Troubles musculosquelettiques, fatigue, brûlures… Le freinage avec un fauteuil roulant manuel rime souvent avec galère. Face à ces difficultés, la start-up « Eppur » a inventé un système de freinage adapté, Dreeft, primé au concours Lépine 2023.
Des mains qui chauffent, parfois qui brûlent. Des bras et des épaules fortement sollicités. C’est le lot commun de 370 000 Français, utilisateurs d’un fauteuil roulant manuel, à chaque freinage. En effet, les concepteurs n’ont pas encore nativement intégré des freins, alors que les vélos en sont obligatoirement équipés. Face à ce constat, Colin Gallois imagine en 2016 la solution qui pourrait faire la différence. Le jeune homme, alors ingénieur en mécanique à l’Université de technologie de Compiègne, croise la route d’une personne en situation de handicap qui manque de perdre le contrôle de son fauteuil dans une pente. Un chiffre achève de le convaincre ; l’ingénieur en herbe apprend que 35 % des personnes paraplégiques présentent des troubles musculosquelettique (TMS) au niveau de l’épaule après six mois d’utilisation d’un fauteuil roulant.
« Un système de freinage innovant »
Avec son associé Lancelot Durand, lui aussi ingénieur, il fonde une start-up, « Eppur » et mûrit le concept de « Dreeft », un « système de freinage innovant ». L’idée ? Fabriquer une paire de roues adaptables, inspirée des moyeux à rétropédalage des vélos hollandais. Elle remplace les roues d’origine et permet d’actionner le frein en tirant légèrement la main courante vers l’arrière. « Ce système permet ainsi à n’importe quel utilisateur, quel que soit son fauteuil, sa pathologie ou son âge, de ralentir ou de s’arrêter sans se brûler les mains et avec cinq fois moins d’efforts », promettent les concepteurs. Néanmoins, il faut s’assurer de la compatibilité du fauteuil, avec une notice disponible sur le site de la marque.
En lice pour le concours Lépine 2023
Fabriqué près de Bordeaux, le dispositif est ensuite assemblé près de Lille dans l’une des usines de vélos du groupe Décathlon. Eppur collabore désormais avec une centaine de distributeurs de dispositifs médicaux et vient d’être sélectionné pour participer à la 122e édition du concours Lépine, dont les résultats seront publiés le 8 mai 2023 au soir. Pour se procurer « Dreeft », il faudra débourser 1 999 euros, non remboursés par la Sécurité sociale (bien que l’entreprise ait entamé des démarches en ce sens). En attendant, il est toujours possible de solliciter une aide auprès de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). « Certains de nos utilisateurs ont déjà bénéficié d’une prise en charge par leur MDPH de rattachement », précise la société.