Loin d’être un phénomène marginal, le handicap reste absent du discours politique. Pourtant, des remèdes existent pour maintenir l’autonomie et la participation sociale de tous et toutes.
Favorisons l’autonomie et la participation sociale
Nous sommes les canaris dans la mine. Nous vivons aujourd’hui ce que l’avenir vous réserve peut-être.
Nous sommes les personnes handicapées et à mobilité réduite, exclues de la société de mille et une façons. Les personnes que des marches empêchent d’entrer dans les commerces et les restaurants. Les personnes, souvent jeunes, que l’on interne dans des CHSLD (Centre d’hébergement et de soins de longue durée) parce qu’on ne veut pas leur fournir le soutien nécessaire à domicile. Ou encore celles qui doivent laisser passer plusieurs bus parce que les rampes d’accès ne fonctionnent pas.
Et si c’était vous?
Selon l’Office des personnes handicapées du Québec, près de 25% des personnes âgées de 65 ans et plus sont handicapées. Mais un accident ou une maladie entraînant des limitations fonctionnelles peut survenir à tout moment au cours de la vie. Marginalisé dans le discours politique, le handicap est loin d’être un phénomène marginal.
S’adapter à sa nouvelle vie de personne handicapée n’est pas chose facile. Vous perdez le privilège d’ignorer les nombreux obstacles qui surgissent sur votre chemin. Vous êtes soudain en butte aux préjugés et à la discrimination systémique. Vous devez lutter pour l’inclusion, mais vous avez souvent la fâcheuse impression de vous époumoner dans l’indifférence générale.
Des remèdes à mettre en place
Heureusement, des remèdes existent pour maintenir votre autonomie et votre participation sociale le moment venu. Les hommes et les femmes qui briguent les suffrages devraient s’y intéresser pour bâtir un futur qui n’exclut personne :
- Adopter une loi québécoise sur l’accessibilité universelle : le Québec accuse un lourd déficit d’accessibilité. Il est impératif de supprimer les obstacles pour garantir un accès équitable aux transports, logements, commerces, services, espaces publics, communications et sites Web. Des lois sur l’accessibilité existent au fédéral et dans cinq provinces (Ontario, Manitoba, Nouvelle-Écosse, Colombie-Britannique et Terre-Neuve-et-Labrador, en ordre d’adoption). La Saskatchewan s’apprête à légiférer.
- Accroître le financement du soutien à domicile pour les personnes handicapées : personne ne veut échouer dans un CHSLD, mais le personnel de soutien se fait rare, car il n’a aucune difficulté à trouver ailleurs des emplois mieux rémunérés. Pour stopper l’hémorragie, il faut garantir une rémunération égale à celle du réseau de la santé, et attirer davantage de ces travailleuses et travailleurs essentiels pour prêter main-forte.
- Supprimer le plafond du Programme d’adaptation de domicile (PAD) : la SAAQ (Société d’assurance automobile du Québec) et la CNESST (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail), elles, ne limitent pas les montants versés aux personnes accidentées de la route ou du travail pour adapter leur domicile.
- Ressusciter et améliorer le programme de logement social AccèsLogis : en pleine crise du logement, le sort de ce programme malmené depuis des années est incertain. Or il garantit qu’au moins 10% des nouveaux logements sont adaptables aux besoins des personnes handicapées. Quelques centaines de dollars de plus par unité nous en donneraient 100 %.
- Réinvestir massivement dans le transport adapté : ce service de transport en commun est secoué par une grave crise partout au Québec en raison notamment de la pénurie de chauffeurs de taxi. Malgré sa rigidité, il est essentiel aux déplacements quotidiens de dizaines de milliers de personnes à mobilité réduite.
- Garantir le financement de la mise en accessibilité du métro : offrir enfin à la population un réseau universellement accessible ne serait pas du luxe. Mais rien n’est garanti au-delà de seulement 30 stations sur les 68.
Il serait déraisonnable de laisser ces questions vitales sans réponse d’ici au scrutin. Les partis en lice doivent prendre des engagements concrets. Le 4 octobre, il faudra s’atteler à la construction d’un Québec plus inclusif.