À l’occasion des cinq ans d’existence du mouvement de dénonciation mondial #MeToo, divers organismes communautaires se sont réunis samedi pour dénoncer le manque d’inclusivité et de ressources offertes aux victimes d’agressions sexuelles lors d’une conférence de presse à la Maison des femmes sourdes de Montréal.
La coordonnatrice adjointe de l’Institut national pour l’équité, l’égalité et l’inclusion des personnes en situation de handicap (INÉÉI-PSH), Maude Massicotte, a témoigné de l’inaccessibilité du mouvement #MeToo, en particulier pour les femmes en situation de handicap.
Bien que ces femmes soient de deux à trois fois plus à risque de subir une agression sexuelle, elles n’ont toujours pas accès à une éducation sexuelle ou à des ressources adaptées, a expliqué Mme Massicotte.
Les données de l’Enquête canadienne sur l’incapacité (ECI) de 2017 ont révélé que les personnes en situation de handicap représenteraient plus de 16 % de la population québécoise. Pourtant, les femmes de ce groupe demeurent « absentes de toute statistique et de toute étude gouvernementale portant sur les violences sexuelles », a-t-elle souligné.
Selon les revendications de l’INÉÉI-PSH, le mouvement #MeToo doit être plus inclusif, notamment par rapport à sa documentation. Pour les personnes qui, par exemple, communiquent grâce à la langue des signes québécoise (LSQ) ou qui ont une déficience intellectuelle, l’information sur les violences sexuelles est peu accessible, ce qui les rend plus vulnérables.
« Les femmes et les jeunes filles en situation de handicap font face à de nombreux obstacles pour l’accès à des services adaptés et capables de les accueillir, ce qui accroît le risque que les violences sexuelles continuent. » – Maude Massicotte, coordonnatrice adjointe de l’INÉÉI-PSH
Line Bergeron, directrice générale de la Maison des femmes sourdes de Montréal (MFSM), a d’ailleurs souligné le manque de connaissances de certaines personnes en situation de handicap par rapport à leur sexualité, à leur corps et à leurs droits, un manque qui découle souvent d’une éducation sexuelle inadaptée.
« À titre d’exemple, lors d’une activité de prévention de la violence « dans une école », nous avons été étonnés de constater que les jeunes du groupe d’âge de 13-14 ans ne connaissaient pas la définition des termes « victime » ou « agresseur », que ce soit en français ou en LSQ », a raconté Mme Bergeron.
En plus de dénoncer diverses problématiques en rapport avec les violences sexuelles, cette activité médiatique visait à reconnaître le travail acharné du regroupement « La voix des jeunes compte ». Ce groupe, composé de jeunes femmes racisées de 11 à 24 ans, se mobilise depuis plus de cinq ans pour lutter contre ce problème dans les écoles du Québec.
Bien qu’elle dénonce les lacunes en matière d’inclusion, Maude Massicotte a affirmé soutenir pleinement ce mouvement, qu’elle juge plus important que jamais. « Nous croyons fermement que cette action doit être inclusive et doit permettre aux filles et aux femmes en situation de handicap de bénéficier de tous les droits et ressources au même pied d’égalité que les autres », a-t-elle conclu.
Différents organismes, comme le Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS), le Réseau pour la paix et l’harmonie sociale et le Mouvement pour des écoles sans violences sexuelles (MESVS), étaient également de la partie pour témoigner de l’urgence de la situation.
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