Point de vue / Trop de Québécois sont complètement écartés ou négligés par les programmes de transport de personnes. Nous, utilisateurs de transport adapté et organisateurs de transport collectif et adapté, sommes inquiets de l’avenir de la mobilité collective au Québec.
Au-delà des investissements dans les grands projets d’infrastructures en milieu urbain, le futur gouvernement aura-t-il une vision globale des enjeux d’accès, de continuité, de qualité des services et de développement de l’offre de mobilité pour tous au Québec? Pour les personnes handicapées? Pour les usagers dans les différentes régions du Québec?
Pourrait-on dans cette campagne électorale voir un leader capable d’offrir des services de mobilité de qualité à tous les citoyens du Québec, vivant en milieu rural autant qu’en milieu urbain?
Aussi pour ceux pour qui ces services sont essentiels?
Les organisations de transport rural et périurbain de partout au Québec effectuent près de 2,9 millions de déplacements par année, dans le but d’offrir à leurs citoyens une offre en transport collectif, afin de se déplacer au quotidien pour des raisons économiques, écologiques ou par choix.
En transport adapté, plus de 135 000 personnes handicapées comptent sur ce service essentiel afin de pouvoir se déplacer de façon autonome pour aller à l’école, au travail, avoir accès à des soins et services ou à des activités culturelles. Le transport adapté est le moteur de l’intégration professionnelle et sociale des personnes handicapées et demeure une préoccupation, et c’est encore plus vrai dans un contexte de société vieillissante. En 2019, au Québec, alors qu’il existait déjà une pénurie de main-d’œuvre, plus de neuf millions de déplacements en transport adapté étaient effectués durant l’année, dont sept millions par l’industrie du taxi.
Effritement des services sous le dernier gouvernement
Les dernières années furent ponctuées de problématiques sous la responsabilité du ministre des Transports dont les impacts ont été majeurs sur la livraison des services. Il y a eu des retards importants dans l’adoption de programmes d’aides et dans les versements, également des coupures de subventions en raison de baisses d’achalandage durant la pandémie. Tous ces enjeux ont entraîné des conséquences qui ont accentué inutilement la fragilisation de l’offre et freiné les efforts de développement dans un contexte post pandémique inflationniste.
À ces enjeux se sont ajoutés des impacts de la nouvelle Loi sur le transport rémunéré des personnes (loi 17) qui a changé le visage de l’un des maillons essentiels en transport de personnes: les taxis. En 2022, c’est plus de 40% des chauffeurs de taxi qui ont quitté la pratique, rendant du même coup vulnérable l’organisation des services de transport aux citoyens. Sans taxis, l’offre de services en transport adapté est en péril, puisqu’elle requiert une flexibilité et une proximité pour un service de qualité.
Pas le temps d’attendre un autre quatre ans!
L’organisation des transports est une responsabilité partagée du ministère et des municipalités. Par conséquent, le futur gouvernement prendra-t-il sa part de responsabilité financière alors que les coûts de transports sont en forte augmentation? Suivant un désengagement gouvernemental et face à une capacité de payer limitée des citoyens payeurs de taxes et des utilisateurs, qui paiera la note?
Le ministère des Transports a définitivement besoin d’un leader qui comprenne la réalité du terrain, qui respecte ses engagements et qui soit un réel partenaire pour les organisateurs et les utilisateurs des services de transport adapté et collectif, et cela partout au Québec.
Qui a un plan et surtout qui tiendra ses promesses?