Prêter sa carte bancaire, son porte-monnaie ou son chéquier à une aide à domicile pour qu’elle fasse les courses peut être angoissant pour une personne vulnérable. A l’inverse, devoir passer au crible les tickets de caisse au retour des magasins pour justifier de chaque dépense et s’exposer à un désaccord sur les montants est tout aussi inconfortable pour l’aide à domicile. Quant à l’entreprise prestataire qui emploie l’intervenant, la surveillance de ces transactions et l’éventualité de contentieux sont également chronophages.
C’est pour répondre à ces contraintes que Sébastien Vray a créé, en 2020, Ezio, une solution de paiement conçue pour les services à la personne. Il s’agit d’une carte de paiement, prêtée à l’auxiliaire de vie ou à l’aide à domicile, qui lui permet d’effectuer des achats en toute transparence. « On simplifie, on automatise et on sécurise, explique le jeune Vendéen. Le bénéficiaire est rassuré, le travail de l’intervenant est facilité, et l’entreprise gagne du temps ! Longtemps, elle a dû avancer l’argent en espèces à ses employés pour refacturer ensuite la dépense à ses clients, c’était du temps perdu dans un secteur où le coût humain est énorme et où chaque minute compte ! » L’entreprise équipe aujourd’hui, avec un système d’abonnements, plusieurs grosses enseignes du secteur, comme APEF, Générale des services ou O2.
« Tout passe par le smartphone »
Gagner du temps administratif, c’est aussi l’objectif de la télégestion, une innovation généralisée ces dernières années à tous les acteurs du secteur. Elle facilite la coordination des équipes d’intervention et le partage d’informations sur les bénéficiaires.
« Tout passe par le smartphone, explique Arnaud Duglué, vice-président du créateur de logiciels Arche MC2. L’auxiliaire de vie signale sa présence chez le bénéficiaire en flashant un QR code (ou en “taguant” une puce RFID), ce qui simplifie le contrôle des heures travaillées et leur facturation, mais les fonctionnalités sont beaucoup plus larges que cela et permettent aussi de mieux communiquer. » L’employé peut ainsi être informé de son planning et de ses éventuelles modifications. Il peut surtout échanger, si besoin, des photos et des messages avec sa structure.
Ces applications ne cessent de s’améliorer. « On pourra y mettre de plus en plus d’informations, sur les caractéristiques du domicile du client, son profil, ses allergies, ses préférences, mais aussi avoir des alarmes en cas de chute, être prévenu d’une absence pour éviter un aller-retour inutile, par exemple… », ajoute Arnaud Duglué, qui voit l’outil comme un tableau de bord favorisant l’efficience du service et de l’organisation.
Les salariés le vivent parfois aussi comme une mise sous pression avec des tâches tracées et chronométrées. « Ce n’est pas l’outil qui exerce cette pression, tempère-t-il, c’est le contexte ! Les structures d’aide à domicile doivent jongler entre une demande soutenue, des budgets tendus et un manque crucial de personnel… Notre technologie est là pour atténuer ces difficultés… »