Un jour de vote sans anicroche

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La journée de vote a été tranquille dans plusieurs bureaux de vote lundi, et le processus s’est globalement déroulé rondement malgré le manque de personnel dans certaines circonscriptions. Des directeurs de scrutin ont en effet dû faire des pieds et des mains pour constituer leur équipe jusqu’à la dernière minute.

« Dimanche, c’était la catastrophe. On a eu de la misère à recruter. Les superviseurs de salle appelaient leur équipe, et le tiers se désistait », a raconté Claude d’Anjou, directrice de scrutin dans Mont-Royal–Outremont. Cette responsable, qui en est à ses sixièmes élections, a trouvé la situation « très frustrante » et y a perçu un « manque de civisme » des personnes qui s’étaient engagées.

« Je me promène dans un parc avec mon chien et j’aborde les gens pour leur demander s’ils veulent venir travailler [ce soir] », a ajouté Mme d’Anjou, à qui Le Devoir a parlé dans la journée de lundi. Le personnel était en nombre suffisant pour assurer le bon déroulement du vote pendant la journée : elle prévoyait plutôt que certains employés de cette circonscription montréalaise devraient dépouiller deux urnes après la fermeture des bureaux de vote.

Onze circonscriptions ont dû composer avec moins d’employés que prévu pour occuper les postes de scrutateur et de préposé. En plus de Mont-Royal–Outremont, il s’agit de Beauharnois, D’Arcy-McGee, Hull, Huntingdon, L’Assomption, Mégantic, Pontiac, Prévost, Terrebonne et Verdun. Dans chacune de ces circonscriptions, ce ne sont pas tous les lieux de vote qui sont touchés.

Dans la circonscription de Verdun, le directeur de scrutin Benoit Duval était à pied d’œuvre jusqu’à 21 h dimanche soir pour s’assurer d’avoir suffisamment de personnel. Sa banque de substituts était à zéro. Mais il a réussi à trouver une quinzaine de personnes, 382 personnes étant nécessaires pour assurer le bon fonctionnement du vote dans les 21 « endroits de gestion » dans la circonscription.

« On a travaillé fort », a-t-il laissé tomber. Pourquoi ces difficultés ? M. Duval a expliqué que des gens étaient embauchés, mais démissionnaient, sans que ce soit nécessairement lié à la COVID-19. « Il y a des gens qui, finalement, ne voulaient pas faire la formation. Ou qui ne nous rappelaient pas », a-t-il détaillé.

À l’échelle de la province, la situation n’a pas été aussi critique partout. « Au cours de la fin de semaine, ça a beaucoup bougé, des gens ont été embauchés », relevait lundi matin Gabriel Sauvé-Lesiège, porte-parole d’Élections Québec, se voulant rassurant. Les postes vacants sont pour la plupart des postes de substituts, selon lui.

Peu d’attente

Élections Québec a revu le travail de son personnel en début de journée afin de réduire les désagréments pour les citoyens. Différents groupes d’électeurs ont pu être regroupés à une même table ou à une même urne. Certains employés ont été affectés à de nouvelles tâches plus essentielles. Et pour la première fois, l’organisation a fait appel à du personnel âgé de 16 et 17 ans.

À Sainte-Foy, par exemple, ce sont justement des adolescents de 16 et 17 ans qui ont fait fonctionner les bureaux de vote au collège des Compagnons. Ils accueillaient les citoyens et les citoyennes, vérifiaient l’identité des électeurs et des électrices, biffaient leur nom sur les listes électorales et veillaient au bon déroulement du vote.

Élections Québec demandait depuis sept ans la permission d’engager des employés de moins de 18 ans pour soulager la rareté des volontaires, mais ce n’est qu’en décembre dernier qu’une modification à la Loi électorale a rendu leur embauche possible.

Lors du passage du Devoir dans plusieurs bureaux de vote lundi dans la journée et en soirée dans Verdun, Outremont, le Mile-End, Villeray et Maurice-Richard, l’attente était courte et les électeurs circulaient de manière fluide vers les bureaux de vote.

Émilie Lanthier, une trentenaire du quartier, avait « hâte » de voter dans Verdun, où une lutte à trois se dessinait entre le Parti libéral du Québec, la Coalition avenir Québec et Québec solidaire. « J’ai l’impression qu’une vague de changement se prépare. Je ne gagne jamais mes élections, ni au provincial ni au fédéral, donc je vote avec mon cœur », a-t-elle expliqué.

« On a vu de l’acharnement sur certains thèmes dont on est tannés d’entendre parler, observait quant à elle Lorraine Rouisse, une électrice plus âgée rencontrée devant le centre communautaire Marcel-Giroux. Pendant qu’ils se chicanent, je n’ai pas eu l’impression de savoir quels sont les éléments importants de leur plateforme. Je devais donc aller voir sur leur site Internet. »

Catherine Parent-Gibbard était de son côté surprise du peu d’attente dans le bureau de scrutin, contrairement aux élections fédérales d’il y a un an. Elle confie avoir hésité pendant toute la campagne avant de décider pour qui elle allait voter. « Je savais pour qui je voulais voter, mais je me demandais si je changeais mon vote pour voter stratégiquement dans le but de bloquer la CAQ », a-t-elle confié.

Le directeur de scrutin Benoit Duval a expliqué que c’est plutôt lors du vote par anticipation que l’attente s’est fait sentir. Vingt-cinq pour cent des électeurs de la circonscription de Verdun avaient voté à ce moment. « Les gens se sont bousculés à ce moment. Pour la journée des élections, c’est plus tranquille », a-t-il dit.

Questionné par Le Devoir après la fermeture des bureaux de vote sur le bilan de la journée, Élections Québec a indiqué qu’il n’y avait pour l’instant « rien à signaler », mis à part une panne de courant qui a touché des bureaux de vote à Montréal en début de soirée. « Le vote a été interrompu dans deux lieux de vote dans Notre-Dame-de-Grâce, a souligné le porte-parole Gabriel Sauvé-Lesiège. Les électeurs qui étaient en file avant 20 h ont pu voter. »

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Publié le 04 octobre 2022
Par Alexis Riopel & Anne-Marie Provost Avec Sébastien Tanguay