«C’est un enfer» : les conducteurs de trottinettes sont-ils les pires chauffards de Paris ?

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BICLOU. Débarquées dans la capitale dès 2018, les trottinettes électriques en libre-service s’imposent de plus en plus sur les pistes cyclables parisiennes. Mais certains comportements dangereux excèdent les autres usagers. La mairie de Paris réfléchit tout bonnement à les interdire à la location dès 2023.

« Un enfer », « une catastrophe », « ils font n’importe quoi ». Il suffit d’interroger les Parisiens pour comprendre à quel point les trottinettes électriques suscitent les crispations de part et d’autre de la chaussée. Cyclistes, piétons et automobilistes s’entendent pour une fois sur ce point : les trottinettistes leur compliquent l’existence.

« Ils nous coupent la route, il faut toujours être attentif aux bêtises qu’ils vont faire », regrette Luc, un chauffeur de taxi chevronné. Andrée, une retraitée adepte des promenades dans le nord-est parisien prend de nombreuses précautions sur les trottoirs. « Ils prennent des virages où ils risquent de vous renverser ». « Ils sont suicidaires, ils veulent vraiment mourir », déplore Aïcha, une cycliste. Derrière elle, deux jeunes lancés à vive allure sur une trottinette en libre-service. « Ils ne savent pas que sans casque ils risquent de tomber et de se casser le cou ».

Si aucun chiffre ne permet pour l’heure de comptabiliser le nombre d’incivilités imputables aux adeptes de cet engin électrique, cette conduite à deux pullule sur les axes les plus fréquentés de la capitale. Touristes, couples, jeunes pressés, ils sont nombreux à économiser quelques euros en se serrant sur une étroite trottinette, rendant l’engin beaucoup moins manoeuvrable. Depuis quelques mois, il n’est plus rare non plus de croiser des parents blottis derrière de très jeunes enfants, la tête collée au guidon. Tracy, en vacances dans la capitale, se réjouit que sa fille trouve le déplacement « ludique », même si totalement illégale.

Si les adeptes de ces deux roues légers sont bien loin d’être les utilisateurs les plus meurtriers de la route, les mauvaises chutes sont en forte hausse en 2022. Maud Gatel, la présidente du groupe centriste au Conseil de Paris déplorait récemment dans nos colonnes le lourd bilan dressé par la préfecture de police de Paris. 337 accidents corporels ont été comptabilisés dans la capitale entre janvier et août 2022, contre 247 sur la même période en 2021. Si ce chiffre recense aussi les quelques accidents liés à d’autres engins de micromobilité, l’augmentation demeure néanmoins très nette et atteint presque 37 %. Une hausse d’autant plus inquiétante qu’une étude intégrée au bilan de l’accidentalité routière de 2021 pointe la prévalence particulièrement importante de lésions à la tête et au visage lors d’une chute à trottinette plutôt qu’à vélo.

Ces chiffres et comportements peu encourageants pourraient convaincre la mairie de Paris de bouter les opérateurs de trottinettes en libre-service hors de la capitale ces prochaines semaines, après quatre années sur le bitume francilien.

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Publié le 13 novembre 2022
Par Laura Wojcik