Améliorer l’accessibilité des transports en commun aux personnes aveugles et malvoyantes, c’est l’ambition de la charte signée par la RATP et Ile-de-France mobilités le 5 juin 2024. Une série d’actions concrètes pour voyager librement !
« Des transports en commun plus accessibles aux personnes déficientes visuelles ! » C’est la promesse formulée par la RATP et Ile-de-France mobilités (IDFM), qui signent une charte dédiée, le 5 juin 2024, au sein de l’Institut national des jeunes aveugles (INJA). Objectif ? Améliorer le quotidien de près d’1,7 millions de Français.
Des réponses « concrètes et réalistes »
« On a tenté d’apporter des réponses les plus réalistes possibles aux revendications des personnes », affirme la Régie autonome des transports parisiens. Pour ce faire, cette charte a été construite avec la Confédération française pour la promotion sociale des aveugles et amblyopes (CFPSAA). Elle s’organise autour de trois axes majeurs : la gouvernance, les domaines où l’accessibilité a besoin d’être améliorée et les initiatives concrètes « pour aller encore plus loin ». Ainsi, elle fixe une série d’engagements « ambitieux et concrets », associés à des « échéances précises », afin de permettre à ces voyageurs à besoins spécifiques de « se repérer facilement et de voyager librement ». Un « bond en avant important pour ce public », se félicite le cabinet de la ministre déléguée au Handicap, Fadila Khattabi.
Améliorer l’orientation et l’accueil des voyageurs
Les signataires s’engagent à progresser dans quatre « grands domaines » : l’accessibilité des outils numériques, le repérage des stations, gares et arrêts ainsi que l’orientation et l’information aux voyageurs sur les quais. Selon la RATP, cette charte met également l’accent sur « le facteur humain » via le renforcement de la formation de tous les agents en contact avec le public sur les spécificités du handicap visuel. « C’est l’objet de la certification Cap’handéo qui est aujourd’hui appliquée sur toutes les lignes de métro et de RER et a vocation à s’étendre plus globalement dans le réseau », ajoute-t-il.
Balises sonores adaptées
Cette charte se veut « ancrée dans le vécu des voyageurs » avec « des avancées claires et identifiables à court terme et à plus long terme ». Quelques exemples ? S’assurer du guidage adapté vers l’entrée des stations de métro grâce aux balises sonores déjà déployées, d’ici la fin 2024, puis achever leur déploiement dans toutes les stations, lorsqu’elles n’en sont pas encore équipées, d’ici 2027. « Ces équipements, activables par une télécommande universelle que possèdent de nombreuses personnes déficientes visuelles, annoncent le nom des stations, précise la RATP. Il faut s’assurer qu’elles sont réglées au bon niveau sonore, ce qui n’est pas toujours le cas », poursuit-elle, évoquant des « enjeux avec les riverains qui peuvent trouver cela trop bruyant ».
500 manchons en braille
Les signataires s’engagent également à équiper les mains courantes des escaliers de manchons en braille pour toutes les stations monolignes des lignes 9 et 10 et la station Duroc (L 10 et 13) d’ici les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Un retour d’expérience sera demandé aux associations avant une généralisation à toutes les stations après les Jeux.
Bandes podotactiles, nez de marche…
D’autres actions ? Vérifier que tous les quais de stations de métro et gares RER sont équipés de bandes d’interception podotactiles d’ici la fin 2024 puis généraliser leur déploiement d’ici 2028. Poursuivre la mise aux normes des escaliers dans les stations via la mise en place de bandes d’éveil de vigilance, nez de marche… Diagnostic prévu en 2024 puis priorisation en 2025 et déploiement d’ici 2028. Par ailleurs, la charte souhaite améliorer l’information relative au temps d’attente et aux terminus, notamment dans le cas de lignes à fourche, d’ici 2024 pour que de nouvelles solutions adaptées soient déployées au premier trimestre 2025.
Plus de sonorisation !
Dans le viseur de la RATP également, les automates de vente non sonorisés seront remplacés par des équipements « nouvelle génération » dotés d’une interface vocale. « Toutes les stations de métro et gares RER en seront équipées d’ici 2027. » Enfin, elle annonce le déploiement d’un dispositif de sonorisation du nom des stations de métro sur les lignes qui ne disposent pas encore de cette fonctionnalité (3bis, 7, 7bis, 8, 10, 12) avant le renouvellement complet du matériel roulant prévu entre fin 2025 et fin 2035. Et en attendant ? « Une solution applicative, grâce à laquelle le nom des stations sera accessible via une application mobile, est prévue dès cet été, pour les JOP, avant une solution physique », répond la RATP.
Une charte évolutive
Elle évoque également la multiplication des panneaux en gros caractères pour s’orienter vers les différentes lignes de métro, mais aussi des bornes d’appel ou encore des éclairages plus adaptés… « Plein d’équipements à généraliser et à maintenir dans le temps surtout », l’idée étant de s’inscrire « dans une dynamique d’amélioration continue », selon les deux partenaires. En effet, « cette charte n’est pas figée, elle est évolutive et a vocation à s’enrichir au fil du temps », insistent-ils. Ainsi, elle sera réexaminée tous les ans pour évoquer les avancées et réorientations envisageables. Premier bilan prévu fin 2024. « Pour chaque action, les associations seront sollicitées pour réaliser des tests d’usage », martèlent la RATP et IDFM.
Les Jeux, un booster d’accessibilité
Au-delà de l’accessibilité des transports en commun, cette initiative s’inscrit dans une volonté de renforcer l’accueil des personnes handicapées dans les aéroports parisiens et de faciliter leurs déplacements via des transports individuels, puisque le nombre de taxis accessibles passera de 200 à 1 000 après les JOP. « L’objectif est de marquer un tournant dans la manière dont notre société tient compte des personnes handicapées, quel que soit le type de handicap », conclut le ministère des Transports.
© Emmanuelle Dal’Secco