Une mobilisation pour le transport adapté freinée par manque de transport

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Excédées de voir le Service de Transport Adapté de la Capitale (STAC) se détériorer, des personnes handicapées de Québec comptent se faire entendre au conseil d’administration du RTC, mercredi soir. Mais, ironiquement, plusieurs ne pourront pas s’y rendre, faute de transports adaptés disponibles.

Délais interminables, retards constants, transports refusés et stress constant. Le STAC ne cesse de décevoir les utilisateurs du service, qui en sont souvent complètement dépendants. «Même si on voulait se revirer de bord et trouver d’autres solutions, on ne pourrait pas, il n’y en a pas d’autres!» s’exaspère Marie-Michèle Thériault.

Mère de deux enfants handicapés et elle-même à mobilité réduite, elle a vu «presque en direct» l’offre de service du STAC s’effondrer. «J’ai toujours été là pour aller au front, et ce sera encore le cas.» Mercredi soir, elle compte se rendre au conseil d’administration du Réseau de Transport de la Capitale (RTC), pour dénoncer la «perte de liberté» vécue par les utilisateurs.

Mais si à une autre époque elle était accompagnée d’une quarantaine d’autres personnes pour revendiquer un meilleur service, cette fois risque d’être bien différente. «On ne sait vraiment pas combien de monde va être capable de venir et de se réserver un transport, laisse-t-elle tomber, relevant l’ironie de la chose.

Le conseil d’administration, qui se déroule de 17h30 à 19h30 à l’édifice Andrée P. Boucher de Sainte-Foy, tombe en pleine heure de pointe. «Les transports sont pas mal pleins à cette heure-là. Les gens reviennent de l’école, sortent du travail, explique Mme Thériault. On n’est pas sûr que tout le monde aura de la place pour se déplacer…»

Le directeur du Regroupement des organismes de personnes handicapées de la région de la Capitale-Nationale (ROP03), Olivier Collomb d’Eyrams, confirme. Bien qu’il ait lancé un appel à la mobilisation à son réseau, il craint que plusieurs ne puissent se mobiliser pour le transport adapté en personne, faute de transport adapté adéquat. 

«Normalement, les gens n’ont qu’à sauter dans une voiture et s’y rendre, mais mobiliser des personnes handicapées, ce n’est pas la même chose. C’est bien différent, et c’est beaucoup plus de logistique», indique M. Collomb d’Eyrams.

Dans tous les cas, en personne ou pas, les utilisateurs du STAC comptent bien se faire entendre. «Il y a un formulaire qui sera mis en ligne pour poser des questions au conseil», souligne le directeur du ROP03, invitant tous les usagers ne pouvant pas se déplacer à l’utiliser, et à appeler leurs élus.

Et sinon, ils seront au moins quelques représentants à jouer le rôle de porte-voix.

Un service qui se détériore

«Avant, on était considéré comme la ville avec le meilleur service de la province, témoigne Marie-Michèle Thériault. Montréal nous enviait, tout le monde voulait être comme nous.»

Mais ce n’est plus le cas. Depuis quelques années, mais surtout depuis quelques mois, les usagers du service paient le prix de la pénurie de main-d’œuvre. «Mais la pénurie, le RTC la connaît depuis longtemps. Ce n’est vraiment plus une réponse pour nous. Il faut absolument qu’ils nous dévoilent leur plan d’action, milite-t-elle. C’est littéralement vital pour nous!»

Vendredi, dû au manque de personnel, le réseau a annoncé des bris de service sur certaines lignes, mais également que les usagers du STAC devant se déplacer à des fins «essentiels», soit ceux pour motifs médicaux, de travail ou d’études, seront priorisés.

«Et ça, ça n’inclut pas de manger, s’indigne Marie-Michèle. On fait quoi? Crever de faim?» questionne-t-elle. «Samedi, une amie que je n’ai pas vue depuis longtemps et moi on voulait aller prendre un café. Même en le demandant à l’avance, on s’est fait refuser notre transport. Ça n’arrivait jamais avant.»

Si le STAC a déjà été un outil de liberté pour elle, aujourd’hui c’est tout le contraire. «C’est du stress, de l’anxiété. Avant, c’était agréable, souffle la dame. Mais ne vous inquiétez pas, je vais continuer à être de toutes les luttes.»

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Publié le 07 septembre 2022
Par Simon Carmichael