«J’ai vu le diable en toi»: une femme se plaint d’avoir été victime d’un congédiement discriminatoire

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Une femme atteinte d’épilepsie se plaint d’avoir été victime d’un congédiement discriminatoire lié à son handicap. Après une crise au bureau, son gestionnaire lui aurait dit avoir « vu le diable ». Mélissa Nadeau a pourtant été embauchée en toute connaissance de cause.

Mélissa Nadeau est sans emploi depuis 2 ans, depuis que son employeur, le ministère du Travail et de l’Emploi et de la Solidarité sociale l’ait remerciée. Remerciée, entre autres, après des crises épileptiques au travail. 

Tel que le prouvent les documents fournis à TVA Nouvelles, elle a été engagée avec ce handicap. Mais un nouveau gestionnaire ne semblait pas la croire. 

À maintes reprises, il lui a demandé de fournir des attestations médicales supplémentaires pour justifier ses absences au travail. 

ll lui reprochait son manque d’assiduité et de productivité, alors que son épileptologue était en train d’ajuster sa médication. On lui a aussi refusé un tapis pour amoindrir ses chutes. Quand finalement, en 2020, elle a fait une crise au bureau devant ses collègues.

«Tout le bureau l’a vue, j’étais à l’heure du dîner. Quand je me suis réveillée et je regardé en arrière, j’avais des ambulanciers en arrière de moi et mon gestionnaire qui faisait les 4 pas et il m’a dit:  »j’ai vu le diable en toi. » »

La femme raconte que sa chef d’équipe a alors mentionné aux autres haut et fort, avoir enfin la preuve que la femme était vraiment épileptique. Par la suite, malgré ses efforts répétés à expliquer son état, son gestionnaire lui annonce qu’il n’y a plus de budget pour son poste. 

Pourtant, Mme Nadeau explique que plusieurs employés moins anciens qu’elle sont restés au travail. Elle est convaincue d’avoir été victime de discrimination : «j’ai l’impression que ça a été la continuité pour enfin se débarrasser de moi».

Grief

Après avoir déposé un grief à l’employeur, elle explique, preuve à l’appui, que ce dernier lui a proposé une entente à l’amiable lui suggérant d’effacer son dossier d’évaluation de productivité à condition qu’elle ne postule plus jamais au ministère de l’Emploi. Elle a refusé et prépare maintenant une plainte à la Commission des droits de la personne. 

Madame Nadeau, travailleuse sociale, était agente d’intégration, elle aidait les clientèles vulnérables à entrer sur le marché du travail. Elle poursuit d’ailleurs une maîtrise et se spécialise dans le domaine.

L’Association Québécoise de l’Épilepsie l’appuie dans sa démarche. Brigitte Lambert est choquée d’entendre son histoire.

«Quand on parle d’une personne et qu’on lui dit qu’on a vu le diable en elle! J’ai trouvé ça inacceptable en 2022. Il faut qu’on arrête de jouer sur les mots et qu’on respecte les gens».

Elle dit que plusieurs préjugés persistent dans la population par rapport à ce handicap qui nécessite des ajustements médicaux compliqués et longs. 

Réaction de l’employeur

Questionné par TVA Nouvelles sur cette entente à l’amiable et les propos du gestionnaire, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale répond ceci:

«Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS) ne commente pas les cas particuliers. Conformément aux conditions de travail, lorsqu’un employé se sent lésé par une décision de son employeur, il peut utiliser son droit de recours à un grief pour contester cette décision. Dans le cadre du traitement du litige, toute discussion concernant une entente à l’amiable demeure confidentielle entre les parties concernées.»

Publié le 02 octobre 2022
Par Véronique Dubé