La Dre Nayla Gosselin-Papadopoulos et son équipe ont procédé au tout premier remplacement complet d’un astragale, un os essentiel au mouvement du pied. En une heure et trente minutes seulement, elles ont changé la vie d’une résidente de Gatineau.
Le 7 février dernier, l’Hôpital de Papineau, à Buckingham, a été le théâtre d’une première québécoise en matière d’intervention chirurgicale. Pour la première fois dans la province, des médecins ont remplacé un astragale, l’os central de la cheville, par une prothèse faite sur mesure.
Bien qu’elle soit pratiquée dans de rares cas, cette opération est nécessaire pour les patients dont l’os est nécrosé. La nécrose, ou la mort de l’os, se produit lorsque celui-ci ne reçoit plus suffisamment de sang.
Ça crée énormément de douleurs, explique la Dre Nayla Gosselin-Papadopoulos, chirurgienne orthopédique spécialisée en chirurgie du pied et de la cheville au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Outaouais. Ces douleurs sont incapacitantes, causent des difficultés à marcher et il y a très peu d’options qui sont favorables pour le patient.
Les solutions ne sont, en effet, pas très nombreuses. Les patients qui souffrent de ce problème devaient choisir entre l’amputation ou la fusion, soit de souder le tibia avec l’os du talon.
[La fusion] est une chirurgie qui est difficile à faire, qui demande une longue récupération et donne une démarche qui est très raide, précise-t-elle. Si cette opération permet donc d’enlever la douleur, selon la Dre Gosselin-Papadopoulos, les mouvements demeurent tout de même très inconfortables.
Le remplacement par une prothèse, quant à lui, est une option de choix qui ne nécessite aucune hospitalisation. Dans un contexte de pénurie de main‑d’œuvre et de ressources limitées, c’est un avantage non négligeable, souligne la médecin.
« La personne peut marcher immédiatement [après l’opération], la douleur est soulagée et elle garde sa mobilité. »
— Une citation de Dre Nayla Gosselin-Papadopoulos, chirurgienne orthopédique
Cette technologie a été développée au Japon, il y a plusieurs années, et se fait progressivement connaître en Amérique du Nord. La chirurgie est plutôt simple et relativement rapide, poursuit la docteure. Il n’aura fallu qu’une heure et trente minutes pour opérer la patiente.
On est très fiers d’être un pionnier au Québec pour l’implantation de l’astragale, mais ce qui est vraiment intéressant, c’est qu’on est capable d’apporter de nouvelles technologies qui permettent de mieux soigner nos patients plus rapidement.
On entend beaucoup de publicités négatives sur le réseau, mais en réalité, on fait d’excellentes choses, insiste-t-elle, tout en soulignant l’excellent travail du personnel.
Objectif : retourner au travail
La réhabilitation se passe très bien pour Diane Filion, la patiente qui a été opérée par l’équipe de la Dre Gosselin-Papadopoulos. Ça va déjà beaucoup mieux, je suis bien contente, souligne-t-elle en entrevue avec Radio-Canada, quelques minutes avant son rendez-vous de physiothérapie.
Si sa cheville était très douloureuse la semaine après l’opération, la douleur a presque complètement disparu. Je suis capable de marcher dessus, dit-elle fièrement.
À 68 ans, elle n’a qu’un objectif en tête, celui de reprendre son travail de préposée aux bénéficiaires dans une résidence qui accueille une clientèle aux prises avec des troubles de santé mentale.
« Je m’ennuie de mon social. Je travaille depuis que j’ai 9 ans. »
— Une citation de Diane Filion, patiente opérée de l’astragale à l’Hôpital de Papineau, à Buckingham
Avant l’opération, Mme Filion ne pouvait plus marcher. Un médecin lui avait proposé une opération pour souder les os de son pied. J’étais déprimée parce que je me disais que je ne serais plus capable de rien faire, se souvient-elle.
Deux jours avant l’opération, la Dre Gosselin-Papadopoulos l’a contactée pour lui proposer la chirurgie de remplacement de l’astragale. J’ai googlé, dit-elle en riant. J’ai dit oui tout de suite.
J’aimais mieux cette option-là parce que ça me donnait une chance, conclut-elle. Mme Filion ne regrette pas son choix et remercie d’ailleurs toute l’équipe pour son travail.
Avec les informations d’Alexandra Angers et de Laurie Trudel