Même si aucune trottinette en libre-service ne roulera à Montréal et Longueuil cet été, les deux villes en envisagent le déploiement sur leur territoire dès 2023, malgré l’échec retentissant d’une première tentative dans la métropole québécoise en 2019.
L’administration de Valérie Plante évalue « les scénarios possibles pour 2023 », confirme par courriel au Devoir Hugo Bourgoin, chargé de communication à la Ville. Il ajoute qu’au cours des derniers mois, Montréal « a eu des discussions avec différents opérateurs de trottinettes électriques », et qu’une « décision quant au modèle choisi sera prise et annoncée au cours des prochains mois ».
En 2019, Lime avait déployé 200 trottinettes à Montréal. Qualifiant le projet d’échec, l’administration y avait mis un terme à l’hiver 2020. Une des raisons évoquées : seulement 20 % des trottinettes avaient été stationnées dans des aires réservées à cet effet. La police avait délivré 333 contraventions aux conducteurs, dont 324 pour non-port du casque.
« Montréal ne veut pas se transformer en police des trottinettes, avait alors déclaré le conseiller municipal Éric Alan Caldwell, responsable du projet. Si on veut un règlement qui fonctionne, c’est la responsabilité des opérateurs de faire en sorte que le déploiement se fasse de façon claire et ordonnée. »
Discussions à Longueuil
Et Montréal n’est pas la seule ville à envisager le déploiement de services de trottinettes sur son territoire. Dans les derniers mois, Longueuil a elle aussi eu des discussions avec des entreprises établies au Canada, dont les américaines Bird et Lime ainsi que l’australienne Neuron.
À l’instar de la métropole, aucun service n’est prévu cet été, note Louis-Philip Prévost, conseiller spécial de la nouvelle mairesse de Longueuil, Catherine Fournier. Les délais étaient trop courts, indique-t-il : « Il faut adopter un règlement municipal pour ensuite faire la demande au ministère des Transports, ce qui prend un peu de temps. Et on doit établir des ententes avec les entreprises en question. »
Dans un bref courriel envoyé au Devoir, un représentant de Neuron confirme son intérêt, sans toutefois détailler la teneur des discussions : « Nous nous en remettons à la Ville de Montréal et à la Ville de Longueuil pour tout futur programme de micromobilité sur leur territoire. »
Établie dans cinq pays et présente dans quatre municipalités canadiennes depuis l’an dernier, l’entreprise australienne a inscrit deux représentants au Registre des lobbyistes du Québec pour obtenir l’autorisation des deux villes afin d’implanter et exploiter son service de trottinettes électriques.
Lime et Bird ont également entamé des démarches similaires. Dans le cas de Bird, importante entreprise américaine inscrite à la Bourse de New York, ses représentations auprès de Montréal visent aussi la modification du Règlement relatif aux véhicules non immatriculés en libre-service sans ancrage.
Derrière la métropole
Pour ne pas répéter l’expérience montréalaise de 2019, plusieurs éléments doivent être considérés. « Est-ce qu’il doit y avoir des ancrages ? Combien tout cela va-t-il coûter à la Ville, parce que ce ne sera pas à coût nul ? Est-ce que le port du casque devra être obligatoire ? » dit M. Prévost.
Si Longueuil va de l’avant, ce sera conditionnel à la décision de Montréal, ajoute-t-il. « Montréal est juste à côté. Le pont Jacques-Cartier relie nos deux centres-villes. Si on fait une comparaison avec Bixi, 50 % de nos déplacements se font en direction de Montréal. On ne peut pas aller de l’avant si eux n’embarquent pas. Les services sont intégrés. »
Longueuil privilégierait un modèle s’articulant autour de la concurrence qui diffère du projet de Montréal en 2019, où plusieurs exploitants offriraient leurs services. En ce sens, l’approche ressemblerait à celle d’Ottawa, qui a sélectionné l’an dernier trois entreprises — Bird, Lime, Neuron — pour déployer 1200 trottinettes sur son territoire. « Ce ne sera pas une entente exclusive avec une seule entreprise », assure M. Prévost.
D’ici à ce que les trottinettes fassent leur apparition, Longueuil misera sur le développement du réseau Bixi. « Il y a un appétit pour cela, ici. Chez nous, contrairement à Montréal, il n’y a pas encore de vélos électriques, ce qui est envisagé. »
Les deux villes devront surtout recevoir l’aval du ministère des Transports du Québec, dont le projet pilote destiné aux trottinettes en libre-service se termine en 2023. « Il faudrait voir s’il ne faudrait pas allonger cette période », dit M. Prévost.
Le projet pilote du gouvernement établit l’âge autorisé pour louer un de ces véhicules ainsi que les chemins publics qu’il est possible d’emprunter. « Il reste encore du travail avant que tout cela soit autorisé », ajoute le conseiller spécial de la mairesse de Longueuil.