Efficacité du confinement : Résultat d’une étude économétrique

Le service économique de la Banque Nationale a comparé l’impact du confinement sur la propagation du virus dans 30 pays, à l’aide d’une analyse de régression économétrique.

Son constat: le confinement n’est pas le seul facteur qui explique les écarts dans le nombre de décès des pays et, conséquemment, un nouveau confinement généralisé est à proscrire lors d’une deuxième vague.

Essentiellement, quatre variables expliquent la différence entre le nombre de décès par million d’habitants dans les divers pays, ont constaté les auteurs Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme.

  • Le degré de confinement (1) explique 31 % des différences de décès entre les 30 pays.
  • Le nombre plus ou moins important de touristes : 18,5 %.
  • Le niveau de vie des pays (PIB par habitant) : 17,3 %.
  • Le nombre de lits d’hôpital : 16,5%
  • Le nombre d’aînés en CHSLD : 16,5 % (2).

Aujourd’hui, on sait que ce sont les personnes âgées qui sont les principales victimes de la COVID-19 (81 % des décès sont chez les 65 ans et plus), ce qui n’était pas le cas de la grippe espagnole, en 1918, qui frappait bien davantage les gens de 45 ans et moins (87 % des décès).
Un confinement à la dure de l’économie et du marché du travail n’est pas souhaitable dans le contexte où la mortalité touche essentiellement les personnes de 65 ans et plus, dont la plupart ne travaillent pas, dit Stéfane Marion, économiste en chef de la Banque Nationale.
L’économiste propose plutôt un confinement chirurgical et des mesures gouvernementales d’aide spécifique à certains secteurs, plutôt que généralisées. De plus, bien sûr, il juge que des ressources doivent être davantage canalisées vers la protection des personnes plus âgées, comme celles dans les CHSLD et les résidences pour aînés.
Ainsi, la population vulnérable pourra être protégée et les effets pervers du confinement seront évités, croient les auteurs.
Stéfane Marion rappelle que le taux d’emploi est de 52 à 53 % actuellement au Canada, contre plus de 60 % avant la COVID-19. Or, en bas de 55 %, un État n’est pas en mesure d’honorer son contrat de sécurité sociale, car les contribuables ne sont pas assez nombreux pour le financer avec leurs impôts et leurs taxes, dit-il.

1. Le degré de confinement est mesuré par l’indice de mobilité de Google.
2. Pour les experts, précisons que le coefficient de détermination de cette régression (R carré) est de 0,91 (le maximum est 1), ce qui est très élevé et donc très bon.

Consulter l’étude.

Pour visualiser l’impact des différents confinements, consulter l’animation de l’Institut économique de Montréal : Est-ce que les confinements sévères sont vraiment efficaces?

Publié le: mercredi 08 juillet 2020
Dernière mise à jour: mardi 14 juillet 2020 à 23:27