C’est une armée d’aînés qui a pris à nouveau d’assaut le perron du palais de justice de Montréal ce matin. Les résidents de la résidence privée pour aînés (RPA) Mont-Carmel revenaient une nouvelle fois devant la Cour supérieure dans le cadre de leur combat judiciaire les opposant au nouveau propriétaire des lieux, Henry Zavriyev. La cour a prolongé la sauvegarde du statut de RPA jusqu’au 20 mars 2023, le temps de clore un débat juridique.
Les avocates d’Henry Zavriyev demandaient aujourd’hui à la Cour supérieure de décliner compétence pour que les dossiers soient renvoyés au Tribunal administratif du logement (TAL). L’honorable juge Charles Bienvenu donnera sa décision ultérieurement.
«Je comprends que [pour votre client], c’est pour des raisons économiques, mais j’ai des humains qui sont là en face de moi», a lancé le juge Bienvenu à la défense.
La lutte continue donc pour les résidents de la RPA Mont-Carmel. Ils continueront ainsi de bénéficier de services tels que la présence d’infirmières en tout temps jusqu’à mars prochain.
«On est ici pour défendre les droits des personnes aînées à la résidence Mont-Carmel, mais aussi pour l’ensemble du Québec, explique la porte-parole du comité des résidents de la RPA Mont-Carmel, Suzanne Loiselle. Ce qu’on vise, c’est une législation qui va protéger ces milieux de vie.»
Différents regroupements de logements étaient sur place ainsi que la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé.
Le 31 janvier 2022, les locataires de la RPA ont reçu un avis d’éviction leur indiquant que le nouveau propriétaire allait mettre fin à la certification RPA de l’immeuble à partir du 31 juillet 2022. Cette décision allait à l’encontre de l’acte de vente de cette RPA du centre-ville.
« Qu’est-ce qu’on veut? Que les vieux deviennent des itinérants? » — Suzanne Loiselle, porte-parole du comité des résidents de la RPA Mont-Carmel
Le propriétaire prévoyait également d’augmenter des loyers de 3% et d’abolir les services existants. Ce dernier était aussi présent lors de l’audience d’aujourd’hui. Le 27 juillet dernier, la Cour supérieure avait demandé le maintien de la certification de RPA de l’immeuble jusqu’au 19 septembre 2022 pour que la cour puisse étudier le dossier plus en profondeur.
Une situation qui se détériore à la RPA
Les résidents présents sur les lieux ont fait part de leur désarroi face à une résidence qu’ils ne reconnaissent plus depuis qu’Henry Zavriyev l’a acquise.
Les salles communes telles que la bibliothèque et la salle communautaire seraient aujourd’hui barricadées. Même les tableaux aux murs et les tapis auraient disparu.
«On fait face à un propriétaire véreux, vorace, avec aucun respect des personnes âgées, explique Suzanne Loiselle. Il a détruit tous les espaces communs […] c’est d’une violence indescriptible, on se sent comme dans un bunker.»
De nombreux résidents auraient quitté les lieux depuis janvier 2022. Leurs logements seraient reloués à de jeunes locataires qui changent l’ambiance de la RPA.
Selon certains résidents, des bouteilles d’alcool se trouveraient dans les espaces communs et des chiens japperaient fréquemment.