Des organismes voient leurs employés quitter le milieu communautaire pour aller vers le réseau public. C’est notamment le cas du Centre d’organisation mauricien de services et d’éducation populaire (COMSEP).
L’organisme de Trois-Rivières a perdu près de la moitié de ses employés, soit neuf personnes, au profit du réseau public en seulement trois mois. « Ça a été une année extrêmement difficile » en raison de la pandémie combinée à la perte de personnel, a déclaré la coordonnatrice générale du COMSEP, Sylvie Tardif, en entrevue à l’émission En direct.
Les employés du secteur communautaire de la région partent notamment pour aller travailler au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ), dans le réseau scolaire ou au gouvernement fédéral.
En raison de la pénurie de main-d’œuvre, ces employeurs du réseau public font du recrutement actif et offrent souvent des salaires et des avantages sociaux meilleurs que ceux du milieu communautaire.
« C’est une crise qu’on vit. » – Sylvie Tardif, coordonnatrice générale du COMSEP
« La majorité des organismes communautaires vit ça. On n’arrive pas à offrir des salaires qui peuvent concurrencer ceux du réseau public », explique Sylvie Tardif.
Le COMSEP a décidé de prendre des mesures pour stopper le départ de ses employés vers le public. « Ce qu’on a fait, nous, c’est qu’on a amélioré notre convention de travail », affirme Mme Tardif. Le personnel aura notamment plus de semaines de vacances.
Plus de financement réclamé pour éviter de couper trop de services
La Table régionale des organismes communautaires (TROC) en santé et services sociaux du Centre-du-Québec et de la Mauricie pense qu’une des solutions est de couper certains services des réseaux communautaires afin d’alléger le fardeau des employés et de faire en sorte d’améliorer leurs conditions de travail.
Les groupes vont dresser une liste de ce qu’ils font et se demander comment ils peuvent causer le moins de dommages possible à la communauté qu’ils desservent, indique le directeur général de la table régionale, Sylvain St-Onge.
Le COMSEP a d’ailleurs dû se résigner à couper dans ses services. Aucun atelier ni aucune activité n’aura lieu les vendredis cet été, et durant le reste de l’année régulière, les locaux de l’organisme seront fermés les vendredis après-midi, avec une équipe de garde en place pour les urgences.
Couper des services a toutefois des conséquences sur la population, donc la meilleure solution est entre les mains du gouvernement, qui doit augmenter son financement aux organismes communautaires, selon Sylvain St-Onge.
Le COMSEP interpelle aussi ses bailleurs de fonds. « On fait beaucoup de pression sur le gouvernement pour qu’il augmente les subventions des groupes », affirme Sylvie Tardif.
Le ministre du Travail et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a prévu une enveloppe de 23 millions de dollars dans les cinq prochaines années pour permettre aux organismes communautaires d’offrir de meilleures conditions de travail aux employés.
Ce montant est insuffisant, selon le directeur général de la Table régionale des organismes communautaires en santé et services sociaux du Centre-du-Québec et de la Mauricie.