[Lettre ouverte] L’inclusion: une responsabilité collective

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Est-ce qu’un enfant de 2 ans ayant besoin de soutien particulier devrait recevoir les mêmes chances de se développer qu’un autre jeune du même âge?
La question peut paraître choquante tellement la réponse semble évidente et unanime pour tous. Pourtant, actuellement, la réponse à cette question est non. Cet enfant de 2 ans n’aura pas accès aux mêmes opportunités en raison de ses besoins, de ses particularités. Une réalité qui est discriminatoire et à laquelle sont confrontées plusieurs familles, comme indiqué dans le récent rapport de l’Observatoire portant sur les tout-petits ayant besoin de soutien particulier.

Les enjeux soulevés dans le rapport nous interpellent. Nous constatons effectivement que la longue attente pour obtenir des services du réseau de la santé et le soutien nécessaire pour répondre aux besoins d’un enfant en service de garde entraînent des conséquences importantes. Aucun enfant ne devrait attendre aussi longtemps avant de recevoir des services d’un professionnel de la santé, ou même se voir refuser une place ou obtenir un service moindre en milieu de garde à cause de son retard. En plus de ces délais inacceptables pour une société qui se dit vouloir agir tôt, ces enfants font face à plusieurs préjugés. On le compare et l’on perçoit alors ses difficultés avant même de le considérer avant tout un enfant unique, comme tous les enfants!

À qui revient la responsabilité de l’inclusion de ces tout-petits en service de garde?
En tant que citoyen, nous avons tous une responsabilité afin de favoriser l’égalité des chances et accueillir la différence. C’est une responsabilité partagée tant par le parent, le personnel en service de garde, le réseau de la santé, le ministère de la Famille ainsi que tous les autres intervenants impliqués auprès de l’enfant.

Cela fait plus de 30 ans que notre concertation regroupe une diversité d’organisations concernées par l’inclusion. Bien que les ressources humaines et financières soient importantes pour répondre adéquatement aux besoins des enfants, nous constatons qu’il est tout aussi primordial d’améliorer les pratiques intersectorielles. Les situations rapportées par nos membres démontrent qu’encore aujourd’hui, il y a une grande confusion quant aux rôles de chacun.

En 2021, notre concertation a produit un rapport recommandant des pistes d’amélioration à l’intention des décideurs et des actrices et acteurs impliqués dans le processus d’intégration des enfants. La principale recommandation pour offrir une chance égale pour tous les enfants est de mettre en place des mécanismes de collaboration et établir des communications fluides entre les acteurs impliqués par le biais d’ententes, d’arrimages et de partenariats. Il faut instaurer un partage des responsabilités visant le bien-être de l’enfant et mettre à profit l’expertise de chacun pour mieux soutenir les tout-petits.

Les décideurs doivent agir pour y parvenir!
Le gouvernement doit dès aujourd’hui mettre en place une entente cadre basée sur la réalité terrain qui permettrait entre autres de clarifier les rôles et responsabilités de chacun, d’établir des canaux pour le transfert d’information entre les services éducatifs à l’enfance, le réseau de la santé, les parents et l’école. Le travail en silo appartient à une autre époque. Il est temps de miser sur une approche centrée sur les besoins de l’enfant, de valoriser des pratiques sensibles aux différences et de soutenir vraiment la collaboration interprofessionnelle et intersectorielle.

Il faut rapidement agir collectivement, c’est ensemble qu’on peut construire une société plus juste et inclusive dès la petite enfance !