Cri du coeur de préposés qui demandent l’allègement des mesures sanitaires dans les CHSLD

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Des employés du Centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) Cooke à Trois-Rivières demandent à la santé publique de lever les mesures sanitaires en vigueur depuis le début de la pandémie de COVID. Ils jugent cette situation comparable à de la maltraitance.

Ces employés ont rédigé une lettre qui circule en ce moment dans les CHSLD de la région et qui invite les autres employés à la signer. Dans cette lettre, on peut lire ceci : Lorsqu’un résident reçoit un résultat positif à la COVID, il est aussitôt confiné à sa chambre. Si ce même résident partage sa chambre avec une autre personne, celle-ci se voit imposer les mêmes mesures. Nos personnes âgées en isolement ne reçoivent plus de bains ou de douches. [Elles] n’ont plus le droit de se rendre à la salle de bains. Le nombre de visiteurs est restreint au minimum et [les visites sont] même déconseillé[es].

Au début [de la pandémie], c’était normal et on le comprenait. Maintenant, depuis trois ans, le reste de la population vit avec. Ils voulaient que la population soit vaccinée; nos personnes âgées sont beaucoup plus vaccinées que le reste de la population. Mais les mesures n’ont pas diminué, c’est toujours aussi restrictif pour eux, explique une des deux préposées à l’origine de cette initiative, qui souhaite garder l’anonymat.

Les deux préposées font valoir qu’une partie des résidents vivent avec de lourds problèmes cognitifs et ne comprennent pas qu’ils doivent demeurer à l’intérieur de leur chambre. Ils n’ont pas le droit de sortir. La plupart d’entre eux regardent les murs toute la journée. Ça peut durer longtemps, l’isolement, témoigne une des deux préposées. Elles disent que plusieurs résidents n’ont pas de téléviseur ou de radio dans leur chambre.

Une directive de la santé publique

Ça dure depuis trois ans. On se demande : ça va durer combien de temps? [Est-ce] qu’ils vont les empêcher de vivre leurs derniers moments de vie [encore longtemps]? dit l’une d’elles dans un cri du cœur.

On se dit que si c’était nos parents, on n’aimerait pas ça qu’ils vivent ainsi. Ce n’est plus dans nos valeurs. Même moi, je ne voudrais pas rester là en ce moment. On vit avec eux, c’est quasiment nos proches. On est là cinq jours par semaine avec eux et on voit que ce n’est pas facile pour eux. Et ce n’est pas facile pour nous.

Les préposées expliquent que ces mesures sont en vigueur dans tous les CHSLD et qu’elles relèvent de la santé publique. La lettre, on va essayer de la faire parvenir avec les signatures de plus de gens possible.

En date du 1er mars, environ 100 personnes avaient signé cette lettre. Parmi elles, des infirmières, des préposés et des proches de patients. Ce n’est qu’une question de jours avant qu’elle ne soit remise à la santé publique.

C’est leur milieu de vie

Le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet, apprécie l’initiative des employés et abonde dans leur sens. La vie doit reprendre son cours le plus normalement possible, dit-il en rappelant que les gens sont maintenant vaccinés et mieux protégés.

M. Brunet ajoute que même si c’est difficile de revoir le protocole, les règlements et les mesures, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit du milieu de vie des bénéficiaires. On vit avec du vrai monde dans de vrais établissements et qui sont tous vaccinés. Essayons de travailler de manière intelligente et de laisser le plus de droits aux gens qui sont dans leur milieu de vie.

Il comprend que certaines personnes puissent être plus vulnérables, mais il demande aux autorités d’agir avec discernement.

Je pense qu’avec un bon jugement clinique de la part des intervenants, on est capables de répondre à la lettre du personnel […]. C’est leur maison, rappelons-le-nous, nous les gestionnaires qui quittons l’établissement le soir. Ces gens-là, c’est leur maison.

D’après une entrevue réalisée à l’émission Toujours le matin ainsi que les informations de Raphaël Brouillette

Publié le 01 mars 2023
Par Josée Bourassa