La signalisation nébuleuse sur une rue du Plateau, en chantier depuis plus d’un an pour être convertie en vélorue, cause de l’incompréhension chez plusieurs usagers.
Le tout nouveau concept d’aménagement censé améliorer la cohabitation entre les cyclistes et les automobilistes est loin d’être clair.
La vélorue sur Saint-André, qui s’étend de Cherrier à Laurier, est la première du genre à Montréal. Des saillies de trottoirs ont été construites et la voie du centre se veut une zone partagée où les cyclistes ont la priorité.
Même si sa construction n’est pas terminée, deux tronçons complétés permettent déjà de tester l’aménagement.
Mais pour plusieurs usagers, comme Elias Chavez, le concept demeure confus.
« Je vois le signe au milieu de la rue et c’est pas super clair ce que ça veut dire », explique l’automobiliste, qui emprunte régulièrement la rue Saint-André.
« Récemment, j’ai vu un livreur en camion se fâcher contre un cycliste sur la rue », ajoute-t-il.
Cohabitation ratée
Toute cette belle « cohabitation entre vélos et autos », le cycliste Étienne Hétu-Gossard n’y croit pas une seule seconde.
« C’est basé sur le fait que les gens vont être bons et obéissants, ce qui n’est aucunement le résultat sur les routes », regrette ce résident du Plateau, qui m’a accueilli dans l’atelier de vélos où il travaille, au coin d’une des sections terminées de la vélorue.
« [Les automobilistes] vont pousser les bikes dans le cul, ils vont les forcer à se tasser sur le côté, c’est des choses que j’ai vécues ou que j’ai vues », indique M. Hétu-Gossard, qui suggère à la Ville d’installer des panneaux lumineux, des pancartes explicatives ou plus de marquage au sol.
Un beau potentiel
Pour l’instant, on n’y aperçoit que quelques panneaux jaunes avec un pictogramme de vélo et de voiture, ainsi qu’un marquage au sol à moitié effacé… Ce n’est pas clair.
De son côté, la Ville de Montréal affirme être en train de compléter un plan de signalisation qui devrait voir le jour d’ici la fin de l’année.
La vélorue sur Saint-André n’est pas parfaite, loin de là, reconnaît Magali Bebronne, chargée de programme pour Vélo Québec. Si le concept est bien pensé, il peut devenir « extrêmement agréable », d’autant plus que l’administration de la mairesse de Montréal Valérie Plante et l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie ont indiqué vouloir multiplier l’initiative sur plusieurs autres rues.
Mme Bebronne cite en exemple Vancouver, en Colombie-Britannique, qui a créé un réseau important de vélorues où le débit de voitures est surveillé. Une fois qu’une masse critique de cyclistes les utilisent, c’est beaucoup plus facile de faire respecter les bons comportements.
L’experte en urbanisme Danielle Pilette juge qu’il aurait été préférable de restreindre la circulation automobile aux véhicules d’urgence.
« Sinon, la cohabitation [entre cyclistes et voitures] est toujours difficile et relativement risquée », conclut-elle.