C’est le début de la fin pour la piétonnisation de l’avenue du Mont-Royal. L’opération de démantèlement des aménagements et du mobilier temporaires a débuté il y a quelques jours afin de préparer l’artère au retour de la circulation automobile la semaine prochaine. La perspective de voir les voitures se réapproprier la rue n’enchante pas tout le monde.
Il faudra encore attendre quelques jours avant que l’avenue du Mont-Royal soit accessible aux voitures sur toute sa longueur car les éléments de signalisation et la peinture au sol doivent d’abord être retirés. Selon l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, l’artère devrait être complètement rouverte à la circulation automobile à compter du vendredi 9 septembre.
Sur les réseaux sociaux, beau temps aidant, plusieurs Montréalais ont réclamé que la piétonnisation soit prolongée de quelques semaines supplémentaires. Conscient de la déception causée par la fin du projet estival, le directeur général de la Société de développement commercial de l’Avenue du Mont-Royal, Claude Rainville, indique que le calendrier était connu depuis des mois et qu’il n’est pas possible de déroger au plan initial. « Ce n’est pas une décision qui a été prise en cachette hier matin. Ç’a été voté au conseil d’arrondissement du printemps dernier », rappelle-t-il. « Là, il fait beau et chaud. Mais s’il faisait huit degrés et qu’il pleuvait, probablement que les gens nous diraient qu’il est temps que ça finisse, qu’il n’y a pas d’autobus et que c’est la rentrée scolaire. »
Déployé dans l’urgence en 2020 pour faciliter la distanciation en période de pandémie, le projet de piétonnisation de l’avenue du Mont-Royal en est à sa troisième édition. Bien qu’il soit trop tôt pour faire le bilan de la saison, Claude Rainville décrit l’opération comme un succès, d’autant que les touristes étaient de retour après deux ans de pandémie. « Il y a trois ans, on s’était fait ramasser. On nous disait qu’on allait tuer l’avenue du Mont-Royal et que ça n’avait pas d’allure. Maintenant, on nous dit : ça n’a pas de bon sens, ça ne dure pas assez longtemps. Ce que je vois derrière ça, c’est une approbation ou une appropriation du projet par bon nombre de citoyens. »
Rendez-vous l’an prochain
Le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin, signale qu’il n’aurait pas été possible de repousser le démantèlement des aménagements pour des raisons de main-d’œuvre, les équipes ayant été réservées en avril dernier. « On a probablement la plus longue rue piétonne au Canada, voire au monde. Le démantèlement, ça ne se fait pas en une fin de semaine », explique-t-il.
La période de piétonnisation sera vraisemblablement plus longue l’an prochain, avance-t-il. « En octobre, on va faire le bilan pour pouvoir commencer à planifier dès novembre la prochaine saison et encore mieux préparer », dit-il, en insistant sur la collaboration étroite qui s’est développée au fil des ans avec les commerçants de l’avenue.
Selon l’élu, l’autobus 97 représente un des enjeux majeurs de la piétonnisation. Pendant des mois, sa route a dû être détournée sur le boulevard Saint-Joseph. « Pour les gens bien en forme, il n’y a pas de problème, mais pour les personnes aînées ou en moins bonne condition physique, c’est un enjeu. On doit aussi le prendre en considération. »
L’arrondissement du Plateau n’envisage pas de piétonnisation permanente de l’artère dans les prochaines années. Luc Rabouin souhaite cependant étudier la possibilité d’aménagements hivernaux et de projets d’appropriation citoyenne « sans piétonniser 2,5 kilomètres ». « Peut-être qu’un jour, la rue sera piétonne à l’année, mais pas d’ici les trois prochaines années. Et peut-être que ce sera une rue pour les piétons et le transport en commun », dit-il.
Aux citoyens qui souhaitent l’élargissement des trottoirs de l’avenue afin de faciliter les déplacements piétons lorsque la circulation automobile sera de retour, Luc Rabouin mentionne qu’il faudrait d’abord élaborer un projet d’aménagement permanent. « Et ça, ça va venir le jour où il faudra refaire les infrastructures souterraines », souligne-t-il, sans pouvoir en dire davantage sur l’état du réseau d’aqueducs et d’égouts sous l’artère.
La piétonnisation de l’avenue du Mont-Royal, qui a entraîné le retrait temporaire de 320 places de stationnement et des enjeux de circulation automobile, n’a pas fait que des heureux. Au cours de l’été, les piétons se sont aussi plaints de la cohabitation difficile avec les cyclistes et les scooters.