Des problèmes de transport scolaire ont assombri la rentrée de centaines de familles. Et ce sont les parents d’élèves en situation de handicap qui ont été les plus touchés par la situation.
Malgré l’entente conclue entre Québec et la Fédération des transporteurs par autobus (FTA) il y a plus d’une semaine, de nombreux autobus jaunes et berlines scolaires manquaient à l’appel lundi, à Montréal. Le casse-tête était particulièrement éprouvant pour les parents d’enfants en situation de handicap.
Lundi matin, 917 élèves n’ont pas pu prendre leur autobus scolaire pour se rendre en classe.
Ne s’étant pas entendu avec deux de ses transporteurs, le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) a invité les parents à prévoir des solutions de rechange, « un plan B », pour reconduire leur enfant à l’école. Les courriels ont été envoyés dimanche soir, soit la veille de la rentrée scolaire.
Pour les parents dont les enfants fréquentent des écoles spécialisées, souvent situées à plusieurs kilomètres du domicile familial, la situation a été particulièrement « anxiogène » et compliquée.
« On a dû traverser toute la ville de Montréal pour nous rendre à l’école, sans savoir si nous aurions des autobus pour le retour. C’est très chaotique ce qui se passe et c’est beaucoup de stress », a commenté Isabelle Perrin, mère de Thomas, 18 ans, atteint de déficience intellectuelle.
Il a donc fallu plus de deux heures pour emmener son fils à l’école spécialisée Irénée-Lussier, dans le quartier Hochelaga, avant de retourner travailler à son domicile, dans l’arrondissement d’Ahuntsic.
« Nous n’avons eu aucune information. Aucun autobus n’est passé. Aucun coup de fil. C’est impossible pour nos enfants de prendre les transports en commun tout seuls. On ne peut pas non plus les garder à la maison lorsqu’on travaille. On est bloqués. » – Isabelle Perrin, mère d’un jeune en situation de handicap
Mme Perrin explique qu’elle a également proposé de récupérer en covoiturage deux autres jeunes handicapés pour les emmener à l’école, lundi matin, afin d’aider des parents se trouvant dans la même situation qu’elle.
« Un service essentiel »
Il y a l’incertitude, le manque de communication et les « crises à gérer », raconte de son côté Geneviève Masson, mère de trois enfants, dont deux jumeaux de 6 ans. Ceux-ci sont atteints de déficience intellectuelle et sont scolarisés à l’école Saint-Pierre-Apôtre, dans l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.
Selon Mme Masson, le transport scolaire adapté pour les enfants handicapés n’est pas une option, « c’est un service essentiel » et prioritaire.
« On ne peut pas nous prévenir la veille pour le lendemain. Ce sont des enfants sensibles et vulnérables. Ils ne comprennent pas toujours les changements et ils ont besoin de services adaptés. Tout ça nous met dans des situations très compliquées. » – Geneviève Masson, mère de jumeaux en situation de handicap
Mme Masson explique notamment que l’un de ses fils a fait une crise dans la voiture en allant à l’école, lundi matin. « Cela peut être impressionnant et dangereux lorsque l’on conduit », explique-t-elle.
Lundi après-midi, le CSSDM a annoncé sur son site Internet que le service de transport scolaire sera assuré à l’ensemble des 6700 élèves véhiculés en autobus jaunes, berlines et transport adapté, et ce, dès le mardi matin.
« Manque de considération »
Malgré l’annonce du CSSDM, Anouk Lanouette-Turgeon, mère d’un jeune garçon de 11 ans atteint de trisomie 21, n’est pas rassurée. À l’heure d’écrire ces lignes, Mme Lanouette-Turgeon ne savait toujours pas à quelle heure elle devra préparer son fils et s’il y aura bel et bien un chauffeur pour venir le chercher. « Ce sont des enfants aux besoins spéciaux, je m’attends à ce qu’un chauffeur m’appelle. C’est très insécurisant pour tout le monde », commente-t-elle.
« Tous ces enfants ne sont pas acceptés dans les écoles de quartier. On doit faire des kilomètres pour les inscrire dans les quelques écoles spécialisées de Montréal. On n’a pas du tout le choix. Dès 5 ans, ces enfants passent presque trois heures par jour dans un autobus. » – Anouk Lanouette-Turgeon, mère d’un enfant en situation de handicap
Cette situation ne fait qu’accroître son désarroi face à l’administration. Narrant la fois où son fils a été oublié dans l’autobus, elle déplore le manque de considération apporté aux questions de handicap.
« S’il y avait des classes adaptées dans nos écoles de quartier, nous n’aurions pas à vivre tout ça », pense la mère de famille.