Transport adapté : des organismes interpellent les candidats

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Des usagers du service de transport adapté doivent se tourner vers leur entourage pour pallier la diminution des heures de service à Rouyn-Noranda.

Une « pénurie » de travailleurs, c’est une offre de service « diminuée ».

C’est en ces termes que la directrice générale du Regroupement d’associations de personnes handicapées de l’Abitibi-Témiscamingue (RAPHAT), Valérie Deschênes, résume l’état des services de transport adapté en région.

Son constat fait écho à celui d’autres associations qui promeuvent le transport adapté au Québec, comme l’Alliance des regroupements des usagers du transport adapté du Québec.

La directrice générale du RAPHAT montre du doigt l’état du financement accordé par le ministère des Transports aux organismes régionaux, ainsi que les conditions de travail des chauffeurs. Elle croit aussi que les transports collectifs offerts par les villes contribuent au problème.

« À Rouyn-Noranda, nous avons un autobus dont la suspension peut descendre afin d’aider les personnes âgées, mais nous n’avons aucun autobus de ville adapté aux fauteuils roulants. » – Valérie Deschênes

Le RAPHAT chapeaute les organismes locaux qui œuvrent auprès des personnes handicapées en Abitibi-Témiscamingue.

Des problèmes connus

Claude Fortin, le président du conseil d’administration de Transport adapté Rouyn-Noranda, est bien au fait des problèmes soulevés par Mme Deschênes.

Il reconnaît lui-même que le service de transport adapté a été affecté par la pandémie et par la pénurie de main-d’œuvre.

M. Fortin soutient qu’à ces difficultés s’ajoute le manque de subventions, dont certaines n’ont toujours pas été versées par le ministère des Transports pour les années 2021 et 2022.

« L’essence coûte plus cher, le diesel coûte plus cher, le propane coûte plus cher », souligne-t-il pour illustrer la hausse des coûts liés à leurs activités.

Transport adapté Rouyn-Noranda œuvrait avant la pandémie un samedi sur deux, mais M. Fortin a été contraint de suspendre ce service, faute de rentabilité. « Nous avons lancé un projet pilote, dit-il, mais il n’a rejoint que deux usagers. Ce n’était pas rentable de mobiliser un employé une journée complète pour seulement deux personnes. »

Rappelons que le service de taxi adapté a pris fin à Rouyn-Noranda en avril dernier, faute de relève. Transport adapté Rouyn-Noranda a été pris au dépourvu par cette situation, le taxi ayant été vendu avant l’annonce de la fin du service.

Le cas de Mélissa Viola

Mélissa Viola vit au quotidien les impacts de la diminution des heures de service. Cette usagère de longue date du transport adapté, depuis son instauration à Rouyn-Noranda dans les années 1980, admet que sa vie sociale en souffre. Une situation qui précéderait la pandémie d’une bonne année, selon elle.

« Je sors moins souvent », explique-t-elle quelques minutes avant d’évoquer la distance qui la sépare de sa mère.

« C’est très difficile d’aller à l’extérieur de la ville. Ma mère est à Preissac. J’aimerais pouvoir lui rendre visite même quand mon conjoint est indisponible », souligne Mélissa Viola.

Mme Viola souffre de paralysie cérébrale depuis sa naissance. Son bras droit est partiellement paralysé. Elle est confinée à un fauteuil roulant.

Elle se considère comme chanceuse puisqu’elle habite suffisamment près de son travail pour s’y rendre en fauteuil électrique.

L’hiver, elle arrive cependant jusqu’à 45 minutes à l’avance en raison des heures limitées du service de transport adapté. Elle hésite aussi à emménager avec son conjoint à Noranda Nord, craignant de moins sortir.

« Je fais quoi si mon conjoint est absent un samedi et si je veux aller magasiner? demande Mélissa Viola. Je reste à la maison, incapable d’aller ailleurs que dans ma cour? »

Outre son conjoint, la Rouynorandienne compte sur des personnes de son entourage pour assurer certains de ses déplacements, notamment le soir et la fin de semaine. Elle possède un fauteuil manuel qui lui permet de monter à bord de véhicules ordinaires.

Interpeller les élus

Claude Fortin espère sensibiliser les candidats aux élections provinciales aux enjeux du transport adapté en région. Il souhaite que leur soutien contribue à améliorer la situation.

Un avis partagé par Valérie Deschênes. « C’est un sujet important. Nous sommes en élections et nous posons des questions aux candidats pour faire valoir l’importance de ce problème », ajoute-t-elle.

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Publié le 14 septembre 2022
Par Gabriel Poirier