Des usagers et des employés de centre communautaire pour adultes et jeunes adultes en situation de handicap à Montréal lancent un cri du cœur. L’organisme devra bientôt quitter les locaux qu’il occupe depuis presque 10 ans et craint de devoir fermer définitivement.
«Sans le centre, ces jeunes n’ont rien d’autre à faire que de rester à la maison avec leurs parents», souligne Eveline Nguepi, trésorière du conseil d’administration et usagère du Centre communautaire Radisson (CCR), situé dans l’arrondissement de Ville-Marie.
Comme quelque 120 adultes vivant avec un handicap physique, elle a pu, grâce au CCR, pratiquer le yoga, la gymnastique et le karaté, en plus d’activités en plein air comme du kayak, du camping et de la voile adaptée.
Celle qui se déplace en fauteuil roulant craint aujourd’hui de devoir mettre une croix sur ces activités qui lui apportaient du bonheur.
«Sans le Centre communautaire Radisson, beaucoup, comme moi, n’auront pas envie de vivre», se désole Eveline Nguepi, qui participait mardi à une mobilisation dénonçant l’expulsion de l’organisme fondé en 1995.
Des dizaines de membres manifestaient également devant le boulevard René-Levesque.
Le centre de loisirs pour adultes et jeunes adultes en situation de handicap risque de se retrouver à la rue après la décision du CIUSSS du Centre-Sud-de‑l’Île-de-Montréal (CCSMTL), à qui les locaux de la rue Saint-Dominique appartiennent, de ne pas renouveler le bail.
«C’est notre maison»
Avec l’état actuel du marché locatif à Montréal, le CCR craint de devoir débourser davantage pour un local adapté à sa clientèle. Un déménagement forcé pourrait mettre l’organisme devant des choix déchirants, comme une augmentation des tarifs, une réduction des services ou même une fermeture définitive.
L’organisme redoute également de devoir se relocaliser dans des locaux mal adaptés à sa clientèle.
«S’il vous plaît, ne nous envoyez pas dans un sous-sol d’église. Je ne veux pas aller dans un tombeau, je ne veux pas être enterrée maintenant», implore Eveline Nguepi.
Dans les locaux actuels du CCR, les usagers peuvent jardiner et organiser des fêtes dans la cour, circuler facilement dans les grands couloirs et aller aux toilettes avec l’assistance d’un lève-personne. De tels aménagements sont rares et coûteux à installer.
«Vulnérabiliser des personnes déjà vulnérables»
Le Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM) se dit «consterné» par la décision du CCSMTL de ne pas renouveler le bail.
«En ce moment, le CIUSSS est en train de vulnérabiliser des personnes qui sont déjà vulnérables et ça, c’est inacceptable. On leur demande donc de revenir sur leurs décisions et de trouver d’autres solutions», a déclaré Marie-Andrée Painchaud-Mathieu, coordonnatrice du RIOCM.
«Là, on veut les renvoyer à l’invisibilité», s’insurge pour sa part le directeur général du CCR, Emmanuel Barbot. Ce dernier rappelle que l’un des objectifs de son organisme est de rendre ses membres visibles, par l’entremise notamment des sorties en ville ou en nature et de la participation citoyenne.
Dans un courriel envoyé à 24 heures, le CCSMTL explique avoir besoin des locaux pour des services en santé mentale. Il assure par ailleurs avoir offert «un soutien continu à [l’organisme] afin de les aider à se relocaliser».