Sécurité des piétons à Montréal

D’’après le dernier bilan statistique de la sécurité routière du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), la sécurité des piétons dans la métropole s’est détériorée au cours des neuf premiers mois de 2022, avec une augmentation de 56 % des blessures graves et de 11,5 % des blessures légères par rapport à la même période de l’année précédente. Il est toutefois important de rappeler que l’année 2021, marquée par la pandémie (couvre-feu, confinement, télétravail, etc.), avait vu un bilan piéton plus favorable que les années précédentes.

La répartition des accidents impliquant des piétons et des automobilistes est inégale d’un arrondissement à l’autre. Par exemple, le Plateau-Mont-Royal et Saint-Laurent ont une population équivalente, mais un nombre différent de collisions ayant entraîné la mort ou des blessures graves (respectivement 6% et 35%), ou légères (2 fois plus sur le Plateau qu’à Saint-Laurent). Au demeurant, Saint-Laurent représente 5% de la population de l’île de Montréal et 15% des blessures graves de la métropole. En revanche, les deux secteurs qui comptent le plus grand nombre de piétons légèrement blessés sont le centre-ville et Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension. Finalement, le Sud-Ouest et Verdun ne comptent aucun accident mortel ou grave, et peu de piétons légèrement blessés, malgré une forte présence de déplacements en transport actif.

La hausse du nombre de voitures et la vitesse sont les deux principales raisons à l’origine des collisions entre piétons et automobilistes. En effet, la vitesse augmente le risque de décès des piétons impliqués dans des accidents : une personne percutée à 50 km/h a seulement 25% de chances de survie, contre 90% à 30 km/h.

Cependant, le vieillissement de la population et l’augmentation de la taille des véhicules pourraient être les principaux facteurs expliquant l’augmentation du nombre de piétons légèrement ou gravement blessés lors d’accidents de la route. En effet, une personne âgée a plus de risque d’être blessée lors d’une collision qu’une personne plus jeune, et la proportion de VUS et de camions légers sur la route a augmenté ces dernières années.

Mesures d’apaisement de la circulation

Pour améliorer la sécurité des piétons et réduire les risques de collision, des mesures d’apaisement de la circulation sont suggérées par Piétons Québec et le Laboratoire piétons et espace urbain de l’INRS :

  • Limiter la vitesse à 30 km/h sur plus de segments de rue à proximité des écoles, et réduire la vitesse autorisée dans les quartiers.
  • Mettre en place des infrastructures (dos d’âne, aménagements paysagers, etc.) devant les écoles et dans les quartiers résidentiels, ainsi que des dispositifs de régulation de la vitesse (afficheurs de vitesse, radars avec caméra pour envoi de contraventions, etc.).
  • Installer des saillies de trottoirs, pour ralentir la vitesse des véhicules, réduire les temps de traversée pour les piétons et les rendre plus visibles aux yeux des conducteurs.
  • Réduire la largeur des artères (rues qui ont des fonctions de transit), car une rue moins large incite les conducteurs à réduire leur vitesse.

L’interdiction totale des virages sur les feux pour piétons n’est, quant à elle, pas recommandée, car la littérature indique que les systèmes de feux de circulation partiellement protégés sont plus efficaces pour la sécurité des piétons. En effet, les systèmes totalement protégés, qui semblent pourtant plus sécuritaires pour les piétons en interdisant le mouvement des véhicules pendant la traversée, entraînent un allongement du cycle des feux de circulation, et donc d’une attente prolongée, ce qui peut provoquer des comportements à risque.

Actions à Montréal

Le 23 janvier, le conseil municipal de Montréal a adopté une déclaration visant à accélérer la mise en place d’actions pour améliorer la sécurité des piétons, des cyclistes et de tous les utilisateurs de la route à Montréal.

Ahuntsic-Cartierville

L’administration municipale avait en outre déjà annoncé que cette année, environ 50 établissements fréquentés par les enfants, tels que des écoles et des garderies, ainsi que deux parcs, seront sécurisés. Une autre initiative visera à sécuriser les abords des lieux fréquentés par les personnes aînées.

Dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, l’Association pour la mobilité active Ahuntsic-Cartierville (AMAAC), quant à elle, propose la réalisation de rues-écoles, c’est-à-dire des tronçons de rue bordant une école, fermées à la circulation automobile de façon temporaire ou permanente. Les rues-écoles visent à rendre les abords des écoles plus sécuritaires en incitant les parents et les enfants à favoriser des modes de transport actifs comme la marche ou le vélo.

Action gouvernementale

Le 6 février, la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, a confirmé qu’un plan d’action bonifié en matière de sécurité routière sera mis en place prochainement afin de renforcer la sécurité des piétons et des usagers de la route, quel que soit leur mode de déplacement. Le gouvernement souhaite assurer et améliorer la sécurité, que ce soit par la sensibilisation ou par l’amélioration des infrastructures de transport actif.

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Publié le 28 janvier 2023