Québec reporte de six mois son projet de consigne élargie des contenants de boisson et donne aux entreprises jusqu’à 2023 pour organiser leurs systèmes de collecte. C’est nettement insuffisant, selon l’industrie, pour laquelle il est «impossible» de préparer le terrain en aussi peu de temps pour recueillir autant de contenants.
Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, a confirmé mercredi matin qu’il n’y avait «aucun retour possible» dans ce projet de consigne élargie.
Les contenants de carton, d’aluminium, de verre, et de plastique — de 100 millilitres à deux litres — seront consignés. C’est aux producteurs, a dit le ministre, de prendre la responsabilité de s’occuper des contenants qu’ils mettent sur le marché.
Le gouvernement prévoyait mettre en place sa réforme de consignes à la fin de 2022. Le ministre a reporté l’échéance au printemps 2023, attribuant ce délai à la pandémie et à la pression subie par les détaillants en alimentation depuis deux ans.
Volume beaucoup plus important
Cette réforme force les détaillants à gérer un volume beaucoup plus important de contenants vides dans les établissements de plus de 2500 pieds carrés. «C’est, par exemple, tout ce qui a la superficie minimum d’un Couche Tard, dit le porte-parole de l’Association des détaillants en alimentation du Québec Stéphane Lacasse. C’est impossible de mettre en place toutes les infrastructures pour accueillir tous les contenants d’ici cette date, dit-il. On peut être prêt en 2025, peut-être 2024, mais pas avant. Si c‘est 2023, on va frapper un mur.»
Selon le porte-parole de l’association qui représente un peu plus de 1000 membres, les détaillants doivent trouver des locaux, obtenir de la machinerie automatisée pour ‘gober’ les contenants sans trop de rejets. «On n’a pas de place dans nos commerces. On a besoin de sites facilement accessibles. On ne peut pas trier manuellement 5 milliards de contenants par année.»
Lacasse cite l’exemple de Granby, qui fait partie des sept villes du Québec ayant mis à l’essai un projet pilote de consigne élargie. «Le local est un ancien club vidéo, près des autres services. Ce ne sont pas toutes les entreprises qui peuvent en faire autant en s’unissant autour d’un grand projet régional. Pensons au petit marché du village… Où va-t-on pouvoir ‘stocker’ les contenants? Va-t-il falloir construire une ‘rallonge’ dans nos magasins? On ne peut pas faire ça. On a besoin de sites centraux dans les grands centres, et ce n’est pas tout le monde qui est prêt.»
Le ministre a expliqué mercredi qu’il pourrait bien ne pas avoir qu’un seul système unique dans toutes les régions du Québec. «Ce ne sera pas le même modèle de cueillette à Montréal que dans une petite localité. Le système de cueillette va prendre forme sous différentes façons.»