Christine Parent, avec sa mère, Line, dans sa chambre de la toute nouvelle maison alternative de 72 chambres à Montréal. Photo Pierre-Paul Poulin
Une femme de 44 ans lourdement handicapée, qui redoutait d’aboutir dans un CHSLD, est soulagée d’avoir obtenu une chambre dans la première maison alternative de Montréal, un centre d’hébergement destiné aux adultes comme elle.
«Je ne me voyais pas être [en CHSLD] à l’âge que j’ai, mais je ne pouvais plus rester chez mes parents», explique Christine Parent, atteinte d’une paralysie cérébrale de naissance.
Elle vit à la maison alternative de Rivière-des-Prairies depuis moins d’un mois. Mais déjà, elle se sent chez elle dans sa chambre parsemée d’accessoires turquoise, sa couleur préférée.
72 chambres
Dérivées des maisons des aînés, les maisons alternatives sont des centres d’hébergement pour les adultes vivant avec un handicap, une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme.
Souvent bâties en parallèle d’une maison des aînés, avec une aile ou un bâtiment distinct, les 72 chambres de Montréal sont cependant les premières entièrement destinées à cette clientèle dans un bâtiment autonome.
Photo Pierre-Paul Poulin
Les chambres sont en «maisonnées» avec une cuisine, un salon, une cour extérieure, notamment, rappelant la colocation. L’idée est que les résidents se sentent chez eux, sans heures de repas ou de coucher fixes. Ils peuvent sortir à leur guise et rentrer aussi tard qu’ils le souhaitent.
Pas un Club Med
«On est quand même dans un centre d’hébergement […], pas un Club Med non plus», souligne la coordonnatrice Julie Belley.
Il s’agit quand même d’un milieu de soins, pour des résidents qui ne pourraient pas vivre seuls. Mais dans la mesure du possible, les employés s’ajustent aux besoins des résidents et non l’inverse.
Et Christine Parent le ressent. Elle raconte le sourire aux lèvres s’être mise à écrire un soir et n’a pas vu l’heure filer. «Oups!», dit-elle. Il était plus de 23h quand elle a sonné pour être mise au lit, bien plus tard que son heure habituelle.
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«J’ai déjà été obligée de me coucher à 20h30 ailleurs», se souvient-elle. Par le passé, elle a vécu dans différentes ressources intermédiaires et elle se souvient des horaires rigides et du manque d’employés qui l’obligeaient à attendre quatre heures pour aller aux toilettes.
Depuis la pandémie, elle sent sa santé faiblir et elle perd des forces. Sa mère, Line Parent, la trouvant parfois «laissée trop à elle-même» dans d’autres lieux d’hébergement, elle l’avait ramenée à la maison pendant deux ans, alors qu’elle s’occupait en même temps de son mari malade.
«Je crois que c’est la place qu’on attendait pour elle», estime Mme Parent, aujourd’hui veuve, à propos de la maison alternative.