Une grève des chauffeurs de taxis accessibles perturbe le transport adapté à Montréal

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Durement affectés par la hausse du prix de l’essence et du prix d’achat de leur véhicule, des chauffeurs de taxi offrant du transport adapté ont entamé vendredi une grève de quatre jours qui risque de toucher des « milliers » d’usagers de la Société de transport de Montréal (STM).

En raison d’une grève entamée vendredi, qui se poursuivra jusqu’à lundi, la STM refuse toutes les nouvelles demandes de déplacements par transport adapté pour cette période, à l’exception de celles reliées à des « consultations médicales ». Des retards importants sont par ailleurs à prévoir pour les déplacements déjà réservés, qui sont toutefois maintenus.

Selon le directeur général du Regroupement des usagers du transport adapté et accessible de l’île de Montréal, Serge Poulin, cette grève prend « en otage » des « milliers » d’usagers du transport adapté de la STM. Selon le dernier rapport annuel de la société de transport, celle-ci comptait 28 250 usagers actifs du transport adapté l’an dernier. « Pour nous, c’est inacceptable. »

« Ça a des effets dévastateurs », enchaîne M. Poulin, qui souligne que les activités sociales, voire les déplacements au travail de nombreux usagers du transport adapté seront compromis par cette situation.

La présidente du Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec, Linda Gauthier, sera d’ailleurs personnellement touchée par cette grève. La dame, qui se déplace en fauteuil roulant, doit se rendre demain soir à LaSalle à partir du Plateau-Mont-Royal pour un souper organisé par ses proches pour son anniversaire, mais les retards prévus pour son trajet réservé en transport adapté la forcent à revoir ses plans. Elle envisage maintenant d’emprunter trois lignes de bus différentes pour se rendre à sa destination.

« On est pas mal laissés à nous-mêmes », déplore Mme Gauthier.

« À la croisée des chemins »

Ce moyen de pression, piloté par un regroupement de chauffeurs de taxi qui offrent du transport adapté, survient dans un contexte où le coût des véhicules de grande taille a explosé dans les derniers mois, tout comme le prix de l’essence. Les chauffeurs demandent donc que les taux horaires qui leur sont offerts pour les tournées effectuées soient rehaussés en conséquence.

« Ça fait 29 ans que je suis dans cette industrie, et je n’ai jamais vu ça », indique au Devoir le président de Taxi Para-Adapté, Yung Cuong, qui a vu plusieurs de ses chauffeurs offrant du transport adapté quitter le navire dans les derniers mois. « On a perdu 30 à 40 % des effectifs. »

« L’industrie du transport adapté est à la croisée des chemins », prévient ainsi M. Cuong, qui espère que la STM et le ministère des Transports du Québec seront à l’écoute des demandes des chauffeurs pour remédier à cette situation.

À la STM, on assure au Devoir que des discussions sont en cours avec les fournisseurs de l’industrie du taxi « pour régler ces différends ».

« Historiquement, le transport adapté de la STM a toujours eu des relations harmonieuses avec l’industrie du taxi. Cette relation est notamment basée sur le partage d’une sensibilité commune de l’importance de maintenir les déplacements de la clientèle du transport adapté », ajoute la STM, qui encourage « les clients qui le peuvent et qui le souhaitent [à] utiliser le réseau régulier » de la société de transport pendant cette grève.

Ce ne sont toutefois que 19 des 68 stations de métro de la STM qui sont munies d’ascenseurs, et donc accessibles universellement.

Publié le 09 juillet 2022
Par Zacharie Goudreault