a annoncé à Moderna retarder l’approbation de son vaccin contre la COVID-19 pour les adolescents, afin de se donner le temps de mieux évaluer les risques de myocardite.

Début novembre, les résultats d’une étude française « cas-témoins » ont confirmé les rapports de pharmacovigilance :  les vaccins à ARNm augmentent le risque de survenue de ces maladies dans les 7 jours suivant la vaccination. Ces risques apparaissent plus marqués, même s’ils sont peu élevés, chez les hommes de moins de 30 ans, en particulier après la deuxième dose de Moderna.
« Quand on met en balance l’efficacité des vaccins contre les formes graves de la COVID-19 (évaluée à environ 90 %) et ces risques existants, mais peu fréquents, et à l’évolution favorable, le rapport bénéfice-risque des vaccins n’est pas remis en cause », assure à l’AFP Mahmoud Zureik, directeur de la structure Epi-Phare.
Suite à la publication de ces résultats, le 8 novembre, la Haute autorité de santé en France (HAS) a déconseillé le recours au vaccin Moderna pour les moins de 30 ans.