Midi du CREMIS : Résilience climatique et handicap

DéPhy Montréal a assisté, le 22 mai dernier, à la conférence organisée par le Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales (CREMIS), au cours de laquelle Sébastien Jodoin, professeur agrégé à la Faculté de droit de l’Université McGill, a présenté une réflexion sur l’inclusion des personnes en situation de handicap dans les politiques climatiques. Cet échange a permis de mettre en lumière certains angles morts de l’adaptation climatique et la nécessité de repenser les approches actuelles.

Alors que les politiques climatiques se multiplient en réponse à l’intensification des événements météorologiques extrêmes, peu d’entre elles prennent en compte la réalité des personnes en situation de handicap. Or, ces personnes peuvent être plus exposées aux risques, non en raison de leur déficience, mais en raison des obstacles sociaux, économiques et environnementaux qui limitent leur accès à la sécurité, aux services ou à l’information.

Sébastien Jodoin s’appuie sur le modèle social et relationnel du handicap, selon lequel l’exclusion résulte d’un environnement inadapté plutôt que de la déficience elle-même. Cette perspective permet de reconsidérer les enjeux de résilience climatique à travers le prisme de l’accessibilité.

Deux exemples ont été présentés. Lors de la vague de chaleur de 2021 en Colombie-Britannique, les personnes ayant un handicap figuraient de manière disproportionnée parmi les victimes, dans un contexte où l’accès aux soins avait été perturbé. À Montréal, pendant la canicule de 2018, 25 % des personnes décédées vivaient avec la schizophrénie. Ces décès ont été associés à divers facteurs, notamment la mauvaise isolation des logements, le manque d’espaces verts, la précarité, ou encore les effets de certains médicaments sur la régulation de la température corporelle. Ces situations illustrent la nécessité de mieux anticiper les risques pour les populations les plus exposées.

Le message principal est le suivant : l’adaptation climatique soulève des enjeux d’équité et de responsabilité collective. Il importe de mettre en place des mesures d’urgence accessibles, de développer des interventions spécifiques aux réalités vécues par les personnes en situation de handicap, et d’intégrer cette dimension dans les analyses de vulnérabilité.

La discussion a permis de faire ressortir plusieurs constats :

  • des lacunes importantes subsistent dans la recherche actuelle ;

  • une meilleure communication est nécessaire auprès des décideurs pour que la question du handicap soit systématiquement prise en compte ;

  • certaines mesures d’adaptation devraient être intégrées de manière structurelle, sans dépendre uniquement d’initiatives ciblées ou ponctuelles.

Une approche inclusive de l’adaptation climatique contribue à la sécurité, à la santé publique et au respect des droits de l’ensemble de la population.

Publié le 23 mai 2025