Le torchon brûle entre la Table régionale des organismes communautaires autonomes de l’Outaouais (TROCAO) et le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO). Au cœur du litige se retrouve la répartition d’une enveloppe supplémentaire de 1,4 million de dollars, un montant qui est d’ailleurs jugé insuffisant pour répondre aux besoins.
Lors du dernier budget provincial, le gouvernement a octroyé un nouveau montant de 37,1 millions, à l’échelle provinciale, pour le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) pour l’année en cours. L’Outaouais a obtenu 1,4 million de cette enveloppe.
Or, selon la TROCAO, la présidente-directrice générale du CISSSO, Josée Filion, avait elle-même avisé le ministère de la Santé et des Services sociaux, l’hiver dernier, qu’il manquait environ 35 millions de dollars pour organismes de la région qui reçoivent du financement du PSOC. Mais la part de l’Outaouais s’est limitée à 1,4 million de dollars. Le CISSSO a confirmé cette information au Droit, en précisant qu’une lettre avait été envoyée en janvier dernier «pour sensibiliser le ministère aux besoins des organismes communautaires de la région».
Le directeur général de la TROCAO, Daniel Cayley-Daoust, a exposé en entrevue que plus de 130 organismes de la région finiront par «se séparer pas grand-chose», soit environ 10 000$ chacun.
Répartition équitable?
La TROCAO ignore encore quels organismes obtiendront des sommes supplémentaires et à quelle hauteur. Mais le CISSSO aurait déjà fait savoir que 10 organismes en dépannage alimentaire seraient priorisés. «Oui, l’aide alimentaire, c’est super important et les besoins sont criants, admet M. Cayley-Daoust. Mais de là à dire que tous les autres [organismes] doivent passer leur tour ou en recevoir moins cette année? Ça met de côté tout le reste des services qui sont fondamentaux, [par exemple] pour la crise du logement.»
Le président de la TROCAO, Martin Chartrand, a pour sa part affirmé par voie de communiqué que «l’ingérence du bureau de la PDG dans la distribution du PSOC ressemble à une commande politique afin de bien paraître, mais [que] ça finit par affaiblir le milieu».
La TROCAO plaide que le cadre de gestion ministériel du PSOC vise «l’équité entre les organismes et une priorisation des organismes les moins financés» et que cela ne correspond pas aux orientations du CISSSO. La relation de partenariat entre la TROCAO et le CISSSO est donc «mise à mal» et «’s’effrite», constate M. Cayley-Daoust. «On crée des tensions entre les organismes», déplore-t-il aussi.
Le CISSSO indique pour sa part avoir «identifié de manière exceptionnelle cette année une priorité visant les organismes d’aide alimentaire sur l’ensemble du territoire» en raison de «la hausse importante des coûts d’alimentation sur l’ensemble du territoire» et de l’impact «significatif» que cela cause pour les plus vulnérables.
Le CISSSO affirme par ailleurs que tous les organismes admissibles «recevront une augmentation de leur financement de base», tandis qu’«un budget supplémentaire sera réparti pour réduire les écarts historiques».
Adoption retardée
M. Cayley-Daoust est également préoccupé par le fait que l’adoption de la répartition de l’enveloppe supplémentaire de 1,4 million n’a pas eu lieu la semaine dernière, lors de la plus récente rencontre du conseil d’administration du CISSSO. Il faudra attendre à la prochaine réunion, le 27 octobre. Comme les sommes doivent être utilisées dans l’année en cours (qui prend fin le 31 mars prochain), le directeur général de la TROCAO affirme que la planification financière des organismes devient difficile.
Le CISSSO réplique à cet égard que les modifications découlant de la hausse du prix des aliments «nécessitaient des ajustements à la répartition budgétaire» et que c’est ce qui cause le report de l’adoption de la répartition des sommes.