Le GAP est la porte d’entrée pour obtenir des services de santé lorsqu’on n’a pas de médecin de famille dédié.
Bien des Québécois sans médecin de famille ont récemment reçu une lettre les invitant à utiliser le guichet d’accès à la première ligne (GAP) s’ils ont besoin d’un soin de santé qui ne requiert pas une visite à l’urgence. Ce nouveau service génère bien des questions. Le Devoir y répond.
Qu’est-ce que le guichet d’accès à la première ligne (GAP) ?
C’est la porte d’entrée pour obtenir des services de santé lorsqu’on n’a pas de médecin de famille. Le GAP a pour mission d’offrir aux patients orphelins — inscrits au guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF) ou à un groupe de médecins de famille — le bon soin au bon moment par le bon professionnel.
Ce nouveau guichet a été déployé en juin partout au Québec. Chaque région en possède un (Montréal en a cinq). Ils fonctionnent tous de la même façon et doivent être complètement « fonctionnels » dès le 1er septembre.
Comment ça marche ?
Il faut contacter la centrale du GAP de son territoire (le numéro de téléphone varie selon les régions).
Un agent administratif répond aux appels et effectue un premier filtrage. Il vérifie si vous êtes bel et bien un patient orphelin grâce à votre numéro de carte d’assurance maladie et vous dirige vers une infirmière si vous avez un problème de santé « ponctuel » ou « actif » à régler. L’infirmière clinicienne évalue votre cas et vous offre un rendez-vous avec un médecin ou un autre professionnel (infirmière praticienne spécialisée, pharmacien, travailleur social, physiothérapeute, etc.) si elle le juge nécessaire.
Un rendez-vous n’est pas assuré ?
Exact. Tout dépend du problème. « Si l’état général du patient est bon, il n’est pas requis de voir un médecin pour une fièvre de moins de trois jours », cite en exemple la Dre Pascale Breault, médecin collaboratrice pour le GAP du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. Par contre, une infection urinaire mènera à une consultation avec un pharmacien (si le patient a eu une prescription de traitement pour ce problème au cours des cinq dernières années), une infirmière praticienne spécialisée ou un médecin.
L’objectif du GAP est de confier le patient au bon professionnel afin que les médecins se consacrent aux tâches nécessitant vraiment leur expertise, explique le gouvernement.
Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), près de 43 % des 72 635 demandes traitées jusqu’à présent par les GAP ont mené à une consultation avec un médecin de famille, 4 % avec un pharmacien et 19 % avec un autre professionnel ou service (infirmière praticienne spécialisée, travailleur social, Info-Santé 811, etc.).
43%
C’est le pourcentage de demandes, sur les 72 635 traitées jusqu’à présent par les GAP, qui ont mené à une consultation avec un médecin de famille.
Près de 30 % des appels n’ont mené à aucune recommandation. Bien des gens contactent actuellement les GAP parce qu’ils ne connaissent pas ce nouveau service et veulent en savoir plus, indiquent des établissements de santé consultés.
Vais-je obtenir un rendez-vous rapidement ?
Le MSSS évoque un délai de 36 à 72 heures pour « un besoin urgent », selon la « situation clinique ». Au CISSS de l’Outaouais, on précise dans un courriel que « les plages de rendez-vous médicaux sont disponibles dans un délai de 24 heures si la consultation est jugée prioritaire par l’infirmière du GAP et peut s’étendre jusqu’à 14 jours selon la priorité ». D’autres évoquent un délai de 36 heures.
Dans un document en ligne, le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal évoque un délai d’une à deux semaines dans le cas d’un test Pap, d’une demande de contraception ou d’une consultation médicale liée au remplissage d’un formulaire de la SAAQ ou de la CNESST.
Est-ce vrai qu’on ne peut aborder qu’un seul problème lors de la consultation médicale ?
« On privilégie qu’un seul problème de santé soit abordée », répond par courriel le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.
« Ça se peut que si un patient arrive avec une longue liste, il se fasse dire que les problèmes prioritaires sont réglés à ce rendez-vous-làet que d’autres rendez-vous sont nécessaires pour compléter. »
La Dre Ariane Murray, cheffe du Département régional de médecine générale de Montréal, croit toutefois que le patient n’est pas obligé de se limiter à un seul problème. « Mais ça se peut que si un patient arrive avec une longue liste, il se fasse dire que les problèmes prioritaires sont réglés à ce rendez-vous-là et que d’autres rendez-vous sont nécessaires pour compléter », dit la médecin responsable de coordonner le déploiement des GAP montréalais.
Puis-je obtenir un bilan médical annuel grâce au GAP ?
Si vous êtes un jeune de 35 ans qui n’a pas de symptômes ou d’antécédents familiaux particuliers et qui n’est pas à risque d’infections transmissibles sexuellement et par le sang, la réponse est non. « Ce n’est pas indiqué », dit la Dre Murray.
Les 50 ans et plus, davantage à risque de cancer colorectal, pourront éventuellement y avoir droit. Selon la Dre Murray, des « cliniques transitoires » seront créées à cette fin cet automne. En vertu d’ordonnances collectives, des infirmières pourront offrir des analyses sanguines et des tests de dépistage « pertinents » aux patients en fonction de leur situation.
Je n’ai pas reçu d’invitation du GAP et pourtant, je suis un patient orphelin. Pourquoi ?
Les CIUSSS et les CISSS ouvrent les portes de leur GAP progressivement, par vague : par exemple, les 60 ans et plus inscrits au guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF), puis les 0-17 ans, les patients orphelins inscrits à un groupe de médecine de famille (GMF), etc. L’ensemble des patients orphelins devraient avoir accès au GAP de leur région en septembre.
C’est déjà le cas dans certaines régions : le Bas-Saint-Laurent (où le premier GAP est né), le Saguenay–Lac-Saint-Jean et Lanaudière. Là-bas, le numéro de téléphone du GAP est public.
Le ministère de la Santé insiste toutefois sur le fait que le déploiement des GAP représente un grand défi et qu’une période de transition est nécessaire.
Il rappelle que les patients orphelins doivent être inscrits au GAMF ou à un groupe de médecins de famille pour bénéficier du GAP. « Actuellement, certains GAP offrent le service à tous en enregistrant les orphelins non enregistrés sur le GAMF qui appellent, précise-t-on. C’est un choix de fonctionnement, mais à la base il faut être déjà inscrit au GAMF ou à un groupe de médecins pour y avoir accès. »
J’ai un médecin de famille, mais je suis incapable d’obtenir un rendez-vous avec lui. Puis-je utiliser le GAP ?
Non, ce service est réservé aux patients orphelins. Il vous faudra tenter d’obtenir un rendez-vous auprès d’un médecin de votre groupe de médecine de famille (GMF) ou dans une autre clinique à partir de Rendez-vous santé Québec ou d’un autre site, comme Bonjour-santé.
Je suis inscrit à un groupe de médecine de famille (GMF). Pourrais-je un jour avoir un médecin de famille ? Si j’ai recours au GAP, vais-je perdre ma place au guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF) ?
Vous ne perdrez pas votre place, dit le MSSS. « Le fait d’être inscrit à un groupe n’empêche pas l’inscription individuelle auprès d’un médecin de famille », précise-t-on dans un courriel.