[Opinion] Reconnaissons l’expertise du communautaire à sa juste valeur

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La multiplicité des enjeux sociaux abordés dans le cadre de cette campagne électorale a laissé peu d’espace pour aborder la place des organismes communautaires et les conditions permettant de soutenir leur mission, dont le rôle essentiel a été confirmé dans le cadre de la pandémie.

Du 14 au 16 septembre dernier, le forum « La communauté au cœur : dialogue autour des initiatives et des pratiques durant la pandémie » a mobilisé des acteurs clés de la réponse à la crise de COVID-19. Ce forum a rejoint plus de 200 chercheurs, intervenants et gestionnaires des milieux universitaires, de la santé publique, des établissements de santé et des services sociaux, des municipalités ainsi que des organisations communautaires et philanthropiques.

Les présentations et les échanges autour des expériences et des recherches ont permis de s’entendre sur cinq constats principaux pour le Québec, et sur deux actions prioritaires à mettre rapidement en place pour faire face au contexte actuel et préparer l’avenir.

Les constats

  1. La pandémie est un phénomène sociosanitaire global qui a affecté non seulement la santé physique, mais aussi toutes les dimensions de la vie sociale : économique, politique, éducative, l’emploi, la santé mentale, etc.
  2. La pandémie et les mesures de santé publique telles que le confinement ont eu comme effet d’augmenter les iniquités et les inégalités, et ont fragilisé davantage les populations et les localités plus vulnérables et marginalisées.
  3. Si l’ampleur des effets collatéraux négatifs reste encore à déterminer, les interventions sociosanitaires doivent rapidement agir sur les déterminants sociaux de la santé (logement, sécurité alimentaire, conditions de vie, etc.) pour préserver le bien-être et la cohésion dans les communautés.
  4. Durant la pandémie, la mobilisation des communautés, la participation citoyenne et la concertation collaborative ont été essentielles et ont permis de créer des pratiques adaptées et novatrices qui ont sauvé des vies.
  5. Les organismes communautaires ont été des acteurs clés à cause de leur capacité d’innover, de leur flexibilité et de leur lien privilégié avec les populations locales, notamment les plus vulnérables. Cela a été possible à cause de la mission de ces organisations, reconnue dans la politique gouvernementale de reconnaissance et de soutien de l’action communautaire, qui promeut la mobilisation communautaire, l’éducation populaire et la promotion de la participation citoyenne.

Cette contribution des organisations communautaires n’a cependant pas été reconnue à sa juste valeur ; au contraire, les organismes ont été fragilisés par la pandémie, le manque d’un financement adéquat et la crise de la main-d’œuvre.

Les participants et les organisateurs du forum ont dégagé deux actions prioritaires pour faire face aux défis de santé publique créés par la pandémie et se préparer à d’autres crises sociosanitaires prévisibles dans un contexte de mondialisation et de changement climatique.

Les actions prioritaires

  1. La reconnaissance rapide de l’action communautaire autonome par l’élargissement et le haussement du financement à la mission de tous les groupes de différents secteurs d’activité (santé et services sociaux, éducation, employabilité, défense des droits, accueil des personnes immigrantes et réfugiées, logement, culture, environnement, etc.).
  2. La mise en place de mécanismes de concertation et de collaboration qui assurent les conditions de participation des organisations communautaires qui représentent les populations concernées, notamment les groupes en situation de vulnérabilité, au sein de structures rassemblant les acteurs sociaux et institutionnels locaux.

Cécile Rousseau, Pédopsychiatre à l’Hôpital de Montréal pour enfants et professeure titulaire au Département de psychiatrie à l’Université McGill, l’autrice a cofondé le programme CoVivre de l’Institut universitaire SHERPA. Elle cosigne ce texte avec plus de 100 spécialistes issus des milieux communautaires, universitaires, institutionnels et philanthropiques :

  • Adina Ungureanu, coordonnatrice de l’Observatoire Famille Immigration
  • Aimée You
  • Alain Picard, Conseil des juifs hassidiques du Québec (CJHQ)
  • Alain-Antoine Courchesne
  • Amir Harrate, APPR / DRSP Montréal
  • Anabelle Vanier-Clément, M.Sc., cocoordonnatrice, programme CoVivre
  • Anna Bonnel, psychologue
  • Anne Pelletier, DéPhy Montréal
  • Anne-Marie Paradis, Réseau québécois pour l’inclusion sociale des personnes sourdes et malentendantes
  • Annie Jaimes, professeure, Département de psychologie, UQAM
  • Ashely Wazana, MD, professeur adjoint, Université McGill
  • Audrey Lamothe-Lachaîne, professeure en psychologie, collège de Maisonneuve, chargée de cours, Université de Montréal
  • Aurélie Broussouloux, directrice générale du Réseau alternatif et communautaire des organismes (RACOR) en santé mentale de l’île de Montréal
  • Bilkis Vissandjee, Université de Montréal
  • Carol Bottger
  • Caroline Toupin, coordonnatrice, Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA)
  • Catherine Larochelle, professeure, Département d’histoire, Université de Montréal
  • Catherine Letarte, directrice générale, Ressources communautaires Omega
  • Cecilia Escamilla, directrice générale Centre d’aide aux familles latino-américaines (CAFLA)
  • Christine Jetté
  • Cindy Ngov, MScPH, programme CoVivre
  • Claire Trottier, directrice, Fondation familiale Trottier
  • Claude Pinard, président-directeur général, Centraide du Grand Montréal
  • Colette Daignault-Cummings, OBNL Parole d’exclues
  • Daniele Salmeron, coordonnatrice de projets
  • Delphine Van den Bossche, organisatrice communautaire
  • Diana Miconi, professeure adjointe, Département de psychopédagogie et d’andragogie, Université de Montréal ; membre de l’ordre des psychologues du Québec
  • Christina Greenaway, professor of medicine, McGill University, Division of Infectious Diseases, Jewish General Hospital
  • Jaswant Guzder, professor, McGill Psychiatry Department
  • Dyala Hamzah, professeure agrégée, Université de Montréal
  • Élisabeth Germain, militante féministe et antiraciste
  • Élise Bourgeois-Guérin, psychologue
  • Emmanuelle Bolduc, coordonnatrice phase 1, CoVivre
  • Ève Torres, intervenante institutionnelle et communautaire
  • France Parent, Oblates franciscaines de Saint-Joseph
  • Francine Hamel
  • François Crépeau, Faculté de droit, Université McGill
  • François Poulin, direction de la Maison des jeunes de Bordeaux-Cartierville
  • Garine Papazian-Zohrabian, professeure, Université de Montréal
  • Geneviève Mercille, professeur, Département de nutrition, Université de Montréal
  • George Tarabulsy, École de psychologie, Université Laval, Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles
  • Gordon Blennemann, professeur d’histoire, Université de Montréal
  • Guillaume-Félix Boucher, agent de mobilisation en sécurité alimentaire — Regroupement des tables de concertation de La Petite-Patrie
  • Habib El Hage, IRIPII
  • Hélène Hébert, directrice générale par intérim du ReQIS
  • Henri-Paul Bronsard
  • Isabelle Ruelland, professeure, École de travail social, UQAM
  • Janet Cleveland, chercheuse, Institut universitaire SHERPA
  • Janique Johnson-Lafleur, chercheuse postdoctorale, Université McGill
  • Javier Fuentes Bernal, TS Clinique Mauve, étudiant.e au doctorat en travail social
  • Javorka Zivanovic Sarenac, coordonnatrice clinique et de recherche de l’Équipe polarisation Estrie
  • Jean-Marc Fontan, professeur, UQAM
  • Jean-Sébastien Fallu, professeur agrégé, École de psychoéducation, Université de Montréal
  • Jean-Sébastien Patrice, directeur général, MultiCaf
  • Jill Hanley, professeure et directrice scientifique, IU SHERPA
  • Johanne Collin, professeure titulaire, Université de Montréal
  • Joy Schinazi, MPH, cocoordonatrice, programme CoVivre
  • Julie Desjardins Hébert, CISSSCA
  • Julie Laloire
  • Julie Nicolas, Observatoire de l’action communautaire autonome
  • Julie-Anne Perrault, directrice adjointe, Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM)
  • Julien Prud’homme, professeur et directeur, Département des sciences humaines, Université du Québec à Trois-Rivières
  • Justine Gosselin-Gagné
  • Katia Boudrahem
  • Krystelle-Marie Abalovi, coordonnatrice de projets de recherche, École de santé publique de l’Université de Montréal
  • Lara Gautier, professeure adjointe, École de santé publique de l’Université de Montréal
  • Laurence Guénette, Ligue des droits et libertés
  • Laurence J. Kirmayer, James McGill, professor & director, Division of Social & Transcultural Psychiatry, McGill University
  • Laurence Monnais, Université de Montréal
  • Léa Coget
  • Liesette Brunson, professeure, Département de psychologie, UQAM
  • Lisa Benisty, intervenante à Prise 2, ressource alternative en santé mentale
  • Lisa Merry, professeure agrégée, Université de Montréal
  • Louise Giroux, responsable des programmes éducatifs en mieux-être, Musée des beaux-arts de Montréal
  • Louise Potvin, Ph. D, directrice scientifique, Centre de recherche en santé publique, Université de Montréal et CIUSSS Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal
  • Lourdes Rodriguez del Barrio, Ph, D, professeure, Université de Montréal ; directrice scientifique d’InterActions ; ÉRASME
  • Luc Dargis
  • Malek Batal, Ph. D, FRSC, FCAHS, Chaire de recherche du Canada sur les inégalités en nutrition et santé, Université de Montréal
  • Manon Boily
  • Marie-Andrée Painchaud-Mathieu, coordonnatrice, Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal
  • Marie-Ève Samson, doctorante en anthropologie à l’UdeM et chargée de recherche à l’Institut universitaire SHERPA
  • Marie-Line Audet, Table nationale des Corporations de développement communautaire
  • Marilou Cyr
  • Marjolaine Goudreau, présidente du RÉCIFS
  • Miriam Taylor, chercheuse indépendante
  • Myriam Richard, doctorante, École de travail social, Université de Montréal
  • Myrna Lashley, associate professor, Dept. of Psychiatry, McGill University
  • Naïma Bentayeb, professeure associée ENAP ; chercheuse d’établissement IU SHERPA
  • Nathalie Godfrind, intervenante et entraidante à Prise 2, ressource alternative en santé mentale
  • Nimâ Machouf, Ph. D, épidémiologiste
  • Olivier Bonnet, directeur général, Parole d’excluEs
  • Olivier Drouin, fondateur de l’initiative citoyenne Covid écoles Québec
  • Olivier Gauvin, coordonnateur général TOMS
  • Pascal Chavannes, psychologue et résident en psychiatrie à l’Université de Montréal
  • Patricia Chartier, coordonnatrice, Coalition des TROC
  • Paul Hayotte, doctorant en psychologie communautaire, UQAM
  • Paul-André Lévesque, Ph. D., Direction régionale de santé publique de Montréal
  • Pierrette Richard, directrice Prise2, ressource alternative en santé mentale
  • Rachel Kronick, MD FRCPC, Université McGill
  • Rosita Bitogol, chargée de projet, Clinique MyLumen
  • Salam El-Majzoub, MD, psychiatry resident, McGill University
  • Salomé Gueidon, chargée de projet, NewCities
  • Samuel Veissière, professeur adjoint, Division de psychiatrie sociale et transculturelle, codirecteur, Culture Mind and Brain Program, Université McGill ; clinicien ARH, Équipe polarisation, CLSC Parc-Extension
  • Sasha Dyck, infirmier, Parc-Extension
  • Serge Séguin, directeur général
  • Sonia Hajo, BHSc, MScPH, BCL / JD Candidate, McGill Faculty of Law
  • Sophia Ratté, organisatrice communautaire
  • Sophie Laquerre-Duchesne, directrice, centre des jeunes l’Escale de Montréal-Nord
  • Stephan Reichhold, Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes
  • Sylvie Trottier, membre du conseil d’administration de la Fondation familiale Trottier
  • Tara Santavicca, MSc santé publique, programme CoVivre
  • Valérie Amiraux, professeure, Université de Montréal
  • Vivek Venkatesh, professeur titulaire et cotitulaire Chaire UNESCO-PREV
  • William Delisle, directeur, Club Ami
  • Yasmine Abdessettar, programme CoVivre
Publié le 23 septembre 2022
Par Cécile Rousseau, Cofondatrice du programme CoVivre de l’Institut universitaire SHERPA