Le point médian, grand absent de nos claviers

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Êtes-vous prêt·e·s pour l’écriture inclusive ? La féminisation se répand, qu’on le veuille ou non.

Les manières de faire varient. Cer­taines personnes et organisations (dont Québec Science) vont doubler les mots pour les féminiser (« les écrivains et écrivaines »), tandis que d’autres vont adopter le point médian (comme ci-dessus). Notre langue est vivante, tant mieux.

Plusieurs jugent néanmoins le point médian peu accessible.

Déjà, il faut le trouver sur son clavier ! Sur Windows, il faut appuyer sur la touche Alt et composer les chiffres 0183 sur le pavé numérique (si l’on en a un) pour le faire appa­raître, une manœuvre digne d’un pira­tage informatique. Sur Mac, on y parviendra grâce à la combinaison Shift+Alt+h. Plusieurs modules d’extension pour navigateur permettent de résoudre le problème en transformant un caractère courant en point médian (cherchez « Écriture·Inclusive·Facile » ou bien « LÉIA »).

Ensuite, le fameux point doit pouvoir être interprété par un lecteur d’écran. Cet outil destiné aux personnes malvoyantes fait une synthèse vocale du texte affiché à l’écran ou le transcrit en braille. Pour le moment, il achoppe particulièrement sur les mots féminisés. Le mot prêt·e·s, par exemple, sera lu comme « prêt e, s » ou bien « prêt point médian e, s ». Pour l’intelligibilité, on repassera.

La solution est-elle d’éviter d’utiliser ce symbole pour féminiser les mots ? À l’occasion des Journées d’étude Technologies et déficience visuelle tenues en 2020 en France, le spécialiste de lecteurs d’écran Yannick Plassiard notait qu’à un problème technologique il est aussi possible d’apporter une solution technologique. Pourquoi ne pas développer un module d’extension qui permettrait de « nettoyer » les textes de ces points médians avant qu’ils soient « lus » par l’outil ?

Alors que notre langue évolue à toute vitesse sous l’impulsion des mouvements féministes, nos outils technologiques peinent à suivre le rythme. Ces questions sont pour­tant essentielles, car l’écriture inclusive, comportant la forme avec le point mé­dian, tend à se populariser. À quand une technologie épicène ?

Publié le 15 mars 2023
Par Gabrielle Anctil