[Opinion] Maisons des aînés et CHSLD: les défis du prochain gouvernement

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Des défis importants confrontent les Maisons des aînés (MDA) et les CHSLD.

Le ministère de la Santé installera des caméras dans les Maisons des aînés qui seront contrôlées par l’établissement. La caméra installée par l’établissement servira, selon le ministère, à l’observation clinique du résident.

Les caméras ne seront pas toujours en fonction et seront visionnées par du personnel non-soignant. On nous dit que le nouvel outil ne viendra donc pas aggraver la pénurie actuelle des soignants.

Des risques

L’observation clinique réalisée par du personnel non-soignant sera risquée quant aux actions à prendre, lesquelles pourraient relever, dans l’analyse de ce qui survient, du personnel soignant plutôt que du personnel non-soignant. On aggrave ainsi la pénurie de personnel soignant.

On veut surveiller les chutes. Mais la meilleure pratique en prévention des chutes est d’avoir suffisamment de personnel pour circuler et prévenir celles-ci, en munissant les chambres, de lits plus bas avec un plancher coussiné plutôt que des caméras.

Les services de physiothérapie et d’aide à la marche sont tellement déficients en CHSLD qu’ils sont souvent à l’origine de la perte de mobilité des résidents et du nombre accru des chutes, que le ministère souhaite maintenant surveiller avec des caméras.

Améliorer les conditions de vie

En voulant améliorer l’observation clinique des résidents, le ministère continue de négliger, dans la majorité des CHSLD, les autres conditions de vie des résidents, moins cliniques certes, mais tout aussi importantes:

  • deux bains par semaine, à ceux qui le veulent et le peuvent;
  • des repas décents;
  • révision régulière de la médication;
  • air climatisé ou ventilation confortable, au besoin du résident;
  • soins dentaires;
  • propreté des chambres;
  • aménagements mieux adaptés, face à la croissance des cas de perte cognitive et à l’augmentation des intrusions dans les chambres;
  • des Administrations devant ajuster leurs pratiques aux besoins spécifiques des résidents (Plan 2021-2026 Mieux-être des personnes hébergées) au lieu d’exiger de la part des résidents qu’ils s’ajustent, eux, aux exigences de l’Administration;
  • des CHSLD et MDA qui prendront leur responsabilité au sujet des effets personnels des résidents (aides auditives, lunettes, appareils électroniques), perdus, volés;
  • un vrai suivi des plaintes des usagers dont une majorité conduisent à peu ou pas de changement de la situation exposée, affectant la crédibilité du Régime de plaintes actuel;

Il faut mettre les énergies et les ressources sur les éléments mentionnés plus haut qui font défaut dans une majorité de CHSLD, en vue de nouvelles façons de faire dans les futures Maisons des aînés.

La vie, les conditions de santé des résidents s’amélioreront avec des soins et des services adéquats et suffisants. Sinon, le MSSS exportera dans les MDA les mêmes déficiences dont le solutionnement se fait encore attendre dans la majorité des lieux d’hébergement.

Faisons plus et mieux enfin, dans les MDA et dans les CHSLD. Le MSSS a une occasion unique d’offrir une nouvelle façon de faire qui soit digne pour les personnes hébergées.

Publié le 06 octobre 2022
Par Paul G Brunet, Conseil pour la protection des malades