Retour sur «COVID-19 : des réponses à vos questions»

Fin de la prime COVID : Inquiétudes de milieux de vie

Avec la quatrième vague de la COVID-19 qui commence à perdre un peu de vigueur au Québec, les organismes communautaires d’hébergement redoutent un retour à la normale. Leurs employés perdront progressivement les primes offertes durant la pandémie, sans aucune autre compensation.

Alors que Québec multiplie les incitatifs pour ramener les travailleurs de la santé dans le réseau public, le milieu communautaire craint un exode qui pourrait les obliger à fermer des ressources sur lesquelles compte pourtant le gouvernement.

« On ne peut pas faire comme un restaurant et dire : on manque de personnel, on ferme le lundi et le mardi! Nous c’est du 24 sur 24, sept jours sur sept », nous explique Michel Coutu, président du conseil d’administration des Maisons d’à côté, dans Lanaudière.

« Si on est en rupture de services, on est obligés de dire au CISSS de venir chercher les résidents et de les prendre en charge. » – Michel Coutu, président du conseil d’administration des Maisons d’à côté

Il s’agit de résidences pour des gens lourdement handicapés qui, autrement, se retrouveraient hébergés dans des CHSLD bien qu’ils soient jeunes. Il n’existe que neuf organismes communautaires au Québec pour ce genre de clientèle.

Une dixième résidence doit bientôt ouvrir ses portes à Joliette, mais le projet est compromis, selon M. Coutu : « On va avoir trop de difficulté à recruter. L’écart de salaire peut aller jusqu’à 8 $ de l’heure comparativement au public. »

« Quand les gens viennent chercher un peu d’expérience ici et qu’ils vont ensuite frapper à la porte du CISSS, dit-il, c’est sûr qu’ils se font prendre. »
Plaidoyer pour garder la prime COVID
Martine Lavallée et Claude Baker, deux préposés aux bénéficiaires des Maisons d’à côté, ont choisi de rester, même si une baisse salariale importante les attend quand les primes liées à la pandémie disparaîtront.

Cependant, ils exhortent le gouvernement à trouver une compensation pour assurer leur relève. Le fardeau sur leurs épaules est lourd : trouver un remplaçant n’est pas simple s’ils doivent s’absenter.

« Pourquoi ne restent-ils pas? C’est à cause du salaire, c’est juste ça! La prime COVID, on en a besoin! On ne pourra pas redescendre de 4 $, c’est trop! Tout le monde va vouloir partir! », s’inquiète Mme Lavallée. « Sans la prime, ça nous prendrait vraiment une source monétaire autre », renchérit son collègue Claude Baker.

Alors que les négociations dans le réseau public ont permis de trouver des alternatives aux primes temporaires liées à la COVID, le milieu communautaire a l’impression d’être oublié.

« C’est comme si le coût d’un service dans un organisme communautaire pouvait se faire au rabais comparativement à ce qui se fait dans le réseau. Beaucoup de personnes vont venir travailler ici parce qu’elles aiment ça, mais les gens ont aussi des contraintes financières et des familles à nourrir », déplore Michel Coutu.

Le gouvernement a refusé notre demande d’entrevue, mais le cabinet du ministre Lionel Carmant nous écrit : « Les établissements vont poursuivre les discussions avec les ressources concernées sur la façon la plus appropriée de maintenir les services dans les milieux communautaires en hébergement. Notre priorité est d’assurer des soins de qualité aux résidents. »

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