Campagne électorale: les personnes ayant une déficience intellectuelle sont oubliées par les chefs

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Depuis le début de la campagne électorale, un constat s’impose : les personnes en situation de handicap, dont les personnes ayant une déficience intellectuelle, sont encore une fois les grandes oubliées des promesses des différents partis. Pourtant, les besoins sont grands et le sentiment d’urgence est bien présent chez les personnes et les familles.

Si la pandémie a été difficile pour tout le monde, force est de constater que les personnes en situation de handicap ont vécu un ensemble de difficultés additionnelles : coupures de services essentiels, isolement social et oubli systématique dans les communications gouvernementales ne sont qu’une petite partie des obstacles qui se sont ajoutés à ceux avec lesquels les personnes vivent habituellement. 

Bien entendu, il serait erroné de croire que la situation était acceptable avant la pandémie. Les personnes ayant une déficience intellectuelle et leurs familles font face depuis plusieurs années à des services publics rationnés, organisés pour répondre à des impératifs comptables et axés sur une vision curative purement médicale. En ce sens, l’absence de considération et de mesures facilitantes pour ces personnes pendant la pandémie ont contribué à relever l’inaction de l’État fasse aux réalités auxquelles sont confrontées plus de 169 000 citoyens et citoyennes ayant une déficience intellectuelle au Québec, en plus de leurs familles. 

Nos services sociaux en lambeaux

Au sortir de cette pandémie qui s’éternise et dans cette période d’élections, il est important d’écouter le sentiment d’urgence des familles et des personnes qui n’ont plus de transport adapté; pour qui les services et activités de jour ont été réduits au minimum, forçant les familles à quitter leur emploi pour finalement se retrouver sur des listes d’attentes interminables pour accéder à ces services. En effet, nos services sociaux sont en lambeaux : le personnel est surmené, les gestionnaires essaient de « patcher » les situations comme ils le peuvent et les organisations communautaires s’arrangent avec les moyens du bord. C’était la triste réalité avant la pandémie, mais le fossé s’est creusé davantage. 

Au final, les familles se trouvent de plus en plus sollicitées pour pallier les manques du réseau en portant plusieurs chapeaux difficilement conciliables, mais malgré tout indispensables au développement des personnes ayant des besoins particuliers (éducateur spécialisé, enseignant, ergothérapeute, etc.). 

Un débat nécessaire

Le propre d’une campagne électorale est de demander des solutions simples à des problèmes complexes. Ce n’est pas ici l’objet de notre lettre. Au contraire, nous savons que ces problèmes prendront du temps à être réglés et qu’il faudra une réflexion de fond afin de rendre la société plus inclusive et mieux répondre aux besoins des personnes en situation de handicap. Nous demandons plutôt qu’une vraie discussion transpartisane ait lieu au cours de cette élection, mais surtout après, grâce à la tenue d’états généraux en déficience intellectuelle. Nous avons des solutions à proposer, il ne manque que la volonté politique de bien faire les choses. 

Il est plus que temps de reconnaître les besoins des personnes et des familles et de revoir le fonctionnement de notre réseau public afin de le rendre plus solide et pérenne. 

Publié le 13 septembre 2022
Par Amélie Duranleau, directrice générale de la Société québécoise de la déficience intellectuelle