[Opinion] Faisons du Québec une société vraiment inclusive

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À la veille des élections, je souhaite, au nom de l’Association québécoise pour le loisir des personnes handicapées (AQLPH) et du réseau des Instances régionales de loisir pour les personnes handicapées (IRLPH), tenter de vous sensibiliser, futurs élus, aux réalités vécues par les personnes handicapées.  

Voici donc quelques enjeux liés à l’accès à la pratique de loisirs sur lesquels j’aimerais attirer votre attention:

Camps de jour, un accès à géométrie variable

Pour les jeunes en situation de handicap, l’accès à un camp de jour est non seulement essentiel à leur développement, mais également à la qualité de vie de leur famille. Or, ce qui nous apparaît comme une évidence est loin d’être acquis! Les enjeux entourant l’accès aux camps de jour sont multiples: financement des services, qualification du personnel, discrimination, pénurie de main-d’œuvre.

Certes, le programme d’assistance financière au loisir des personnes handicapées (PAFLPH) du ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) existe! Et il offre une aide qui permet de soutenir l’accompagnement en loisir. Le hic, c’est que depuis quelques années, les sommes allouées sont annoncées à quelques jours du début des camps, ou même parfois une fois la saison terminée, ce qui constitue, vous le comprendrez, un enjeu majeur pour la pérennité des services. Pourquoi ne pas procéder à l’annonce de ces sommes au moment des inscriptions, en mars de chaque année? Cette solution nous paraît si évidente et si simple. 

De plus, alors que les besoins en accompagnement augmentent chaque année, seulement 35% des demandes sont financées, et le nombre de candidats pour pourvoir ces postes diminue. Résultat: l’inclusion dans les camps de jour est de plus en plus difficile alors que le Québec se targue d’être toujours plus inclusif, et le sous-financement ne permet pas d’améliorer les conditions salariales des accompagnateurs, ce qui pourrait certainement attirer de nouveaux candidats.

Transport adapté

Participer à une activité de loisir n’est possible que si l’on peut s’y rendre. Ce principe peut paraître anodin, mais pour une personne vivant avec un handicap, il peut être un véritable casse-tête. À l’heure actuelle, la crise dans le milieu du transport adapté limite drastiquement l’accès aux loisirs. 

Plusieurs villes n’offrent le transport adapté que pour se rendre au travail, à l’école ou à des rendez-vous médicaux, alors que d’autres municipalités n’offrent même plus de transport. Le manque de chauffeurs et de véhicules adaptés, la lourdeur administrative et la perte de rentabilité des taxis ne sont que quelques-uns des facteurs liés aux enjeux de transport. 

Ce que nous proposons comme solutions: une hausse du financement et des actions concrètes permettant, entre autres, l’augmentation du nombre de véhicules adaptés dans les flottes de taxis et l’amélioration de l’accessibilité au transport collectif. 

Infrastructures adaptées…

Tout comme l’accès au transport, l’accessibilité physique aux infrastructures de loisir constitue un autre enjeu qui nous préoccupe. 

Aujourd’hui, il se construit encore des aires de jeu, des parcs, des gymnases, des bibliothèques, des salles de spectacle ou des centres communautaires qui ne sont pas accessibles. Il peut certes être complexe d’adapter des infrastructures existantes, mais quand il s’agit de nouveaux projets, plus d’efforts doivent être faits. Nous croyons que la solution à ce problème passe par une réglementation plus inclusive, plus de formation offerte aux promoteurs et aux constructeurs et un suivi plus étroit des projets de construction. 

La pratique du loisir, c’est une façon de s’exprimer, de s’épanouir et même de contribuer à la société autrement. L’offre de loisirs permet de développer la culture d’une société en plus d’être un vecteur économique et social. 

Mesdames et messieurs qui seront élus ce lundi 3 octobre, serez-vous sensibles à ces arguments? Et surtout, agirez-vous pour faire du Québec une société véritablement inclusive? 

Publié le 02 octobre 2022
Par Geneviève Bergeron, directrice générale de l’AQLPH et représentante du réseau des IRLPH