Philanthropie: Nouvelles tendances & Appel à un renouvellement de culture

Dans l’actualité cette semaine, Le Devoir et Les Affaires ont consacré un dossier spécial à la philanthropie, tandis que le RIOCM organisait une journée de réflexion afin d’identifier des solutions pour agir concrètement sur les conditions de travail dans le milieu communautaire, à laquelle une soixantaine de personnes représentants des bailleurs de fonds montréalais privés et publics et des partenaires financiers ont participé.

Aperçu des dossiers de presse

Évolution des dons

La nouvelle édition de l’étude sur les tendances en philanthropie, produite par Épisode, révèle que « le nombre de donateurs est en baisse depuis 10 ans au Québec bien que l’argent dédié à la philanthropie s’accroisse », ce qui témoigne des « inégalités qui se creusent », confie la directrice des études d’Épisode. Cela signifie que moins d’individus déterminent ce qui est financé dans la société et c’est là que les plus petits dons prennent toute leur importance, poursuit-elle, car ils permettent de diversifier leur origine.

Aussi, les organismes philanthropiques ayant les moyens financiers de « se mettre en avant » sont aussi ceux qui reçoivent le plus de dons, ce qui peut également accroître les inégalités. Les « petits donateurs » ont justement le pouvoir non seulement de réduire cet écart, mais aussi de réduire le risque, car « un grand donateur peut décider [à tout moment] de se tourner vers une autre cause ».

Source : L’apanage des plus fortunés, la philanthropie?

Évolution des besoins et des approches

Le monde de la philanthropie est directement touché par les grands changements de société : le poids démographique, l’économie, les avancées technologiques ou les défis sociaux et politiques. Comment une fondation doit-elle s’adapter à tous ces changements ?

Claude Pinard, PDG de Centraide du Grand Montréal, a récemment tenu un discours incitant au renouveau, appelant à l’implantation d’un modèle basé sur la « philanthropie catalytique (…) : penser comment on est capables d’intervenir à des moments clé dans la vie d’un projet, d’un organisme, dans le but de catalyser les bons changements. Par exemple, c’est de réfléchir à quelles sont les sources de la pauvreté et agir à ce niveau-là. Pour ça, il faut briser les silos et amener tout le monde autour de la table. Il n’y a personne qui aura la solution tout seul. » Pour Claude Pinard, le changement de culture doit nécessairement passer par l’abandon du paradigme axé sur la subvention. « On doit arrêter d’être des bailleurs de fonds et on doit se transformer plutôt en acteurs du changement », dit le PDG. « Centraide est le deuxième investisseur sociocommunautaire, après le gouvernement, sur l’île de Montréal », affirme-t-il.

La philanthropie joue un rôle de société majeur et essentiel. Dans les années à venir, les besoins seront encore plus grands. Si les ressources financières disponibles pour la philanthropie ne croissent pas au même rythme, l’innovation est une des solutions qui permettra de réduire l’écart.

Sources : Les défis de la philanthropie de demain / Le secteur philanthropique cherche son nouveau souffle

Exemples

  • Le Centre Marcelle et Jean Coutu à Laval, dont la subvention par le PSOC ne permet pas de couvrir les coûts de l’ensemble des activités. Lire : Personnes en situation de handicap: s’adapter pour répondre à des besoins criants.
  • Futur écoquartier Namur-Hippodrome : la mise sur pied du Groupe d’accélération pour l’optimisation du projet de l’Hippodrome a favorisé la collaboration et les solutions concrètes. Lire : Logement: pour un grand Montréal inclusif et sans pauvreté.
  • La Fondation du Grand Montréal a créé un fonds philanthropique éthique qui respecte les valeurs des donateurs. Lire : Virage majeur vers l’investissement éthique.
  • Mutualiser les ressources : une tendance grandissante depuis la pandémie. Lire : Mutualiser les ressources pour mieux soutenir la communauté.
  • Des initiatives en assurance, en planification financière et en dons d’entreprises visent à favoriser la régularité des dons. Lire : Trois initiatives philanthropiques viennent changer la donne.
  • Impacts des assouplissements fédéraux de 2018 et enjeux des modifications de 2022 (les fondations sont désormais autorisées à distribuer des fonds à des « donataires non reconnus », autrement dit à des OBNL qui ne sont pas des OBE ou des hôpitaux) qui visent à encourager davantage l’action des fondations en matière de politiques publiques. Lire l’article La bienfaisance veut peser dans le débat public.

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Publié le 11 mai 2024