En analysant les quelques milliers de collisions qui se sont produites à Montréal ces dernières années, Métro a identifié les secteurs de l’île où le plus de piétons ont été accidentés. Sur la carte thermique ci-dessous, on peut constater la concentration de collisions dans les couleurs les plus chaudes. (En cas de problème d’affichage, cliquez ici.)
Attention autour de Jean-Talon
Entre 2019 et 2021, on a dénombré 98 collisions impliquant des piétons sur la rue Jean-Talon entre les boulevards de l’Acadie et des Galeries-d’Anjou. Cette portion de 14,4 km comporte 128 intersections, et on y trouve un nombre moyen de 6,8 collisions par km. À titre comparatif, sur l’ensemble de l’île, la moyenne est de 1,46 collision par km.
On trouve une concentration particulière de collisions à l’intersection de la rue Jean-Talon avec le boulevard Pie-IX. «Les artères sont des endroits où on a plus de véhicules et où ils roulent habituellement plus rapidement», souligne Marie-Soleil Cloutier, directrice du Laboratoire piétons et espace urbain à l’INRS. «On a des artères où ça roule à 60, 70 km/h ou plus.»
La Petite-Italie
Le secteur du marché Jean-Talon ressort comme étant particulièrement dangereux pour les piétons. Entre l’avenue Christophe-Colomb et la rue Clark, et les rues Bélanger et De Castelnau, plus de 40 piétons ont été percutés par une automobile. Deux d’entre eux ont connu la mort aux coins Saint-Hubert/Bélanger et De Castelnau/De Chateaubriand.
«Il faut travailler sur la réduction de la vitesse, abonde Sandrine Cabana-Degani, directrice de Piétons Québec. Plus on roule lentement, mieux on peut réagir rapidement.»
La vitesse est vraiment une cause première de collision. Il faut réduire la vitesse, notamment dans des endroits où on peut avoir des piétons.
Marie-Soleil Cloutier, directrice du Laboratoire piétons et espace urbain à l’INRS
Il y a une surreprésentation des accidents impliquant des piétons autour du marché Jean-Talon, notamment sur les rues Jean-Talon et Saint-Hubert. Le secteur de la Petite-Italie est un secteur très fréquenté par les piétons. En cause: l’affluence au marché Jean-Talon, mais également sur la promenade Saint-Hubert. Il n’existe cependant pas de données chiffrées sur le nombre de passages de piétons par jour.
Le secteur Guy-Concordia
C’est dans le centre-ville que l’on trouve la plus grande concentration d’accidents. Plus précisément, on note une importante densité de collisions avec piétons sur les rues Peel, Sainte-Catherine, le boulevard René-Lévesque et l’avenue Sherbrooke, notamment dans le secteur Guy-Concordia.
«Le centre-ville est un cas particulier, parce que c’est là où on a un grand volume de piétons. C’est un endroit où on a énormément de piétons et de gens qui sont en transport collectif et qui se promènent à pied dans le quartier», souligne Marie-Soleil Cloutier.
«Les routes ont été faites pour faire passer des voitures, mais en même temps, on a des commerces de proximité de chaque côté, une école, une église, un centre de loisirs. Donc ça crée du volume piéton, assurément, et ça crée des interactions problématiques sur ces artères-là, à cause de la vitesse des véhicules.»
Saint-Michel et l’entrée de l’autoroute 40
Lors des trois dernières années, le boulevard Saint-Michel a enregistré, au total, 69 collisions avec des piétons, dont un choc mortel à un feu de circulation, au coin de l’avenue Charland.
Comme cela s’observe sur la majorité des échangeurs de Montréal, on remarque un grand nombre d’accidents à l’entrée de l’autoroute 40. Rien qu’à l’intersection Saint-Michel/Jarry, on dénombre 16 accidents impliquant des piétons.
L’avenue du Parc
L’avenue du Parc est elle aussi un des axes les plus dangereux pour les piétons. Entre l’avenue Van Horne et la rue Sherbrooke, on a dénombré au total 38 accidents. En seulement trois ans, trois piétons y ont perdu la vie. Deux de ces collisions mortelles se sont produites à quelques mètres, au coin de la rue Milton, en février et juillet 2020.
Côte-des-Neiges et l’autoroute 15
Un autre secteur qui a attiré notre attention est Côte-des-Neiges. On y constate une grande concentration de collisions avec piétons, ce qui s’explique en partie par sa proximité avec l’autoroute 15 et le grand volume de piétons dans le quartier.
Rien qu’à l’intersection de l’avenue Van Horne et du chemin de la Côte-des-Neiges, neuf accidents se sont produits en trois ans.
«Montréal a été bâtie avant tout pour la fluidité automobile, mais n’a pas été construite pour accueillir autant de véhicules qu’on a en ce moment, souligne la directrice de Piétons Québec. Il y a eu plusieurs interventions pour sécuriser, particulièrement les quartiers résidentiels, mais il faut aussi intervenir sur les intersections d’artères. […] On n’a pas le choix de revoir l’aménagement de nos rues pour que nos piétons soient en meilleure sécurité.»
Sur la carte interactive ci-dessus, on peut visionner toutes les collisions ayant impliqué un piéton entre 2019 et 2021. En cas de problème d’affichage, cliquez ici.
Même si le bilan du nombre de piétons blessés ou décédés était relativement allégé pendant la pandémie, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a dénombré 2755 collisions impliquant des piétons entre 2019 et 2021(1). Parmi celles-ci, 6,2% ont mené à de graves blessures (170 personnes) et 2% ont mené à la mort de la victime (55 décès).
(1)Au moment de la publication de cet article, les données disponibles sur l’année 2022 étaient incomplètes. Le SPVM a toutefois présenté un rapport sur les trois premiers trimestres de 2022.